A la recherche d’un bilan de fin de mandat, le président Sassou est chaque jour enfoncé par son entourage. Entre la stratégie de conservation du pouvoir, la guerre de succession à la primature, voire à la présidence de la République, la gestion orthodoxe des finances publiques, le régime de Mpila se cherche.
De la conservation du pouvoir
Depuis 1997, M. Sassou et son clan ont conçu des méthodes de conservation du pouvoir : le clanisme, le déni, la dictature, le vol et l’impunité. La preuve, au lieu de se préoccuper du chômage des jeunes, des hôpitaux qui ferment, des universités en faillite, des pénuries de toute genre, le PCT se précipite à lancer les précampagnes de la présidentielle de mars 2026 avec la nomination des commissaires politiques (directeurs de campagne) et parle de bonne gouvernance du Congo par des dirigeants actuels. A beau mentir qui vient de loin.
L’humiliation du PCT et de son chef Sassou, causée par son gouvernement
Pour la petite histoire, le 4 novembre 2021 a été réalisé un « casse » curieux à la Banque Postale du Congo (BPC) : le système informatique de la BPC a été hacké par des Camerounais en complicité des agents internes occasionnant une perte de plusieurs milliards XAF. Les enquêtes menées par la Centrale de Documentation et d’Information (CID) sous l’autorité du Sérénissime Grand Maître du Grand Orient et Loges Associées du Congo (GOLAC), le Général de Brigade de Police Philippe Obara, fraîchement nommé, n’ont donné aucune suite publique. Et pour cause ! Plusieurs grands pontes des finances publiques du Congo étaient largement impliqués dans cette affaire sombre et scabreuse.
Le 10 mai 2021 lorsque le Ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille Publique d’alors, Calixte Nganongo signe une prétendue Convention n°0320/MEF-CAB portant « Mandat de Gestion du Guichet Unique de Paiement(GUP) entre le Ministère des Finances et la Banque Postale » au mépris des accords avec le FMI et la Banque Mondiale, de la Directive de la CEMAC N°01/11 du 19 décembre 2011, en son article 67, ainsi qu’à la Loi organique congolaise n°36/2017 du 9 octobre 2017, relative aux Lois de finances, en son article 80, alinéa 2.
L’ensemble de ce cadre juridique, y compris les Lois des finances votées pour les cinq dernières années ont établi le Trésor Public comme exclusif gestionnaire des fonds publics à travers un « Compte Unique du Trésor ! » (CUT). Depuis ce 27 décembre 2024 tout cela explose en une seule gigantesque déflagration… Rappelons que ce document nommé « Convention » constitue déjà un précédent juridique inconcevable : un Ministère ne peut signer un acte réglementaire « enregistré » (c’est-à-dire authentifié) par le DGIDD et valant mandat synallagmatique entre la BPC et lui-même alors que ce premier relève réglementairement lui… Où est la réciprocité ici ? Roger Rigobert Andely porte ici une responsabilité historique car il est le premier à avoir créé et eu recours à ce type de stratagème en 2004 avec Gabriel Bopounza alors Directeur général de la COFIPA Investment Bank détentrice des fonds transférés d’Alassane Ouattara. Une lettre d’instruction aurait amplement et simplement suffit sur le principe d’une réquisition par l’autorité administrative moyennant compensation.
On est donc entrés depuis 2004 dans un cadre juridique inédit et jamais vu ni pratiqué ailleurs. Les dispositions qui encadrent le fonctionnement du Trésor, domaine souverain de l’État, ne peuvent être subrogées par convention de niveau réglementaire suivant le principe de la hiérarchie des normes et surtout que la souveraineté de la fonction de trésorier de l’état dont les fonds sont insaisissables. Le procureur général près la Cour suprême Théophile Mbitsi aurait dû s’auto-saisir de cette situation pour arrêter ces troubles à l’ordre des finances publiques qui relèvent de la Loi et non du règlement. Par ailleurs, la Cour suprême de Monsieur Henri Bouka en sa qualité de conseil d’État aurait dû dénoncer un dispositif qui n’a jamais été transmis pour conformité a priori, ni même au secrétariat général du gouvernement. Pire qu’une cacophonie, c’est un viol concupiscent des corps de l’état.
Ministre d’avril 2016 à mai 2021, Calixte Nganongo avait préparé cet accord depuis le 18 octobre 2016 mais le savait difficile à faire avaler. Son Accident Vasculaire Cérébral a précipité dans le puits des enfers des finances publiques déjà malmenées. Profitant du vide créé, Ludovic Ngatsé alors Ministre délégué aux Finances et Budget s’est engouffré tête baissée dans la brèche pour s’approprier le pouvoir de Grand Argentier du Congo sous l’impulsion de son mentor Jean-Jacques Bouya. Il faut dire que les sectateurs de ce « Club-Clan » ont la suite dans les idées pour préparer le prochain remplacement de Sassou Nguesso le moment opportun. C’est un secret de polichinelle !
C’est donc alors qu’il est encore Gérant Unique de la Société d’audit international Ernst & Young Congo (EY), mandat obtenu grâce à un fameux « rappel de créances perdues et miraculeusement retrouvées » de huit milliards de francs opportunément payés rubis sur ongle par le ministre des finances Pacifique Issoibeka sur la pression de son Dircab Wilfrid Ossié en 2004, que Ludovic Ngatsé a pu ainsi accéder sans coup férir au rang de Partner (actionnaire unique), en évinçant au passage son réel formateur et tuteur Nicéphore Fylla de Saint Eudes, promoteur des métiers d’auditeur, commissaire aux comptes et expert-comptable au Congo entre 1988 et 2007. EY aura été la seule compagnie d’audit international crédible qui aura certifié tous les comptes d’État comme ceux de la SNPC ou d’ECAir, mais aussi la Banque Postale du Congo (cf. Arrêté n° 14093 du MEFBPP du 23 octobre 2012 signé par Gilbert Ondongo nommant EY comme commissaire aux comptes de la BPC).
Placé de fait en situation de juge et partie, Ludovic Ngatsé a voulu se soustraire d’une situation qu’il a manipulée en secret, notamment en accélérant le rythme avant la nomination de Roger Rigobert Andely comme remplaçant de Calixte Nganongo. D’ailleurs, les décisions d’éviction de Calixte Médard Tabangoli, directeur général de la BPC et compagnie, étaient préparées et en attente d’exécution par Roger Rigobert Andely outré de constater des bêtises dignes d’incultes. Le fameux « casse » visait donc à faire disparaitre les traces des comptabilités enregistrées sur le compte d’opérations GUP dans les livres de la BPC. Objectifs atteints partiellement car, les traces sont présentes à la BEAC et donc toujours auditables ! Il s’agit pour Jean-Baptiste Ondaye actuel Ministre de l’économie et des finances d’essayer de lancer un audit vigoureux qui permettra de mettre hors d’état de nuire tous ces délinquants en col blanc. Il doit être ferme sur cette question.
Anatole Collinet Makosso (ACM) et son compère Calixte Kolyardo sont eux, « zoomés » par les services de la CID depuis les affaires FIGA, l’Archer Capital ou encore les marchés du projet PRAASED de la banque mondiale détournés. Selon certaines sources sécuritaires, Collinet, Kolyardo et Cie devraient être mis en difficulté pour les traces qui ramènent à eux à moins de vite les effacer. Le GUP est la vache à lait où peut se servir ad nutum, tant le Ministre Ngatsé, que son Dircab Sylvain Lekaka. Le Directeur Général actuel des Douanes et Droits Indirects, l’incompétent notoire Guénolé Mbongo Koumou n’est autre que le neveu direct de Ludovic Ngatsé. Il était chargé du « replenishment » du GUP grâce aux recettes du Port Autonome de Pointe-Noire qui a fini par perdre en compétitivité. À ce jour, les investisseurs préfèrent Kribi au Cameroun ou Matadi en RDC. Serge Bouya est le dernier de la bande. Nombreuses personnes pensent que, la notification de ACM car, c’est ainsi qu’il convient de la nommer, contredit Denis Sassou Nguesso qui exigeait le 28/11/2024 devant le Parlement réuni en congrès que les recettes reviennent tous au trésor public dès le 1/01/2025. Qui de Jean Baptiste Ondaye et Collinet Makosso humilie Sassou et le Congo et serait responsable de la cacophonie ?
Notons au passage que la réponse donnée par les directives de la CEMAC n 01/11-190-CM-22 du 19 décembre 2011 relative aux Lois de finances disposent que : Article 67 : « les ressources publiques sont toutes, quelle qu’en soient la nature et l’attributaire, encaissées et gérées par des comptables publics nommé par le ministre chargé des finances et placé sous son autorité elles sont versées et conservées dans un compte unique ouvert à la Banque des États de l’Afrique Centrale. Aucun compte ne peut être ouvert par une administration publique dans une banque commerciale. Sauf dans les cas et les conditions déterminées par décret pris sur le rapport du ministre chargé des finances (…) les fonds détenus par les comptables publics sont gérés selon les principes d’unicité de caisses ».
La Transposition de la directive de la CEMAC se retrouve dans la Loi organique n°36-2017 du 3 octobre 2017 relative aux lois de finances en son article 80 qui reprend entièrement l’article 67 de la directive de la CEMAC sauf à l’alinéa 2 où il diffère par ces termes : « sauf dans les cas et dans les conditions déterminées par le décret du premier ministre, chef de Gouvernement, sur rapport chargé du ministre des finances ». Étant donné que les traités internationaux (CEMAC) sont de même niveau que les traités nationaux (Congo), que le ministre des Finances n’a pas adressé les rapports exigés à sa hiérarchie et le premier ministre lui-même n’a jamais pris un décret à ce propos, cela revient à dire que Monsieur Jean Baptiste Ondaye est dans son bon droit d’exiger la fin du protocole GUP dans délais.
L’incompétence et la cacophonie sont devenues la norme de ce gouvernement qui ridiculise pour la n-ième fois la République du Congo et son chef qui est dorénavant voué à une agonie brutale et rapide.
Ghys Fortune BEMBA DOMBE