Éthiopie: poursuite des combats au Tigré, menace d’extension du conflit

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En Éthiopie, les combats continuent au Tigré sans que l’on puisse savoir exactement où ils se situent car les télécommunications sont toujours coupées dans l’ensemble de la province. Cela fait désormais 45 jours que le Premier ministre Abiy Ahmed a lancé son offensive. Une opération qu’il estime terminée bien qu’aucun des leaders du parti du tigréen TPLF n’ait été arrêté pour le moment.




Dans ce conflit, Abiy Ahmed peut compter sur le soutien des forces érythréennes, même si Asmara dément être investi sur le terrain. Il reçoit également un important soutien de la part des milices et des forces spéciales de la région Amhara, qui borde le Tigré. Les Amharas, seconde plus grande communauté en Éthiopie, ont repris des territoires qu’ils revendiquaient au Tigré. Ils aimeraient désormais mettre la main sur d’autres terres en Éthiopie.

Composition ethnique complexe

Une opération militaire pourrait donc en cacher une autre en Éthiopie. Le conflit n’est pas encore terminé au Tigré que déjà les responsables de la région Amhara réclament une offensive similaire dans l’état voisin du Benishangul Gumuz. Cette province d’un million d’habitants à la composition ethnique complexe est le théâtre d’affrontements intercommunautaires qui ont fait des centaines de morts et des milliers de déplacés ces derniers mois.




Un officiel de la province Amhara demande, « d’ouvrir le second chapitre de la lutte dans le Benishangul Gumuz ». Dans son viseur, toujours le parti tigréen TPLF qu’il suspecte d’être l’instigateur de ces violences. Il vise surtout des membres des ethnies Berta et Gumuz, majoritaires dans la région, qu’il qualifie de « suceurs de sang » et de « cannibales ». Il les accuse de tuer la minorité amhara, qui selon lui « les aurait pourtant éduqués et aurait modernisé leur civilisation ».

Un casse-tête

Une rhétorique agressive à laquelle ont répondu les autorités du Benishangul Gumuz, qui ne reculeront pas devant ce qu’elles qualifient de « menaces et d’intimidations ». L’escalade entre les dirigeants des deux provinces est un casse-tête pour le Parti de la prospérité, créé par Abiy Ahmed, et dont l’objectif affiché est de faire primer le sentiment national éthiopien sur les différences ethniques.