Un 84ème manifestant tué dans la répression au Soudan (médecins)

Un nouveau manifestant a été tué au Soudan lundi d’une balle dans la tête, indiquent des médecins pro-démocratie, lors de défilés regroupant des milliers de personnes opposées au coup d’Etat militaire du général Abdel Fattah al-Burhane, au pouvoir depuis fin octobre.

En quatre mois de répression dans ce grand pays d’Afrique de l’Est, 84 manifestants ont été tués, plus de 2.000 autres blessés et au moins une dizaine de manifestantes violées, selon des médecins pro-démocratie et l’ONU.

« Les grenades lacrymogènes ne nous arrêteront pas! », lançait dans l’après-midi à l’AFP Taqoua Mohammed, manifestant aux abords du palais présidentiel où siège le général Burhane.

Autour de lui, grenades assourdissantes et lacrymogènes n’ont cessé de s’abattre dans des nuages de fumée rouge, verte ou jaune, en fonction des différentes types de gaz lancés par les forces de sécurité sur les manifestants.

En retour, certains d’entre eux jetaient des pierres ou renvoyaient des grenades en direction des troupes, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Nous sommes prêts à mourir pour notre cause », assure à l’AFP Anouar Béchir, défilant aussi à Khartoum. « Le monde doit voir la violence des putschistes », ajoute-t-il, alors que de nombreux manifestants crient « A bas Burhane! ».

Le manifestant tué lundi l’a été à Omdourman, banlieue nord-ouest de la capitale, précise le syndicat des médecins, tandis que des milliers de manifestants tentaient de traverser le pont reliant l’autre banlieue nord à Khartoum, selon des témoins.

A Madani, à 200 kilomètres au sud, environ 4.000 manifestants scandaient « le pouvoir au peuple » et « les militaires aux casernes », selon des témoins.

A Gedaref, dans l’est côtier, environ 2.000 autres avaient aussi répondu à l’appel des Comités de résistance, ces groupes de quartiers devenus la colonne vertébrale de l’opposition au Soudan, où les partis politiques peinent à défendre leur partenariat avec l’armée avant le putsch.

Au Soudan la semaine dernière, l’émissaire onusien pour les droits humains Adama Dieng a appelé le nouveau pouvoir militaire à cesser de tirer à balles réelles et d’utiliser ses grenades lacrymogènes comme des projectiles mortels en tirant directement sur la foule.

Le général Burhane a reconnu que des officiers avaient fait usage de fusils contre des manifestants mais assure qu’il s’agit d’initiatives personnelles contrevenant aux ordres.

Alors que la violence se poursuit, la mission de l’ONU à Khartoum, qui rencontre depuis cinq semaines responsables du pouvoir militaire et représentants de la société civile, a dressé lundi un premier bilan de son initiative censée mener à un dialogue de sortie de crise.

Elle réitère dans son communiqué ses appels à un partenariat entre civils et militaires –ce que la rue rejette catégoriquement depuis des mois– et à la formation d’autorités de transition pour mener le Soudan vers la démocratie.