Dépassé dans la gestion d’Ecair, le Congo sauve la française Corsair

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Si la compagnie française, qui dessert principalement les départements d’outre-mer, n’a pas «de difficultés de trésorerie», elle demandait une recapitalisation. Des investisseurs se sont manifestés pour apporter les 30 millions d’euros nécessaires.

La compagnie aérienne Corsair pourrait enfin respirer, relate Le Figaro. Fondée en 1981 et basée à Orly, elle dessert principalement les départements d’outre-mer. La compagnie n’est pas en difficulté financière, «se porte très bien» et n’a d’ailleurs «pas de difficultés de trésorerie», confirmait en décembre 2022 son PDG, Pascal de Izaguirre. Mais comme tous les autres patrons de compagnies, il réclamait que sa «dette financière» soit «renégociée». Une recapitalisation de 30 millions d’euros nécessaires afin de rembourser les emprunts souscrits pendant la pandémie de Covid-19.

Car contrairement à d’autres compagnies qui ont renoué avec les bénéfices en 2022, Corsair n’a pas dégagé de profits. En d’autres termes, sans injection de fonds, Corsair risquerait la faillite. Mais selon les informations du Monde et du Figaro, des investisseurs ont frappé à la porte pour éviter une telle issue, qu’ont connue XL Airways ou Aigle Azur par exemple, qui n’ont su se relever de la pandémie. Deux groupes d’investisseurs ont accepté d’avancer des fonds. Il y a d’abord le pool d’acteurs du tourisme antillais, et la holding OMRP qui avait repris Corsair en 2020. Cette entité va mettre 15 millions d’euros sur la table.

Le Congo veut mettre fin au monopole d’Air France

«Aujourd’hui, nous avons 10% de la compagnie. Nous participerons à cette recapitalisation. Je ne sais pas à quelle hauteur, mais nous croyons au business model de ce transporteur», confirme auprès du Figaro Laurent Abitbol, à la tête du réseau d’agences de voyages Havas Voyage. Mais il y a un autre investisseur, et pas des moindres, plutôt surprenant : la République du Congo. Un acteur du tourisme aérien précise : «Ce pays veut en finir avec le monopole d’Air France sur les liaisons Paris-Brazzaville, qui propose peu de vols et fait bondir le prix des billets.» Il explique qu’un Paris-Brazzaville coûte aujourd’hui deux fois plus cher (2 000 euros) qu’un Paris-Tokyo. Pourquoi le Congo est-il prêt à injecter 15 millions d’euros ? Parce que l’État n’a pas plus de compagnie nationale et en relancer une coûterait bien plus cher.

Il n’y aura donc pas de «mariage» avec la compagnie réunionnaise Air Austral, pas plus qu’avec Air France. Cependant, si cette avancée a de quoi rassurer, il reste des écueils. Corsair doit déjà convaincre l’État français de renoncer à une partie de ses créances fiscales et sociales. Il faudra ensuite surtout convaincre Bruxelles. Problème, selon un spécialiste du transport aérien : il n’est normalement pas possible de solliciter l’Europe deux fois en moins de dix ans «pour obtenir son aval sur un plan où il y a des aides d’État». Bruxelles devra aussi juger si ces nouvelles aides d’État ne constituent pas une distorsion de concurrence, ajoute Le Figaro. Le dossier avance donc, mais Corsair est encore loin d’être sauvée.