Le soutien du gouvernement canadien au président haïtien Jovenel Moïse, qui devait quitter le pouvoir selon la constitution le 7 février, ne fait pas l’unanimité dans le pays. Un rassemblement a eu lieu ce dimanche 21 mars à Montréal pour dénoncer l’appui des autorités canadiennes à un régime que les manifestants considèrent comme une dictature. Un député de l’opposition va également déposer une pétition qui demande au gouvernement de s’expliquer sur une réunion secrète en 2003 sur le sol canadien entre les représentants de la France, des États-Unis, du Canada, de l’Organisation des États américains. Elle aurait mené à l’éviction du président Jean-Bertrand Aristide l’année suivante.
Contrairement au gouvernement canadien, les principales organisations syndicales du Québec ainsi que plusieurs ONG dénoncent les violations flagrantes de la Constitution et des droits humains qui ont lieu actuellement en Haïti.
Un soutien qui satisfait Frantz André, de la Coalition Solidarité Québec-Haiti. Il constate un intérêt grandissant pour les Haïtiens très impliqués dans les services essentiels durant la pandémie au Québec. « La question de la contribution des anges gardiens, donc des Haïtiens de la société civile, dans tout ce contexte va être là quelque temps, explique-t-il. Donc les étoiles sont peut-être alignées. Haïti a finalement une attention qu’on aurait dû avoir depuis des décennies. »
Pétition pour obtenir des réponses du Canada
Le Bloc québécois, un parti d’opposition, s’implique aussi dans le dossier en déposant une pétition qui concerne une réunion secrète qui se serait tenue sur le sol canadien il y a 17 ans. Objectif : obtenir des réponses du Canada pour savoir s’il s’est allié à la France et aux États-Unis pour diriger les destinées d’Haïti.
« On demande à ce que l’on nous explique clairement ce qui s’est passé, lance le député Mario Beaulieu. Toute la situation en 2003 mais aussi ce qui se passe aujourd’hui. Il y a un manque de transparence du gouvernement fédéral dans ce dossier-là. »
La mobilisation contre la dictature en Haïti continue le 29 mars à Montréal, ainsi que dans une trentaine de villes à travers les États-Unis et l’Amérique du Sud.