Un affaissement de la route et des fissures ont été localisés au niveau de la montagne du village Bessié, à une dizaine de kilomètres de Sembé, sur l’axe Ketta-Djoum.
Certaines fissures, très larges et profondes, menacent de couper la route d’intégration sous-regionale qui relie le Congo et le Cameroun. Selon un proche du dossier, le ministre Jean Jacques Bouya, dans sa volonté de voler, aurait soustrait 16 milliards sur les 39 correspondant au Congo. Il a pour l’occasion choisit des sociétés moins bavardes à l’instar de la malienne Cira au lieu de la française Egis. Aussi, Synohydro qui a construit la route est spécialisée dans la construction des barrages hydroélectriques. Bouya, toujours et encore Bouya !
Selon un témoin oculaire, un grumier qui avait tenté d’y passer a failli se retrouver dans le ravin. Conséquence, le trafic a été suspendu aux véhicules poids lourds, désormais immobilisés à une barrière érigée au village Demeyong, à 5 km de Bessié.
Inaugurée en février 2020 par le président Denis Sassou Nguesso, dont un tronçon en 2016, cette route a été construite par la chinoise Sinohydro Tianjin, une société plus spécialisée dans la construction des barrages hydroélectriques en Afrique (Imboulou au Congo, Adjarala au Benin-Togo, au Kenya…). Elle a dû diversifier ses activités pour s’inviter dans la construction des routes au Congo, Benin…
S’il est possible que les chinois n’ont pas mieux calibré le dosage des matériaux en zone ombrophile, pourquoi la malienne Cira, société chargée du contrôle technique des travaux, n’a t-elle pas décelé ces imperfections ? Pourquoi le gouvernement congolais, à travers le ministère de l’aménagement du territoire, a retenu Sinohydro Tianjin, au terme d’un appel d’offres, en lieu et place d’une chinoise ou autre société mieux outillée, et pourquoi, enfin, avoir jeté son dévolu sur Cira, au lieu de la française Egis dont l’expertise est connue des autorités congolaises?
Il convient de signaler que le projet de la route Congo-Cameroun a été cofinancé, à hauteur de 80%, par la Bad, l’Agence japonaise de la coopération internationale(Jica), la Bdeac et l’UE. Le Cameroun et le Congo supportent, chacun en ce qui le concerne, 20% du financement.
Selon la répartition du financement, le Congo devrait contribuer à hauteur de 39 milliards contre 10 pour le Cameroun. Une aubaine pour Bouya de choisir sans appel d’offres des sociétés peu regardantes avec lesquelles il deal depuis. En détournant les 16 milliards de cfa sur les 39, Bouya a encouragé indirectement la chinoise Syno hydro a bâclé le travail et la malienne Cira de fermer les yeux sur le contrôle.
Longue de 143 km et construite par l’entreprise chinoise, Sinohydro Tianjin Engineering Corporation, cette route est un segment de la phase 2 de l’axe Ketta-Djoum qui s’étend 503 km, dont 312 km côté Congo et 191 km au Cameroun. Une fois inaugurée, le Congo aura rempli son cahier des charges. En effet le premier module de cet axe, la section Ketta-Biessi-frontière Cameroun, avait été inauguré en 2016.
Côté Cameroun, les travaux requis sur les 191 km ne sont pas encore achevés. L’axe Ketta-Djoum est un projet intégrateur dont le coût des travaux est estimé à 249 milliards FCFA (~420 millions de dollars). Il s’agit d’une portion essentielle de la transnationale Cameroun-Congo qui devrait relier Yaoundé à Brazzaville.
Elle est cofinancée par la Banque africaine de développement (BAD), l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), l’Union européenne (UE), la Banque de Développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) et les deux gouvernements.
Selon la BAD, ce projet routier revêt un caractère régional structurant, car il constituera l’un des principaux maillons du corridor alternatif à l’axe Windhoek-Tripoli pour relier la République centrafricaine au Cameroun, puis au Gabon vers le sud, et assurer l’interconnexion avec la route Brazzaville-Pointe-Noire au Congo.