Fin de campagne ce vendredi 6 janvier à minuit pour les sept partis qui briguent les 109 sièges de l’Assemblée nationale à pourvoir. Paul Hounkpe, secrétaire exécutif des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), l’autre force se réclamant de l’opposition, a tenu un de ses derniers grands meetings, hier, jeudi, dans son fief la commune de Bopa, à plus de 100 km de Cotonou. Nommé chef de file de l’opposition en mai 2021 après les scrutins contestés des municipales et de la présidentielle, son statut n’est pas reconnu par les autres. Les enjeux du vote sont importants pour lui. Le champion de Lobogo a donc soigné la mise en scène de son arrivée.
Paul Hounkpe a tenu son meeting à la gare routière de Lobogo, son village d’origine, écrit le correspondant de RFI au Bénin, Jean-Luc Aplogan : caravane, tam-tam et un maître de cérémonie pour chauffer la place. Les affiches avec le symbole cauris et son effigie sont partout. Les militants l’ont attendu presque trois heures, et c’est une sirène qui annonce son arrivée.
Paul Hounkpe est ovationné. Il salue la foule comme un prélat. Lobogo s’est mobilisée en témoignent ces réactions : « Paul Hounkpe est un frère à nous, digne du nom. Nous sommes derrière lui pour le soulever pour qu’il nous représente à l’Assemblée nationale » ; « Il est dynamique ! » ; « Je vais voter pour lui. Je vais voter FCBE ! »
« Un parlement du peuple pour le peuple »
La banderole à l’entrée résume l’offre parlementaire FCBE : « Un parlement du peuple pour le peuple ». Et le peuple a déjà sa liste de doléances : « La voie est notre priorité pour le moment. Du travail pour les jeunes, et il est bien placé » ; « le goudron, l’eau et l’électricité » ; « nous les femmes, on a besoin de beaucoup de choses. La route, le courant électrique, tout ! »
La participation des Démocrates change la donne, Paul Hounkpe et son parti ne seront plus la seule force d’opposition dans le match. Au bout, il y a le statut de chef de file de l’opposition à décrocher.
Au Bénin, les derniers scrutins avaient été marqués par de fortes tensions et des violences, en raison de la non-participation de l’opposition. Cette fois, à deux jours du vote, à Savè, commune du département des Collines, l’atmosphère est calme.
Commerces ouverts, routes dégagées, raconte notre envoyée spéciale sur place, Magali Lagrange. À quelques jours des législatives, Savè offre un visage bien différent de celui d’avril 2021 : « Ça se passe bien, il y a du calme. Tout va bien et vraiment, c’est bien bon ! »
Emmanuel Houessou lave une voiture devant une pharmacie, là où un camion barrait la route, avant la dernière présidentielle. Des barrages avaient été érigés là et sur la route menant à Parakou par des manifestants hostiles à la tenue d’un scrutin sans grande figure de l’opposition. L’armée avait été envoyée en renfort, de violents heurts avaient éclaté. Cette fois, du côté de la mouvance présidentielle comme de l’opposition, on espère que cette élection, plus inclusive, fera revenir les électeurs aux urnes. Les partis affirment avoir pu mener leur campagne normalement : « Il y a les caravanes qui passent, il y a l’harmonie entre eux, il n’y a pas de tapage, les gens ne se blessent pas. Comme ils ont permis à l’opposant d’y assister, il y a le calme ! L’ambiance, c’est normal. Chaque parti a dit ce qu’il veut faire, maintenant, c’est à toi de juger ce qui est bon pour toi, et d’aller voter, dans le calme. »
Le calme, la paix. Comme Gilbert, c’est le souhait qu’exprimaient hier plusieurs habitants de Savè, y compris ceux qui affichent leur désintérêt pour le scrutin. Le souvenir des tensions des dernières élections est encore vif. Hier, aucun dispositif sécuritaire particulier n’était visible dans les rues de la ville.