Détérioration des conditions de vie des Libanais: la diaspora aide à la survie

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Depuis deux ans, le Liban est frappé par une crise multidimensionnelle qui a détruit l’économie, balayé les filets sociaux et paralysé les institutions politiques. La classe moyenne a fondu et la pauvreté atteint 80% de la population. La dépréciation abyssale de la monnaie nationale a entraîné la destruction du pouvoir d’achat et une flambée des prix des produits de consommation.

Pour acheter une boîte de lait pour nourrisson, une famille doit en ce moment débourser un sixième du salaire minimum et pour 20 litres d’essence, la moitié de ce salaire. Le chômage touche 500 000 personnes, c’est-à-dire plus du tiers de la force active. Devant l’ampleur de la crise actuelle qui provoque l’effondrement du pouvoir d’achat, la dévalorisation des épargnes bancaires qui ont perdu les trois quarts de leur valeur, le pays devrait normalement être proche de la famine. Mais ce scénario du pire est évité grâce à la solidarité familiale, l’aide apportée par les membres de la diaspora à leurs proches restés au Liban.

La diaspora mobilisée

Il y dans le monde près de dix millions de Libanais ou de personnes d’origine libanaise, presque deux fois plus que le nombre de résidents. Cette communauté, présente sur tous les continents, envoie tous les ans plusieurs milliards de dollars qui permettent aux familles de subvenir à leurs besoins élémentaires. À titre d’exemple, les 300 000 Libanais qui travaillent dans les monarchies du Golfe envoient au Liban entre 800 millions et un milliard de dollars.

Selon des statistiques officieuses, plus de 65% des Libanais résidents ont un membre de leur famille ou un proche installé à l’étranger. Cela ne résout pas tout. Malgré l’apport de la diaspora, beaucoup de Libanais ont du mal à joindre les deux bouts. Une enquête récente de l’Unicef indique que 53% des familles libanaises ont au moins un enfant qui a été privé d’un repas par jour en octobre, comparé à 37% en avril. 

Selon cette étude, la proportion des familles qui ont envoyé leurs enfants travailler est passée de 9% à 12%. Malgré la solidarité familiale, on voit bien que la catégorie des plus démunis gonfle de mois en mois. Si les prix continuent à grimper et le pouvoir d’achat à s’éroder, dans quelque temps, même l’apport de la diaspora sera insuffisant pour aider les familles à se nourrir.

L’État en faillite

La Banque du Liban a vu ses réserves divisées par deux en 18 mois en raison de la politique de subvention des produits alimentaires et des carburants qui ont coûté au Trésor 20 milliards de dollars, alors que les rentrées avoisinaient zéro.

Le gouvernement a lancé, la semaine dernière, la carte d’approvisionnement. Plus de 200 000 familles devraient profiter de ce projet financé par la Banque mondiale à raison d’un plafond de 125 dollars par famille. Mais le paiement ne devrait commencer qu’en mars prochain avec un effet rétroactif de deux mois. D’ici là, les Libanais devront trouver d’autres moyens pour résister à la crise.