Décalé d’une semaine pour des raisons d’ordre administratif et logistique, le rapatriement du corps de la vedette congolaise décédée à Douala, au Cameroun, le 27 décembre 2021, initialement prévu le 4 janvier, aura lieu ce 11 janvier.
Impatients de rendre leur dernier hommage à l’illustre chanteur et fin danseur décédé à quelques heures de son anniversaire ( il aurait soufflé sur sa soixante-troisième bougie le 31 décembre), les Kinois sont enfin fixés sur la date d’arrivée de sa dépouille dans leurs murs. Selon, Radio Okapi, le choix de cette date du 11 janvier est « le fruit du consensus entre le gouvernement, les artistes musiciens et la famille du disparu ».
Le corps de Lulendo Matumona, connu sous son surnom de Général Defao, réclamé par les mélomanes parmi lesquels ces nombreux fans d’autrefois mais aussi les jeunes qui l’ont découvert en personne lors de son retour très médiatisé à Kinshasa en 2019, était déjà attendu. Il faut dire qu’après vingt longues années passées à sillonner le monde, particulièrement l’Afrique de l’ouest, il avait réussi à créer un véritable buzz et avait alors fixé l’opinion sur son prétendu long exil politique balayant cette rumeur.
Du côté des artistes musiciens, son patron des débuts, Pépé Felly Manuaku Waku, qui lui avait donné l’occasion de sortir de son patelin, Inkisi, et de se lancer à partir de la capitale, Kinshasa, lui a rendu un hommage émouvant dans lequel il rappelle cette période. Dépoussiérant ses vieux souvenirs, le fondateur de Grand Zaïko Wawa, dissident de Zaïko Langa Langa dont il était pourtant l’un des co-fondateurs, avec notamment feu Papa Wemba et Jossart Nyoka Longo, le guitariste a pleuré à sa manière le Général Défao. Dans une vidéo postée deux jours après la date fatidique du 27 décembre, il a souligné qu’à ce moment précis, « toutes ses pensées » se portaient aux anciens de son orchestre, ses soldats de la première heure. Il l’a évoqué parlant non sans nostalgie de « cette grande famille que nous formons », citant tour à tour « Shimita, Nzenze, Djo Nickel, Djo L et Ekula Adamo. Mais aussi, Ada Muangisa, Delvis El Salsero, Djeffard, Lidjo Kwempa et Tex Mambote ». Il a aussitôt précisé : « la liste est longue, je n’arriverais pas à citer tout le monde. Néanmoins, sachez que je vous porte tous dans mon cœur de même que tous ceux qui nous ont quittés, Franco, le Grand Maître, parrain de Grand Zaïko Wawa ».
À la suite de cet édifiant prélude, il a raconté les contours de sa rencontre avec le chanteur disparu. Il dit avoir personnellement tiré Defao du gîte familial. « J’étais allé le prendre auprès de ses parents à Inkisi, près de Kisantu. De là, il avait directement atterri au domicile de mes parents à Victoire-Gambela. Il a été connu à partir de l’orchestre Grand Zaïko Wawa, pas un autre. C’est moi qui l’ai fait connaître à travers le Grand Zaïko Wawa, c’est de là qu’il a été connu du grand public, que s’est forgée sa notoriété », a martelé Pépé Felly comme pour lever toute équivoque à ce sujet.
Showman, excellent danseur, chanteur, auteur-compositeur
Pour la petite histoire, le patron de Grand Zaîko Wawa, tenu pour l’une des trois plus grandes guitares congolaises après Dr Nico et Luambo Makiadi, a croisé le chemin de Defao lors d’une tournée de son orchsetre. « J’étais en tournée pour rôder la nouvelle formule de mon groupe avec le soutien de deux producteurs, en l’occurrence Alamoule et Verckys Kiamuangana. Lors du séjour à Kisantu, les fans de la contrée m’ont informé de l’existence d’un jeune chanteur dans le coin, dénommé Fanfan, convaincus qu’il pourrait apporter un plus dans la nouvelle ossature de l’orchestre que je formais », a indiqué le fameux guitariste. Et de renchérir : « Sans hésiter, je l’avais envoyé chercher pour un entretien d’embauche qui s’est avéré concluant. J’avais donné mon aval pour son admission. J’avais alors mandaté mon jeune frère, Michel Matiaba et mon aîné, un de mes producteurs, Alamoule, pour amener Defao d’Inkisi à Kinshasa afin qu’il intègre officiellement mon groupe et commence à y chanter ». Et de témoigner au sujet du tempérament de la star disparue : « Defao était une personne humble. Il n’était pas conflictuel, travailleur et très familier de sorte qu’il s’était bien intégré dans le groupe. Showman, excellent danseur, chanteur, auteur-compositeur. Le fait d’être un artiste voyageant souvent dans le cadre de son métier, la mort pouvait le surprendre partout et à n’importe quel moment. Du reste, personne ne connaît ni le jour, ni l’heure à laquelle il partira ».
En conclusion, Manuaku a soutenu : « Général Defao a apporté un plus à la rumba congolaise ». Et, rappelant le nouveau statut de cette musique qui berce les deux rives du fleuve Congo, il a ajouté : « En ce moment où la rumba congolaise se positionne comme une des valeurs culturelles mondiales, c’est à nous de la valoriser et la pérenniser en transmettant de de bonnes pratiques et valeurs aux générations futures ».
Quitte à rendre un hommage particulier au Général Defao, Pépé Felly a affirmé avoir fait exprès de le réaliser dans une atmosphère musicale. Savoir qu’il ne s’est pas contenté de le faire dans son studio d’enregistrement où est aperçu, d’ailleurs, un certain nombre de guitares. Dans ce cadre feutré, il explique l’air grave : « Je ne peux pas pleurer un collègue, un enfant, un ami, un frère artiste, surtout musicien, sans la musique. C’est la raison de ce fonds musical qui accompagne mon message ».