L’administration publique est truffée de faux diplômes, un mal qui gangrène le pays

«Des gens se permettent de trafiquer des diplômes, surtout qu’ils savent qu’il n’est plus évident de passer par le circuit informatique, ils se plaisent maintenant de falsifier les diplômes et quand vous les voyez, il n’y a pratiquement pas de différence avec le vrai diplôme», a déploré en juillet 2017, l’actuel Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, à l’époque ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation, se demandant même si les détenteurs de ces diplômes pourront être capables de remplir les tâches qui leur seront confiées par des employeurs.

Au total 150 faux diplômes ont été décelés récemment à l’université Marien Ngouabi. Les congolais attendent toujours les sanctions, si sanctions il y a bien sûr.

C’est une réalité cachée au Congo-Brazzaville qui ne concerne pas seulement des personnes qui ont un problème linguistique mais également des personnes qui parlent bien le français et se débrouillent bien au quotidien mais sont totalement démunies lorsqu’elles sont confrontées à un contexte très complexe comme celui de la médecine par exemple.

Le directeur canadien a découvert , avant de quitter son poste, qu’il y a eu des recrutements des faux médecins au CHU de Brazzaville.

Au CHU de Brazzaville, cet « analphabétisme en santé » va  aussi de pair avec une qualité de vie moindre et une espérance de vie plus courte.

Ces résultats sont le reflet de la mauvaise qualité du recrutement par concours des apprenants, de la formation pédagogique, de la gestion scolaire caractérisée par la fraude, la tricherie, les faux diplômes et la corruption.

Jugé par défaut criminel depuis le 13 mai dernier, le député de la circonscription électorale unique de Lékana, dans le département des Plateaux, Ghislain Millet Galibali, a été condamné par la Haute cour de justice à 30 ans de travaux forcés Il a été reconnu coupable des faits qui lui sont imputés. L’infraction de faux et usage de faux a été requalifiée en faux criminels, en usage de faux criminel et escroquerie pour salaire.

Pour l’ancien Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ouabari Mariotti, si l’information est avérée, cette condamnation doit faire jurisprudence. C’est à dire faire autorité.

« Puisque les pouvoirs publics, par la condamnation du député Ghislain Galibali, se seraient investies, dans une logique de nettoyage des rouages de l’Etat de faux diplômes, il conviendrait que l’action se poursuive, pour que la justice n’ait pas d’exception. Que la justice s’applique à tous les Congolais, peu importe leur statut politique et leur environnement social », a écrit Ouabari Mariotti sur sa page Facebook.

«Le nettoyage devrait viser, non seulement des cas de faux diplômes, mais toutes ces situations désastreuses, visibles à l’œil nu, de biens mal acquis, d’enrichissement illicite, de malversations, de retraités qui continuent de travailler, avec arrogance, de ces agents de l’Etat installés à l’étranger et bénéficient de salaires injustifiés. Une identification minutieuse de postures similaires en dévoilerait d’autres », a-t-il ajouté.

Pour l’ancien Garde des Sceaux, ministre de la Justice, ces cas foisonnent dans les services de l’Etat congolais, devant l’incompréhensible indifférence des Ministres de tutelle, au fur et à mesure qu’ils se relaient, à la faveur des remaniements.

«Voilà, une réforme immédiate. Nous voudrions d’un pays d’équité. La nation congolaise ne peut continuer à vivre les mesures qui protègent les uns et les injustices qui frappent d’autres. Le Congo est à réformer », a martelé le fidèle compagnon de l’ancien Président congolais, le Professeur Pascal Lissouba.