Crise ukrainienne: Recep Tayyip Erdogan invite Kiev et Moscou à des pourparlers

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a renouvelé ce jeudi à Kiev son offre d’accueillir un sommet réunissant Ukraine et Russie pour éviter un conflit armé.

Le ballet diplomatique continue à Kiev. Après le Premier ministre britannique Boris Johnson il y a deux jours, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est déplacé à son tour en Ukraine ce jeudi. « Nous ne voulons pas d’une guerre entre l’Ukraine et la Russie et j’espère que nous pourrons résoudre le différend pacifiquement », a-t-il déclaré en préambule. Le président turc a ainsi proposé d’organiser des pourparlers de paix entre Russes et Ukrainiens, invitant en Turquie ses homologues Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine.   

Le dirigeant turc fait valoir son appartenance à l’Otan et ses bonnes relations avec Kiev pour se poser en entremetteur. Il avait déjà proposé à plusieurs reprises ses offres de service, avançant qu’en « réunissant les deux dirigeants, nous pouvons ouvrir la voie au retour de la paix ».

« Erdogan pourrait en tirer un certain prestige et un avantage au niveau politique. Il pourrait solidifier s perception en Turquie comme un leader qui a une influence qui peut peser sur les crises et qui est pris au sérieux par les responsables politiques américains et russes », analyse Sinan Ülgen, politologue et dirigeant du Centre de réflexion Edam à Istanbul.

Tout à perdre

Il faut dire que la Turquie a tout à perdre d’une guerre conventionnelle entre les deux pays. Un tel conflit pourrait mettre le feu aux poudres dans la zone de la mer Noire, qui est l’autre jardin stratégique d’Ankara. Cela pourrait aussi lui nuire sur le plan économique. La Turquie est en effet dépendante du gaz naturel russe, qui représente environ la moitié de ses importations totales, rappelle le politologue Sinan Ülgen à RFI. Son secteur touristique tire aussi une grande partie de ses recettes des visiteurs russes.

Mais Ankara entretient également avec Kiev des relations commerciales soutenues – près de 6 milliards de dollars d’échange en 2021 –, la Turquie fournissant notamment des drones de combats à l’Ukraine. Ce jeudi, outre la signature, attendue, d’un accord de libre-échange entre leurs deux pays, les présidents Zelensky et Erdogan ont d’ailleurs officialisé la construction en Ukraine d’une usine de drones d’attaques turcs Bayraktar. Kiev bénéficiant ainsi d’un transfert de technologie militaire de premier plan.

Le Kremlin voit ainsi d’un mauvais œil le renforcement de la coopération entre les deux capitales, note notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan. Un nouvel axe qui risque de changer les équilibres dans la région. Les Russes observent de très près les petits cadeaux des Turcs aux Ukrainiens.