Les Etats n’ont pas tenu leurs engagements sur la décennie écoulée pour préserver la biodiversité qui s’effondre brutalement, avertit un récent rapport de l’ONU, publié lors de son assemblée générale qui se tient à New York, alors que l’organisation onusienne est en pleine négociation pour définir un nouveau plan sur la période 2020-2030.
Dans ce rapport, il est fait le constat suivant : entre 1970 et 2016, 68 % de la faune sauvage a disparu, principalement à cause de l’activité humaine. Les écosystèmes sont dégradés, menaçant le genre humain lui-même, qui en dépend pour l’air, l’eau potable, la nourriture.
Réagissant à la publication de ce rapport, le président de la 75e session de l’assemblée générale de l’ONU, Volkan Bozkir, a appelé les Etats à entreprendre une relance verte après la COVID-19, en mettant l’accent sur la protection de la biodiversité.
« Permettez-moi d’être direct : notre existence sur cette planète dépend entièrement de notre capacité à protéger le monde naturel autour de nous », a déclaré ce dernier lors du sommet de l’ONU sur la biodiversité. Une relance verte, avec un accent sur la protection de la biodiversité, peut atténuer ces risques et produire un monde plus durable et plus résilient, a-t-il souligné. Cela peut aider à débloquer 10.000 milliards de dollars d’opportunités économiques, à créer 395 millions d’emplois d’ici à 2030 et encourager une économie plus respectueuse de l’environnement, a-t-il fait valoir.
En 2010, les quelques 190 États membres de la Convention sur la diversité biologique (CDB) de l’ONU se sont dotés d’un plan stratégique à l’horizon 2020 pour sauvegarder la diversité biologique et réduire les pressions humaines. Ces 20 objectifs, dits d’Aichi, ont été passés en revue par la CDB pour mesurer les progrès accomplis et en tirer les leçons pour la suite. Et le bilan est mauvais.
« Au niveau mondial, aucun des 20 objectifs n’a été entièrement rempli, bien que six d’entre eux aient été partiellement atteints », constate l’ONU dans son rapport. Ces objectifs visaient, entre autres, à prévenir l’extinction des espèces menacées, réduire, voire éliminer les subventions publiques contribuant à détruire la biodiversité, gérer de manière durable les stocks de poissons, ou encore réduire les pollutions de plastique par les pesticides et les engrais.
Le rapport recommande des changements de fond dans huit domaines : usage des terres et des forêts, agriculture, système alimentaire, pêche et océans, villes, eau potable, lutte contre le changement climatique et santé. Concrètement, il recommande de conserver ou restaurer des écosystèmes terrestres et maritimes, développer l’agroécologie, réduire le gaspillage alimentaire, avoir une consommation de viande et de poisson modérée, donner de la place à la nature en ville, s’inspirer de la nature pour lutter contre le changement climatique et promouvoir des écosystèmes sains pour la bonne santé des gens.
Le calendrier a été chamboulé par l’épidémie de coronavirus. La 15e réunion de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (COP15), qui devait se tenir en Chine en octobre, a été repoussée à 2021. Le congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), déjà reporté de juin 2020 à janvier 2021, pourrait encore être décalé. Pour autant, il n’est pas trop tard pour agir, si les négociations sont ralenties par la pandémie, elle a néanmoins conduit beaucoup de gens à prendre conscience que quelque chose cloche dans la relation entre nous et le reste de la nature.