Après un mois de colère sociale dans le pays, le président colombien Ivan Duque a ordonné vendredi le déploiement de l’armée dans les rues de Cali, épicentre des manifestations.
Le président colombien a annoncé le déploiement, vendredi 28 mai, de l’armée à Cali. Le chef-lieu du Valle del Cauca, troisième ville du pays, est l’épicentre de la contestation sociale qui dure depuis un mois. « À partir de cette nuit commence le déploiement maximal de l’assistance militaire à la police nationale dans la ville de Cali », a ordonné Ivan Duque qui a présidé un conseil de sécurité dans la ville de 2,2 millions d’habitants.
Au moins trois morts
De nouvelles manifestations ont fait au moins trois morts vendredi dans la ville, dont un enquêteur du parquet de Cali qui a tiré sur la foule, tuant un civil, avant d’être lynché par les manifestants.
Ces trois nouveaux décès portent à 49 le nombre de morts, dont deux policiers, répertoriés par les autorités. L’ONG Human Rights Watch évoque jusqu’à 61 morts.
La mobilisation est inédite dans ce pays qui a longtemps connu la guerre contre les Farc. Tout a commencé le 28 avril avec le rejet d’un projet de réforme fiscale. Mais depuis, le mouvement de contestation s’est élargi.
Gouvernement sourd
Les manifestations touchent toutes les villes et tous les secteurs, rappelle notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf. Les étudiants des universités publiques et privées, les artistes, sont dans la rue. Les jeunes sans emploi, ni futur des quartiers périphériques sont aussi mobilisés. Drapeau colombien sur les épaules, tous exigent la fin des violences policières. Tous rêvent d’un pays plus juste, plus solidaire. Si la journée, les manifestations restent généralement pacifiques, le soir venu, elles se transforment en violentes émeutes.
Le président Ivan Duque, peu porté sur le dialogue, a d’abord traité les manifestants de guérilleros, puis de vandales. Il les accuse aujourd’hui de conduire le pays à la ruine. Les barrages montés sur les routes compliquent en effet la reprise économique du pays et exaspèrent entrepreneurs, producteurs et commerçants. Mais, à en croire un récent sondage, 90% des jeunes continuent de soutenir la mobilisation.