Les banques au Congo volent de l’argent dans les comptes de leurs clients

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Vol sur des comptes dormants, erreurs professionnelles fantaisistes, réseaux de détournements dans des comptes bancaires…, des clients victimes de ces cas d’arnaque ou vol dans certaines banques ont le vague à l’âme. Enquête.

Une grande structure chargée de doper les tic au Congo a reçu 15000 dollars us(près de 10 millions de fcfa) d’un partenaire américain, en guise de soutien à l’organisation du salon Osiane. Le virement effectué à cet effet depuis les USA est bien arrivé dans la filiale congolaise d’un grand groupe bancaire marocain à Brazzaville, où est domicilié le compte du destinataire. D’attente lasse, ce dernier s’en est plaint auprès des services habiletés de sa banque. Qui lui ont signifié, la mort dans l’âme, que la totalité de son virement avait été, par erreur, versée dans le compte d’un tiers, lequel, à son tour, aurait entièrement utilisé cette somme tombée dans son compte comme une aumône. Curieux. « Ça fait plus 8 mois que la banque reste silencieuse sur ce qu’elle qualifie d’erreur de son personnel », confie, sous couvert d’anonymat, la victime. Entre temps, les besoins que devaient couvrir ces 15000 dollars sont sans solution, regrette t-elle. Comment une banque, dont le personnel est responsable d’une faute aussi gravissime, n’arrive t-elle pas à résoudre ce qu’elle qualifie elle-même d’ « erreur « ? Difficile pour la victime, à cause du mauvais fonctionnement du système judiciaire congolais, de porter ce différend devant les instances d’arbitrage. « Inutile perte de temps », conclut-il. Parbleu!

De nombreuses plaintes fusent également des clients d’un grand groupe bancaire ouest- africain. Selon des victimes interrogées, des comptes des clients sont débités à l’insu de leurs propriétaires, surpris d’apprendre, après réclamations, qu’ils auraient effectué des achats en ligne auprès des sociétés fictives européennes.

Aussi étonnant que cela puisse paraître:  » Jamais nous n’avons opéré des achats en ligne », avouent, la main sur le coeur, des clients désabusés.

C’est le cas d’une plaignante, yeux larmoyants, qui dit y avoir perdu d’importantes sommes d’argent dans son compte domicilié à l’agence de cette banque située au centre ville de Brazzaville. Ses plaintes auprès de la direction générale de la banque sont restées sans suite. La liste des clients ayant subi les mêmes cas de vol serait connue des services habiletés de la banque centrale.

Last but no least, la filiale brazzavilloise d’un autre grand groupe bancaire africain a dû gérer, en catimini, le cas de vol opéré par ses agents sur des comptes dormants. Il s’agit généralement des comptes bien garnis mais sans mouvement pendant une période relativement longue. Ici, les agents s’étaient tout simplement ingéniés à faire fabriquer, avec l’aide de leur collaborateur interne, une carte DAB au nom de la propriétaire du compte installée en Europe. La fausse carte DAB permettait ainsi au truand d’effectuer des opérations de retrait d’un distributeur automatique à l’ordre. Plus d’une dizaine de millions aurait été débitée au cours de nombreuses opérations de retrait !

N’eût été la vigilance de la propriétaire pendant son séjour à Brazzaville, le pot aux roses serait resté bien caché. La remontée effectuée par le contrôle interne- grâce aux caméras installées au niveau des DAB de la banque- a permis d’identifier le fraudeur.

Ces cas de vol sont, loin s’en faut, des situations isolées. De nombreux d’autres cas de même nature sont légion, confie un banquier ayant requis l’anonymat. Peut-être, est-il judicieux que les banques renforcent leurs services de sécurité et de contrôle interne, avec une périodicité plus élastique, afin de sévir et d’arrêter l’hémorragie avant qu’il ne soit trop tard. Il convient cependant de noter qu’il ne s’agit pas des cas systématiques de fraudes organisés par des banques congolaises, mais des agents isolés mus par l’intérêt du gain facile.

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P.-s. : Toutes nos tentatives visant à en savoir davantage auprès des banques accusées sont restées bien vaines. Pour des raisons d’éthique, nous ne donnonerons aucun nom, même in box, des banques concernées.Vivement qu’elles se professionnalisent davantage pour dynamiser l’écosystème bancaire au Congo.

A.Ndongo, journaliste économique et financier