Éthiopie: l’ONU met en place une commission d’enquête sur la guerre au Tigré

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À Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté ce vendredi  17 décembre par 21 voix contre 15 et 11 absentions la création d’une Commission internationale d’experts chargée d’enquêter sur les exactions commises par tous les belligérants de la guerre en Éthiopie. La création de cette commission d’enquête faisait face aux protestations véhémentes de l’Éthiopie, qui juge suffisants les travaux de sa propre Commission nationale des droits de l’homme.

La toute nouvelle « Commission internationale d’experts des droits humains sur l’Éthiopie » sera composée de trois membres. Tous trois seront nommés par le président du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, pour un an « renouvelable autant de fois que nécessaire ».

Cette commission onusienne viendra, selon le texte adopté vendredi, « compléter la commission d’enquête conjointe » ONU-Éthiopie qu’Addis-Abeba mettait en avant pour réfuter cette nouvelle initiative. Elle sera chargée de mener une enquête « complète et impartiale » sur les crimes commis depuis le 3 novembre 2020 « par toutes les parties au conflit », en « construisant » précisément « sur le rapport d’enquête » de cette commission conjointe. Une vingtaine de spécialistes militaires, juridiques, administratifs, médicaux et policiers travailleront pour elle à Entebbe, en Ouganda.

Aucun pays africain n’a voté pour la commission

Les diplomates « porteurs de plume », comme on dit, ont pris toutes sortes de précaution pour répondre aux objections éthiopiennes, qui a mené campagne toute la semaine pour faire échouer cette résolution. Mais ils ne sont pas parvenus à recruter largement les pays africains. La Libye, le Malawi, la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan et le Togo se sont abstenus (ce qui était le scénario le plus optimiste des défenseurs du projet). Le Burkina, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Érythrée, le Gabon, la Namibie et la Somalie ont, quant à eux, voté contre. Et aucun n’a voté pour.

La commission de l’ONU sera chargée de présenter un rapport d’enquête au Conseil des droits de l’homme à Genève, ainsi qu’à l’Assemblée générale à New York.