Les femmes d’Ongogni dénoncent la faible représentativité

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Réunies le 8 mars autour du président du comité du Parti congolais du travail (PCT) Ongogni, Yves Moundelé-Ngollo Ehourossia, les femmes des différents villages de cette sous-préfecture du département des Plateaux ont présenté, chiffres à l’appui, la situation peu reluisante de la gent féminine en République du Congo.

La Journée internationale des droits des femmes a été placée cette année sur le thème « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable ».  Au plan national, le sous-thème retenu a été « Le bilan de la femme congolaise aux fonctions politiques et électives ». Ainsi, loin d’être une occasion de réjouissances populaires, la journée du 8 mars a été pour les femmes du PCT-Ongogni une occasion de méditation et de faire le point des avancées en la matière. « Le 8 mars est pour nous une journée de réflexion, d’échange et de mobilisation pour l’égalité entre homme et femme », a indiqué Constance Itoua, membre du comité PCT-Ongogni.

Saluant les multiples efforts du chef de l’Etat, Denis Sassou N’Guesso, en faveur de la cause des femmes, elle a dit qu’en dépit des avancées très significatives, beaucoup reste à faire. Analysant le thème national, les femmes d’Ongogni se sont rendu compte que les chiffres ne sont pas reluisants. « Le nombre de femmes au gouvernement, bien qu’en augmentation, n’a jamais dépassé la barre de 10. Depuis l’entrée au gouvernement en 1975 de Mme Emilie Manima, première femme congolaise à être ministre, aucun portefeuille dit de souveraineté n’est confié à la femme, allusion faite au ministère de la Défense nationale, au ministère des Finances, au ministère des Affaires étrangères… Nous n’osons même pas évoquer la Primature », ont-elles dénoncé.  

Selon elles, la représentativité des femmes au sein des bureaux d’autres institutions de la République demeure faible. Moins de 35% à la Cour constitutionnelle, 25% à la Haute cour de justice, 25% au Conseil consultatif des personnes vivant avec handicap, 40% à la Commission nationale des droits de l’homme. A l’exception au Conseil économique, social et environnemental où la règle de 50% est confirmée. Seules deux femmes sont présidentes des conseils consultatifs sur six.

Sur douze préfectures, seules deux, en l’occurrence la Lékoumou et les Plateaux, ont à leurs têtes les dames. Moins de dix femmes sont accréditées comme ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires dans les missions diplomatiques congolaises à l’étranger sur les trente-neuf. « Nous constatons malheureusement, la persistance du plafond de verre au sein des Forces armées congolaises. A ce jour, aucune femme n’est élevée au grade de général », ont-elles regretté.  

Au Sénat, à la législature 2017-2022, le pourcentage des femmes est de 20,83% contre 19,44% à la législature 2012-2017. A l’Assemblée nationale, à la 14e législature le pourcentage des femmes est de 11,25 contre 8,75% à la 13e législature. La présence des femmes au sein des assemblées locales est très faible; conseils départementaux 18,8% et municipaux 23,4%.
La femme congolaise représente 49% des effectifs de la Fonction publique, 36,9% de l’administration parapublique et 17,6% de l’administration privée.

« La responsabilité de ces chiffres n’incombe pas seulement aux autorités qui font usage du pouvoir discrétionnaire pour nommer les femmes aux postes de responsabilité, mais aussi à la femme qui s’autolimite. Nous saisissons cette occasion solennelle pour inviter les femmes à plus d’engagement. Que celles qui sont dans les administrations donnent le meilleur d’elles-mêmes pour mériter une promotion. Que celles qui sont en politique affirment leur présence et leur engagement », ont-elles exhorté.

Initiateur de la rencontre, le président du comité PCT-Ongogni a salué la mobilisation des femmes de son district. Selon Yves Moundelé-Ngollo Ehourossia, cette occasion, la première du genre, est un lieu de raffermissement des liens entre les femmes de la contrée.  « Nous sommes ici pour célébrer la femme congolaise et pour évoquer toutes les questions relatives à ses droits. Le département des Plateaux est assez exemplaire dans ce sens où nous avons une femme préfète ; une femme présidente du conseil départemental ; nous avons aussi une femme présidente de la fédération PCT ; à Ongogni une femme secrétaire générale de la communauté urbaine. Avec toutes ces femmes qui ont des postes de direction, de commandement local et départemental, il fallait que nous venions marquer le pas pour célébrer cette journée avec elles afin d’envisager l’avenir », a-t-il souligné.