La Concertation de Madingou est contraire à l’esprit de la constitution

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Il y’a trois (3) jours, le Ministre de l’intérieur Raymond Zéphirin Mboulou a annoncé lors d’une rencontre avec les responsables politiques, la tenue d’une concertation politique au mois de novembre 2020 à Madingou.




On voit bien derrière cette prise de décision hâtive, la volonté de ce pouvoir françafricain de répondre de façon anticipée aux interrogations du Ministre Français des affaires étrangères qui fera le voyage de Brazzaville cette semaine.

En effet, lors de ses voyages successifs à Paris, M. Sassou Nguesso avait fait la promesse au Président Français Emmanuel Macron, d’organiser un dialogue national avant l’élection présidentielle de 2021.

Aussi, il est maladroit et presque malhonnête d’affirmer que la concertation n’empiète pas sur le dialogue national puisqu’il y est prévu de débattre des questions inhérentes à l’élection présidentielle, un sujet d’intérêt national comme le stipule l’article 228 de la constitution de 2015 : « Le Conseil National du Dialogue est un organe de concertation, d’apaisement et de recherche du consensus entre les forces vives de la nation, sur les grands problèmes politiques d’intérêt national ».




Si l’on s’en tient à la constitution de 2015, la concertation de Madingou est donc anticonstitutionnelle.

Nous savons très bien que depuis que M. Martin Mbéri, le secrétaire permanent du Conseil national du dialogue a rencontré l’émissaire des Nations Unis contre l’avis de M. Sassou Nguesso, ce dernier a mis le couvert sur cette institution qui était pourtant dédiée aux rencontres politiques qui permettraient de trouver des compromis.

On comprend mieux pourquoi le pouvoir a garrotté M. Hugues Ngouélondélé et Jean de Dieu Kourissa, deux zélateurs serviables du pouvoir qui avaient l’ambition, contrairement aux vœux des illuminés du régime, de faire la promotion du vivre ensemble.

Pourquoi aller à la concertation de Madingou alors que le pouvoir n’a jamais mis en pratique les résolutions prises lors des précédentes concertations ?

Si le pouvoir souhaite donner des gages de sa bonne foi, il devrait libérer André Okombi Salissa, Jean Marie Mokoko ainsi que tous les prisonniers politiques.  Si ce n’est pas le cas, alors cela ne poserait de problème à personne que des membres du bureau politique et ceux du comité central du PCT se retrouvent seuls à Madingou pour rédiger des motions de soutien au camarade Sassou Nguesso comme à leur habitude.




Tant que la classe politique congolaise sera essentiellement composée d’un personnel politique (majorité comme opposition) qui préfère le militantisme niais à la compréhension et la prise en compte des enjeux nationaux, notre pays restera éternellement dans les bas-fonds des classements mondiaux en termes de libertés et de bien-être pour les citoyens.

Comme disait Emile Zola « lorsque l’avenir est sans espoir, le présent prend une amertume ignoble ». Oui, le Congo d’aujourd’hui est un pays gouverné par le hasard et les coïncidences, aucun espoir n’est donc permis.

A l’image d’un poisson mort qui va toujours dans le sens du courant, tant que l’opposition continuera à faire des yeux de merlan frit à ce pouvoir irresponsable, la démocratie restera un vœu pieux dans notre pays.

Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen