Brazzaville célèbre les 140 ans de sa fondation

0
2868




La cérémonie organisée le 3 octobre au Mémorial Pierre-Savorgnan- de- Brazza (MPSB) a été marquée par : le rituel traditionnel sous l’autorité de la reine Ngalifourou ; la conférence scientifique sur l’histoire de la création de Brazzaville ; puis un vernissage illustrant les étapes de l’urbanisation de Brazzaville pour commémorer les 14 ans du Mémorial PSB.





La célébration des cent quarante ans de la fondation de la ville de Brazzaville s’est déroulée en présence des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques, et de la reine Ngalifourou, invitée spéciale de la directrice générale du mémorial.La cérémonie proprement dite a débuté par le rituel exécuté par les notables de Mpila sous l’autorité de la reine Ngalifourou. Ce rituel a consisté à bénir le Congo et son président, Denis Sassou N’Guesso, qui depuis 2006 a fourni beaucoup d’efforts pour l’érection du Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza ; un joyau qui continue à pérenniser l’histoire de l’amitié entre Brazza et Makoko. Outre la bénédiction du Congo et de son président, le rituel a consisté également à bénir la directrice du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, Bélinda Ayessa, qui depuis 2006 ne ménage aucun effort pour l’entretien de ce site qui devient un site touristique et culturel, haut lieu de l’histoire du Congo.




A l’issue de ce rituel, la reine Ngalifourou a remis à la directrice générale du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza un pagne en raphia, signe de reconnaissance et de fierté du travail que ne cesse de fournir Bélinda Ayessa.

Prenant la parole pour son mot de circonstance, la directrice générale du Mémorial a rappelé qu’après avoir célébré, ici même, il y a quelques jours, le souvenir de la rencontre mémorable entre le Makoko Iloo 1er et Pierre Savorgnan de Brazza, « nous voici à nouveau réunis, pour commémorer la fondation de Brazzaville, le 3 octobre 1880. Car voici 140 ans, que s’érigea, ici même où nous nous trouvons, à cet endroit précis petitement, à partir d’une bourgade, Mfoa, les bourgeons d’une urbanité future ; 140 ans, que se tracèrent les routes d’une épopée qui constitue aujourd’hui le précieux trésor d’une histoire, la nôtre, au milieu d’autres récits, qui font l’histoire de notre pays ; 140 ans, dis-je, que Savorgnan de Brazza, après avoir reçu du Makoko Iloo 1er l’hommage d’un accueil inoubliable, décida de planter sa tente », a déclaré Bélinda Ayessa.




La directrice générale du Mémorial a rendu également un hommage à Sa Majesté la reine Ngalifourou et les membres de la famille royale, venus spécialement de Mbé. « Sa Majesté, je voudrais, moi aussi, vous exprimer toute ma joie et toute ma reconnaissance de vous accueillir parmi nous, comme représentante de la cour royale de Mbé et comme envoyée spéciale du Makoko. Avec humilité et respect, je vous prie de porter au Makoko notre message de profonde gratitude et d’attachement filial. Il est l’héritier d’une longue lignée qui nous garantit continuité et transmissibilité de la richesse de votre culture, de notre culture. »

Histoire de la création de Brazzaville

Dans son exposé modéré par le Pr Joachim Gomathéthé, le Pr Joseph Itoua, a souligné que les villes africaines, telles qu’on les connait aujourd’hui sont apparues avec la colonisation européenne, au XIXè siècle. De simples postes administratifs ou militaires au départ, elles sont devenues de grandes agglomérations abritant toutes les structures nécessaires au bon fonctionnement de l’administration coloniale, puis de celle des États indépendants.

Cette communication intitulée « Histoire de la création de Brazzaville » s’est intéressée particulièrement à la ville de Brazzaville, de sa naissance à sa désignation comme capitale de la République du Congo. Elle est une contribution à la connaissance de l’histoire de cette ville, histoire connue de peu de gens. Pour ce faire, le Pr Joseph Itoua, a commencé d’abord par préciser le cadre juridique à partir duquel cette ville a été créée, ensuite il a évoqué le choix de son emplacement, enfin sa désignation comme capitale de l’Afrique équatoriale française (AEF), puis de la République du Congo.

Quant au cadre juridique grâce auquel Brazzaville a été créée, le traité est signé, le 3 octobre 1880 à Ntamo (où Stanley Pool) entre Pierre Savorgnan de Brazza, au nom du gouvernement français, et Ngaliema, au nom de Makoko, roi des Tékés. Ce traité signé lors du deuxième voyage de l’explorateur français cède à la France le territoire situé entre les rivières Tsiémé et Djoué. Celui-ci comprend quatre hameaux : Impila, Mbama, Okila et Mfoa où un poste est installé. Toutefois, il restait à trouver un emplacement. C’est le 1er juillet 1881 que, pour manifester la volonté d’occuper définitivement le territoire, le poste fut baptisé Brazzaville, par la société de géographie et le comité français, bien avant que la ville ne soit construite.

Par ailleurs, il fallut attendre le troisième voyage de De Brazza pour que soit érigée la ville de Brazzaville. Ainsi donc, le 30 avril 1884, deux des compagnons de Pierre Savorgnan de Brazza, Noël Ballay et Charles de Chavannes se mirent en quête d’un emplacement convenable. Le plateau de Bacongo fut retenu ; mais l’endroit, situé à la naissance des rapides rendant impossible la construction d’un port accessible aux bateaux, fut délaissé. L’emplacement définitif fut fixé à un village situé sur une vaste plaine s’étendant, au-delà de Mfoa, sur 4km, le long du fleuve.

L’exposant du jour, le Pr Joseph Itoua, a abordé aussi l’aspect sur l’évolution coloniale (ou moderne) de la cité de Brazzaville ; Brazzaville, siège de l’Afrique équatoriale française (AEF) et de la France libre ; Brazzaville, une mairie du Moyen-Congo, et Brazzaville, capitale de la République du Congo, ont fait l’objet de l’exposé du Pr Joseph Itoua. Pour l’exposant, la capitale du Congo-français, Brazzaville est devenue la capitale de l’AEF, grâce au décret du 15 janvier 1910 qui modifie l’organisation administrative du Congo-français.

Un vernissage commémorant les 14 ans du Mémorial Savorgnan-de -Brazza

S’agissant de la célébration des quatorze ans du Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, pour sa directrice générale, Bélinda Ayessa, parler de la fondation de Brazzaville, c’est inexorablement faire le rappel des festivités qui ont aussi ponctué l’histoire de Brazzaville. Beaucoup, a-t-elle indiqué, se souviennent du 3 octobre 1980. Cette année-là, Brazzaville brilla de mille feux pour marquer le centenaire de sa fondation. Dans ce même élan, fut érigé vingt-six ans plus tard, le 3 octobre 2006, au lieu même où fut fondée Brazzaville, un mémorial qui porte tout à la fois l’hommage au fondateur de la ville capitale et la reconnaissance de son humanisme. Elle a profité de l’occasion pour rendre la gratitude solennelle au président Denis Sassou N’Guesso, qui initia et réalisa ce projet mémoriel pour l’histoire du Congo, pour la postérité.

« Que de chemins parcourus depuis ce 3 octobre 2006, que de débats didactiques menés depuis quatorze ans pour expliquer et encore expliquer la place et le sens de ce lieu. Aujourd’hui, le Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza est devenu plus qu’un lieu d’attraction, il se présente au public comme un lieu de ressourcement culturel », a déclaré Bélinda Ayessa.

Si en ce cent-quarantième anniversaire de la fondation de Brazzaville il a été choisi de revisiter l’histoire en écoutant le Pr Joseph Itoua, cela allait de soi qu’en ce quatorzième anniversaire du Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza la direction générale de cet espace opte pour un vernissage illustrant les étapes de l’urbanisation de Brazzaville, ce qui parait plus que nécessaire.