Les listes de La République en marche et de ses alliés ont connu une sévère déroute, dimanche soir 20 juin, ôtant à la « macronie » toute possibilité d’être faiseur de roi. Quant à l’extrême droite française, le Rassemblement national (RN) a fait moins bien qu’attendu.
LaREM se voulait modeste, espérant recueillir 15% des voix, peut-être même davantage dans certaines régions, comme certains sondages optimistes le prédisaient. Las : le parti présidentiel n’a convaincu qu’environ 10 à 11% des électeurs.
Pire : il est éliminé du second tour en Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et surtout dans les Hauts-de-France, où le ministre Laurent Pietraszewski est annoncé entre 7,3% (selon l’institut Harris Interactive) et 9,1% (selon l’estimation Ifop), malgré la présence de quatre autres membres du gouvernement sur sa liste – Agnès Pannier-Runacher, Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin et Alain Griset.
Le score est d’autant plus humiliant que le candidat sortant Xavier Bertrand (ex-LR) recueille entre 39% et 46% des voix, loin devant le Rassemblement national. Sa victoire annoncée dimanche prochain constituera une rampe de lancement idéale pour une campagne présidentielle dont la « macronie » se serait bien passé.
Ce dimanche enterre par ailleurs tout espoir de victoire au deuxième tour pour La République en marche et ses alliés en Centre-Val-de-Loire, où le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau (MoDem) a été longtemps présenté comme favori.
Avec un peu plus de 16%, il s’offre certes l’un des meilleurs scores de la majorité, mais derrière le sortant François Bonneau (PS) et le LR Nicolas Forissier. De même, en Nouvelle-Aquitaine, la ministre des Anciens combattants Geneviève Darrieussecq (MoDem), avec environ 14%, ne peut nourrir d’ambition face au sortant socialiste Alain Rousset, qui a recueilli plus de 30%. En Île-de-France, Laurent Saint-Martin n’a recueilli qu’environ 11,6% des suffrages, trois fois moins que la sortante Valérie Pécresse (ex-LR).
Gouvernement fragilisé
De quel match La République en marche peut-elle encore être l’arbitre ? Peut-être en Bourgogne-Franche-Comté, où la liste de la majorité présidentielle (environ 13%) pourrait s’allier avec – ou se retirer au profit de – la sortante PS Marie-Guite Dufay, arrivée en tête (environ 26%), mais talonnée par le Rassemblement national et LR.
Un accord serait d’autant mieux vu par une partie des marcheurs qu’il donnerait un signal au centre gauche et contrebalancerait l’idée d’une droitisation de la majorité présidentielle, incarnée par la liste commune avec le LR Renaud Muselier dès le premier tour en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Et, en Bretagne, LaREM, arrivée deuxième ou troisième selon les instituts, devra se positionner face au sortant PS Loïg Chesnais-Girard, par ailleurs proche du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, arrivé en tête.
La sévère déroute de la « macronie » engage-t-elle pour autant le gouvernement et, a fortiori, le chef de l’État, à dix mois de l’élection présidentielle ? Si l’exécutif a toujours martelé qu’il ne serait pas lié par les résultats, la question d’un remaniement ministériel est désormais à nouveau sur la table, d’autant qu’une quinzaine de ministres étaient candidats.
La République en marche a par ailleurs considéré dimanche soir qu’elle avait, malgré la défaite, une raison de se réjouir : avec des scores inférieurs à ceux que les sondages lui prêtaient, le Rassemblement national pourrait échouer à conquérir une région dimanche prochain.
Le RN moins bien que dans les sondages
Le parti de Marine Le Pen, finaliste de la présidentielle de 2017, a fait moins bien que les sondages ne l’anticipaient et que lors des précédentes régionales de 2015 quand il était arrivé en tête dans six régions, selon les estimations.
Un seul candidat du RN, Thierry Mariani, est en mesure d’arriver en tête de ce premier tour dans une seule région, Province-Alpes-Côte d’Azur (Sud), et encore in extremis, selon des estimations qui ont évolué, car il est au coude à coude avec le président sortant. Ailleurs, le RN s’est tout de même hissé à la deuxième place dans un nombre important de régions, mais ne semble pas en mesure d’en emporter dimanche prochain.
D’une manière générale, il y a eu une prime aux élus sortants, ce qui favorise Les Républicains et le Parti socialiste, au détriment du RN et LaREM, peu implantés localement. Dans la région des Hauts-de-France (nord), le sortant LR Xavier Bertrand, candidat à l’élection présidentielle de 2022, est arrivé nettement devant le candidat RN Sébastien Chenu alors que les sondages les annonçaient au coude à coude. Il s’est réjoui d’avoir « brisé les mâchoires du RN ».
Le parti de Marine Le Pen, puissance politique montante depuis près de 40 ans n’a pas réussi, malgré ses très gros scores au fil des élections, à constituer de fief électoral. Il est handicapé par le système de vote et fait face depuis des décennies à l’hostilité des autres partis qui créent généralement un front uni contre lui lors des seconds tours.
(Avec AFP)