Le VIH-Sida continue de tuer. 650 000 personnes sont mortes en 2021 en lien avec la maladie. C’est certes moins qu’en 2020 mais toujours bien trop élevé par rapport aux objectifs. C’est ce qu’on apprend dans le rapport annuel de l’Onusida, publié ce mercredi 27 juillet. Un rapport très pessimiste quant à l’avenir de la lutte contre la maladie.
« En danger ». Le titre du rapport de l’Onusida annonce la couleur. Ce sont les progrès obtenus après des décennies de lutte contre l’épidémie de VIH-Sida qui sont aujourd’hui menacés. Certes, le nombre de nouvelles contaminations a continué de baisser en 2021, il y en a eu 1,5 million mais cette amélioration est de moins en moins prononcée. Et elle est bien loin des objectifs.
Elle masque également des dynamiques différentes dans le monde. Si l’épidémie continue en effet de décroître en Afrique subsaharienne, elle progresse ailleurs. L’Europe de l’Est, l’Asie centrale, le Moyen-Orient, le Maghreb, l’Amérique latine sont concernés. Et selon les dernières données de l’Onusida, c’est également désormais le cas dans la région la plus peuplée du monde, l’Asie-Pacifique.
L’Afrique toujours l’épicentre de la pandémie
Sur les près de 40 millions de personnes vivant avec le VIH en 2021, plus de la moitié se trouvent en Afrique. Le continent, surtout au sud et à l’est, est toujours l’épicentre de la pandémie : un peu moins de 900 000 nouvelles contaminations y ont été recensées l’an dernier. C’est certes une tendance à la baisse mais bien moins marquée qu’auparavant.
Ces chiffres masquent cependant de grande différences régionales. L’Afrique australe et orientale confirment ce ralentissement de la dynamique mais dans le même temps, l’Afrique de l’Ouest et centrale connaissent des progrès notables, à l’exception cependant du Congo qui enregistre une des plus importantes augmentations du nombre de nouvelles infections depuis 2015.
Comme chaque année, l’agence onusienne dresse le portrait d’une épidémie toujours plus discriminante, qui touche en premier lieu les femmes et les jeunes filles. Une d’entre elle est contaminée toutes les deux minutes dans le monde. En Afrique subsaharienne par exemple, les deux tiers des contaminations l’an dernier ont concerné des femmes ou des adolescentes. Une jeune femme y est deux fois plus susceptible de vivre avec le VIH qu’un homme du même âge.
L’accès au dépistage, aux traitements, ne sont quant à eux toujours pas aux niveaux attendus. Bref, le tableau est sombre. La raison est connue : le manque de financement chronique. L’Onusida le répète d’année en année, et il manque aujourd’hui 8 milliards de dollars pour lutter efficacement contre le VIH. Une situation d’autant plus frustrante que l’on dispose aujourd’hui de tous les outils qui permettraient de venir à bout de l’épidémie.
Une des étapes clé du succès, c’est l’engagement politique au plus haut niveau, durable, constant, avec une priorisation de la réponse au VIH sur l’agenda politique sanitaire du pays.
Fodé Simaga, directeur du département science, systèmes et services pour tous à l’Onusida