Le CCF veut cerner la problématique liée à l’émancipation de la femme

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Le Conseil consultatif de la femme (CCF) a confié, par le biais du Centre de prospective pour le développement (Ceprod), deux études aux enseignants chercheurs de l’Université Marien-Ngouabi, dont l’une porte sur « Les obstacles et inégalités entre les sexes imputables aux us et coutumes, impactant négativement l’émancipation de la femme » et l’autre sur « La participation de la femme à la vie politique en République du Congo ».

Après avoir parcouru huit départements en trois semaines, l’équipe coordonnée par le Pr Didier Ngalebaye a fait le 5 septembre à Brazzaville le point du déroulement des études, la méthodologie utilisée. Elle a aussi présenté à la secrétaire exécutive du CCF, Antoinette Kebi, les résultats auxquels elle est parvenue ainsi que les difficultés rencontrées. Composée des philosophes, historiens, sociologues, anthropologues, juristes et statisticien-démographes, cette équipe a utilisé le modèle théorique épistémo-éthique pour atteindre ses cibles dans les départements des Plateaux, de la Cuvette, de la Cuvette-Ouest, de la Sangha, du Kouilou, du Niari, de la Lékoumou et de la Bouenza.

« Les personnes ressources : femmes et hommes, âgés de plus de 55 ans, ont été choisies sur la base de la carte ethnolinguistique locale, à raison d’une ou deux par communauté ethnique, de façon à pouvoir reconstituer l’itinéraire de la condition de la femme congolaise, depuis la période anté-coloniale jusqu’en 2022, afin de mieux percevoir les enjeux actuels », a rappelé le Pr Didier Ngalebaye.  

Sans aller dans les détails, il a indiqué que ces études ont montré clairement que le Congo est profondément fracturé en deux camps. A titre d’exemple, il a cité la clé de répartition du patrimoine du défunt mari, qui sous-estime l’investissement de la famille moléculaire dans la scolarisation et le positionnement socioprofessionnel du jeune garçon, dont l’ingratitude et l’arbitraire du code de la famille sont à l’origine de nombreux cas de sorcellerie observés dans les familles et qui causent l’instabilité existentielle des veuves et orphelins. « Les autorités gouvernent à partir de la ville en s’appuyant sur le droit positif moderne, dont le fondement vient de l’Occident, mais les populations vivent suivant leurs coutumes. Entre le droit positif et les coutumes, il n’y a pas de dialogue pour ne prendre que le cas du mariage », a-t-il laissé entendre.

Se félicitant de cette opportunité offerte par le CCF aux enquêteurs nationaux, notamment ceux de l’université de Brazzaville, Didier Ngalebaye a annoncé la poursuite des études dans le département du Pool dès la semaine prochaine. Ceci avant la présentation officielle des résultats dans environ un mois.

Selon la secrétaire exécutive du CCF, ces deux études visent à bien cerner les différentes problématiques évoquées. Lorsqu’on parle d’inégalités entre les sexes, il faut connaître, a rappelé Antoinette Kebi, leurs origines. S’agissant des obstacles qui impactent négativement l’émancipation de la femme, elle a souligné la nécessité d’aller au fond du problème, sillonner les différents départements pour causer avec les personnes, d’autant plus que certains blocages sont inhérents aux coutumes et à l’éducation reçue. « Nous pensons très sincèrement que cette étude sera d’un grand un apport pour la société scientifique et pour les populations. Cela va nous permettre de mieux cerner la problématique et de nous acquitter de manière plus pointue des missions qui sont les nôtres, à savoir donner des avis au président de la République concernant la condition de la femme et faire des suggestions visant à améliorer l’intégration de la femme dans la vie publique et dans toutes les sphères de la vie », a-t-elle déclaré.