L’implémentation du logiciel sigfip rencontre d’énormes difficultés. À chaque étape de blocage rencontré dans la migration, les techniciens congolais et un africain parlant la langue de Shakespeare sont obligés d’appeler les indiens à Bombay ou Mumbai.
Pour la petite histoire, la Côte d’ivoire, première puissance économique de la zone FCFA, dont le PIB vient de faire un bond de 38,2%, a dû abandonner le sigfip. Abidjan vient de basculer en mode de budget-programmes en migrant vers le système de l’information budgetaire(SIB).
Le Sénégal, une autre économie performante, utilise le Sigif( système de gestion de l’information financière), qui est une réalisation franco-sénégalaise. Le Gabon a pu « nationaliser » son système de gestion des finances publiques fiables( GFP)…
Nous y reviendrons, coûts de ces projets à l’appui, pour une meilleure comparaison avec le sigfip Congo.
Le petit risque que court le Congo en externalisant la gestion du système informatique de ses finances publiques est l’attaque à la confidentialité. » Des informations jugées sensibles pourraient bien se retrouver entre des mains des créanciers de l’État qui ont pris l’habitude de traîner le pays devant des juridictions internationales », commente un jurisconsulte, spécialiste en droit des affaires. Une bonne source proche du ministère des finances croit savoir qu’il faut minimiser un tel risque, surtout que ce sont des ingénieurs informaticiens congolais qui sont au coeur du dispositif d’implémentation du logiciel.
Au-delà de la complexité à conduire la migration de Sidere en sigfip, le système d’informatisation du ministère des finances devrait bénéficier d’une meilleure sécurité informatique.
Un ingénieur informaticien congolais alerte que des hackers utilisent maintenant des techniques de contournement, sans y parvenir, pour tenter de s’introduire dans la base de données des grandes sociétés ou banques en Europe. Pas sûr, selon son évaluation au Congo, que le ministère des finances dispose d’un tel niveau de sécurité qu’il a vu au Rwanda ou en Côte d’ivoire, par exemple.
L’argentier congolais, Calixte Nganongo, en première ligne dans le vaste chantier d’assainissement des finances publiques, dont l’informatisation des régies financières, devrait redoubler de vigilance en s’attachant les services d’une meilleure expertise en matière d’informatisation des régies financières et de digitalisation des moyens de paiements. Il faut, pour cela, passer à l’évaluation, à mi-parcours, de chaque projet. Et pourtant, le Congo dispose de toute cette expertise sur place, notamment à travers l’Arpce et l’Asci.
Faut-il noter que le système informatique de l’Autorité de Régulation des postes et communications électroniques permet de disposer, en temps réel, au même moment que les opérateurs, des données sur le comportement du marché: le chiffre d’affaires, par exemple. Ce qui facilite la tâche au fisc dans le prélèvement des TVA et autres.
Alphonse Ndongo