Coup d’État manqué à São Tomé-et-Principe: les zones d’ombre de l’enquête

0
1567

Les autorités de São Tomé ont donné un premier bilan de la tentative de coup d’État perpétrée dans la nuit de jeudi à vendredi 25 novembre. Quatre personnes sont mortes, trois assaillants qui avaient pris d’assaut le quartier général de l’armée et l’opposant et ancien mercenaire Arlécio Costa. Des décès survenus dans des circonstances troubles alors que la communauté internationale est venue au chevet de l’archipel réputé pour sa stabilité.

Le chef d’état-major santoméen, Olinto Paquete, a expliqué que trois des quatre assaillants ont été tués par une explosion durant l’assaut contre la base militaire. L’opposant Arlécio Costa serait, selon lui, mort après avoir sauté d’un véhicule alors que les autorités l’avaient arrêté chez lui.

Plusieurs jours après la tentative de coup d’État, des zones d’ombre planent toujours sur l’enquête. Et des accusations d’exactions ont vu le jour après la diffusion d’images de prisonniers attachés et exécutés dans le quartier général de l’armée sur les réseaux sociaux.

Le brigadier Olinto Paquete a indiqué qu’une enquête était en cours pour éclaircir les circonstances de ces décès et a précisé ne pas pouvoir expliquer l’origine de ces photos. « Nous enquêtons pour savoir d’où elles viennent. Notre but est que les individus soient interrogés et que, grâce à eux, nous sachions ce qui s’est passé. Dès les premières heures d’une attaque, tout est possible. Mais après, nous avons la lucidité de vouloir préserver l’État de droit », a-t-il déclaré. 

Une enquête sur des soupçons d’exactions

Le procureur a ouvert deux enquêtes. Une sur la tentative de coup d’État et l’autre sur les exactions présumées. Des civils et des militaires ont été arrêtés, notamment douze soldats, ainsi que l’ancien président de l’Assemblée, Delfim Neves.

L’opposition, elle, avertit sur une possible dérive et exige « la libération des détenus ». « Ils sont en danger de mort. Nous avons vu les images horribles de victimes torturées. Nous alertons sur le risque d’installation d’un pouvoir dictatorial avec l’intention de bâillonner la démocratie et intimider les opposants à travers un régime de terreur, peur et persécution », a déclaré Raul Cardoso, député du parti MLSTP/PSD.

« Une tentative de coup d’État n’est pas acceptable »

Justice et police sont donc mobilisées. Des enquêteurs et une équipe médico-légale venus du Portugal viendront prêter main forte aux autorités locales.

Samedi soir, le président de la CEEAC, Gilberto da Piedade Verissimo ainsi que le représentant spécial en Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale, Abdou Abarry étaient sur place. Ils ont condamné la tentative de putsch, se sont déclarés solidaires de São Tomé, tout en jugeant inacceptables les images de personnes torturées et tuées qui ont circulé.

« Pour un pays de paix et de consensus, qu’il y ait une tentative de coup d’État n’est pas acceptable », a déclaré le représentant des Nations unies en Afrique Centrale, Abdou Abarry. Et d’ajouter concernant les photos diffusées : « Ce que nous avons visualisé dans les médias est tout autant inacceptable. Nous sommes venus exprimer notre solidarité face à cette situation terrible ». 

L’ONU a, elle aussi, promis son aide dans l’enquête, mais aussi dans la consolidation de la démocratie santoméenne.

Dans un communiqué sur le compte Twitter de l’Union africaine, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat « condamne fermement la tentative de coup d’État ».