Multiculturalisme : les couples mixtes vus d’ici

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Un mariage est l’union de deux âmes, deux cœurs, deux personnes mais aussi un mariage de cultures, de traditions et d’us et coutumes. Dans un monde où l’accès à l’autre, à son monde et à son univers est rendu aisé non plus seulement par les multiples moyens de transport mais aussi dorénavant par le web ; rencontrer son âme-sœur au bout du monde devient de plus en plus courant.

L’amour est le territoire des rencontres diversifiées, de tous les goûts et de toutes les couleurs. Les flux migratoires étalés dans le temps et dans l’espace, renforcés par le boum du monde digital, ont permis aux uns et aux autres, d’ici ou d’ailleurs, de se rencontrer, de s’aimer, de s’unir et de se recréer, en mieux.

Si le couple mixte est de plus en plus répandu à travers les continents, il n’en demeure qu’il suscite souvent de la curiosité, des élans porteurs ou est confronté à toutes sortes de résistances ; raciales, culturelles ou communautaires. Dans une Afrique qui se relève à grand-peine de son histoire, comment sont perçus les couples mixtes, précisément au Congo-Brazzaville ?

Le Congo-Brazzaville, pays d’accueil de plusieurs nationalités européennes, orientales et asiatiques, dont les colonies les plus importantes pour chacune d’entre elles sont les Français, les Libanais et les Chinois; et avec l’émergence des réseaux sociaux, rencontrer des couples mixtes devient de plus en plus fréquent.

Affaire de cœur n’est pas affaire de peau

Dans la ville océane de Pointe-Noire, ce fait est beaucoup plus courant du fait de la représentation des sociétés internationales dans cette ville unique, carrefour de tous les horizons.  Face à ces unions colorées de différences, les familles et la société ont des perceptions souvent stéréotypées et entourent ces couples de différents élans.

Dans la société congolaise où  le Blanc  porte sur lui la mémoire d’un passé esclavagiste et colonial, mais aussi la promesse d’un niveau de vie élevé, se lier à un homme venu de ces « grands pays » passe pour un gage de réussite au vu des familles et de la société congolaise. Que les amants se soient liés par amour ou dans un contexte bien original, la femme noire se voit souvent perdre de sa légitimité auprès de son homme aux yeux du monde extérieur. L’on  est souvent à se demander ce qu’il lui trouve de particulier. Dans nos pays où la survie est souvent de mise, le côté sombre de cette histoire est que des réseaux de prostitution se sont créés au fil des décennies voire des siècles pour proposer de la chair fraîche à ces hommes venus d’ailleurs, venus pour affaires et qui souvent ne voient en leur pays d’accueil que l’occasion de le déposséder toujours plus, malgré l’histoire, et jusqu’à leurs filles à fleur de l’âge.

Dans les familles n’ayant aucune valeur morale, où la vie humaine elle-même n’est réduite qu’à un moyen d’échange de plus, certaines femmes, communautés et régions font de l’union avec un Blanc comme un impératif, livrant ainsi leurs filles entre les cuisses d’hommes âgés, pouvant très bien passer pour leurs aïeux.

Plusieurs familles du Kouilou ont fait là aussi le pari du sang blanc dans la famille, quitte à ce que le père disparaisse dans les airs, de la même façon qu’il était apparu. On ne s’étonnera point de voir des enfants métissés sortir des cabanons-types de Pointe-Noire, n’ayant d’occidental que leur peau, chéris de leurs mères, parfois au détriment du reste de la file de frères  Noirs comme la promesse d’un avenir qui va s’améliorer d’une façon ou d’une autre par le fait de cette peau.

Loin de ces scenarii de survie et d’identité ignorée ou reniée, les couples à l’ère du 2.0 sont plus modernes, décomplexés de leurs différences, harmonieux dans leurs rapports et beaux à voir.  « Les couples mixtes sont les meilleurs atouts de notre humanité », dixit un anonyme. En effet, forts de ce contraste racial, dermatologique et culturel, les couples mixtes sont le symbole par excellence de la rencontre et de l’accueil de l’autre dans ses différences et dans ses spécificités.

Dans un monde toujours poignardé de ses crises migratoires et de ses faits divers raciaux, il est bon de se rappeler que l’amour de l’autre ne connaît pas les différences de couleurs, ni de race, ni de religion, seulement la promesse de la découverte de l’autre et de soi à travers l’autre ; d’un soutien mutuel et inconditionnel pour un monde à deux merveilleux.