La grande bataille entre ministres dans le financement spectacle de la campagne de Sassou

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Une espèce de championnat interdépartemental de cotisations destinées à soutenir la réélection du Chef, est lancé depuis le coup d’envoi donné à Djambala, chef lieu du département des Plateaux.

Enquête.

« Où vais-je trouver les 2 millions de FCFA comme contribution à la quête « ? Ainsi s’interrogeait, sous mes yeux, un député qui s’entretenait par téléphone avec un ministre originaire du même département que lui.  » Ah nos frères des Plateaux nous ont mis dans une situation de concurrence que ne peuvent suivre tous les départements! Nous n’avons pas autant de ministres pour mobiliser près de 100 millions « , lache t-il le visage renfrogné. Cette exaspération est bien perceptible dans les états-majors politiques qui veulent imiter, à tort ou à raison, les Plateaux Batékés , porteurs d’une offre de 100 millions de FCFA à Denis Sassou Nguesso, comme contribution à la réélection de ce dernier.

Il n’en fallait pas plus pour que Clément Mouamba, pour le compte de la Lekoumou, lance une quête de même nature, en présence des ministres Thierry Moungalla, Antoinette Dinga- Dzondo. Les populations, étranglées par la triple crise financière, économique et Covid 19, sont sans ressources financières pour jouer aux flatteurs ou au fous du roi. Ce sont donc des ministres et élites qui sont à la manœuvre de ce qui s’apparente à une opération de charme en l’endroit du Chef. Gare aux fauchés! Ils pourront être punis pour n’avoir pas mis en pratique l’évangile: « celui qui ne cotise pas est contre le Chef ».

Dans le département des Plateaux, des indiscrétions présentent Pierre Ngolo, Florent Ntsiba, Pierre Oba, Hugues Ngouelondélé, Bruno Jean Richard Itoua, Léon Juste Ibombo, Ludovic Ngatsé, Rodrigue Ngouonimba… comme les principaux contributeurs des 100 millions de FCFA. Au regard de la liste des ministres et cadres de la Cuvette d’où est originaire le Chef, Jean-Jacques Bouya, Gilbert Ondongo, Firmin Ayessa, Calixte Nganongo, Yves Richard Mondjo, Maixent Raoul Omimga, Arlette Soudan Nonault, Dieudonné Moyongo…, doivent prouver qu’ils sont les premières créatures de Sassou en portant la mise au-delà de la barre de 100 millions FCFA offerts par les Plateaux.

De son coté, le département du Kouilou, dont les lieutenants politiques sont Anatole Collinet Makosso( futur premier ministre ?), Coussoud Mavoungou et Jean-Marc Thystère Tchikaya, ne veulent pas donner l’impression que les pontenegrins, premiers victimes collatéraux de la triple crise financière, économique et pandémique, sont hostiles au pouvoir de Sassou. En sera-t-il autant du département du Pool de Isidore Mvouba, Claude Alphonse Nsilou, Nicéphore Fylla de Saint-Eudes, Yvonne-Adelaïde Mougany, Rosalie Matondo…? Possible que le « maboko makaku »(personne avare comme Harpagon ) s’efface, pour la circonstance, pour des raisons de positionnement politique.

Le Niari, avec 3 ministres, Pierre Mabiala, Emile Ouosso(le district de Yaya, fief du ministre des travaux publics, est géographiquement implanté dans le Niari) et Destinée Hermella Doukaga, voudrait faire oublier les 5 millions de FCFA remis au Chef, semble t-il, par des ex-combattants cocoyes. Un simulacre dont se gaussent des dolisiens interrogés. Les ex-combattants cocoyes disposent-ils d’une entreprise pour mobiliser autant de millions de FCFA ? S’interroge t-on dans la capitale de l’or vert. Le gentil donateur se cache donc dans les 3 ministres du Niari.Le département de la Likouala, avec deux ministres( Henri Djombo et Gilbert Mokoki), pourrait, quant à lui, discrètement solliciter l’aide des entreprises forestières likoualiennes pour constituer une enveloppe consistante.

La Cuvette-Ouest, 2 ministres( Aimé Bininga et Charles Nganfouomo) et un vice-président de l’Assemblée nationale( Léon Alfred Opimbat) est obligé de s’inviter à cette quête nationale. Rigobert Maboundou et Jacqueline Lydia Mikolo, deux ministres ressortissants de la Bouenza, seront obligés de piocher dans leurs « caisses » pour ne pas donner l’impression qu’une bonne partie de leur département est tournée vers l’upads et ses démembrements, et, aussi, pour ne pas créditer leur manque d’aura dans la zone.

Last but no least, la Sangha, un seul ministre( Serge Blaise Zoniaba) et un poste de premier Questeur de l’Assemblée nationale( LéonidasMottom) risque d’être bien loin des Plateaux, la Cuvette et même le Pool. Là devrait intervenir le dicton populaire tant aimé des politiques congolais: » la plus belle femme ne peut offrir que ce qu’elle possède « . Ainsi se joue, loin des regards, le championnat interdépartemental des quêtes pour soutenir le candidat Denis Sassou Nguesso. Après la présidentielle, vivement qu’une quête de même nature soit initiée pour voler au secours des retraités, étudiants et, peut-être, le relèvement d’Ecair.

Alphonse Ndongo