Le « pays du cèdre » a conclu un accord de principe avec le FMI en avril 2022, mais doit engager des réformes cruciales pour débloquer les aides afin de relancer l’économie du pays, où plus de 80% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.
Le Liban, où la crise économique s’aggrave de jour en jour, vit « un moment très dangereux », a averti, ce jeudi, un responsable du Fonds monétaire international (FMI), déplorant la lenteur de la mise en œuvre des réformes par les responsables politiques. Ernesto Ramirez Rigo vient d’achever une mission à Beyrouth, au cours de laquelle il a rencontré plusieurs responsables ainsi que des diplomates.
« Le processus de mise en œuvre » des réformes nécessaires « a été très lent », a ajouté le responsable. « Nous sommes dans une situation où le statu quo […] et la politique d’inaction vont laisser le Liban plongé dans une crise sans fin. »
L’accord de principe, conclu en avril 2022 avec le FMI, porte sur une aide de trois milliards de dollars, échelonnée sur quatre ans, mais elle est conditionnée à la mise en œuvre de réformes, dont un amendement à la loi sur le secret bancaire ou une restructuration du secteur bancaire, ainsi qu’une loi sur le contrôle des capitaux.
« Le temps passe, cela fait presque un an que nous sommes parvenus à un accord, a déploré Ernesto Ramirez Rigo. Les Libanais ont fait des progrès, mais malheureusement ces progrès sont très lents. »
Ce n’est pas la première fois que le Fonds dénonce la lenteur des autorités libanaises dans la mise en place de ces réformes, alors que le pays vit l’une des pires crises économiques au niveau mondial depuis 1850, selon la Banque mondiale. Depuis 2019, le Liban est plongé dans une profonde crise économique imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la corruption, la négligence et l’inertie d’une classe dirigeante en place depuis des décennies.
Une crise politique qui n’arrange rien
La crise politique que traverse le Liban aggrave la situation, les députés ne parvenant pas à s’entendre pour élire un nouveau président de la République depuis novembre. Le pays est dirigé par un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits.
La monnaie locale a perdu plus de 98% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché parallèle, tandis que des restrictions bancaires draconiennes empêchent les épargnants d’avoir librement accès à leur argent. Si le statu quo se poursuit, le pays pourrait aller « vers l’hyperinflation dans le pire des cas », a prévenu le responsable du FMI.
Parmi les questions les plus sensibles figure la répartition des pertes du secteur bancaire. Évoquant « l’ampleur des pertes pour un pays aussi petit que le Liban », M. Ramirez Rigo a estimé qu’elles « devront être partagées entre tout le monde […] le gouvernement, les banques et les épargnants ». Il a cependant souligné que « les petits épargnants avaient été les plus durement touchés par la crise […] Ils souffrent plus qu’ils ne le devraient. » La plupart des Libanais n’ont pas accès à leur épargne, bloquée dans les banques depuis 2019.
(Avec AFP)