Aménagement Urbain: la nécessité d’un Plan Marshall s’impose pour la gestion des villes

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Dans les bistros, bar dancing, VIP et bien d’autres milieux publics, le débat s’intensifie et se cristallise autour de la modernisation, mieux la gestion efficiente des villes du Congo qui doivent normalement s’adapter au contexte actuel où l’urbanisation on est le schéma directeur. Les populations qui ne savent plus à quel sein se vouer, dénoncent le non pragmatisme et le manque de management des pouvoirs publics notamment dans les grands centres urbains Brazzaville et Pointe-Noire qui regorgent elles-mêmes, un fort taux de pourcentage de la population nationale. Sur ce, pour palier à toutes ses difficultés liées à l’urbanisme de ces agglomérations, il sera nécessaire de mettre en œuvre un véritable plan Marshall pour l’aménagement des villes. Une initiative louable qui pourrait être géré par un nouveau département ministériel qui s’occuperait du développement urbain et des villes.

D’après les experts des nations unies, plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes et cette population est estimée à 60% en Afrique. Cette statistique n’est pas moins réelle dans les villes de Brazzaville et Pointe-Noire, étant devenues les destinations de prédiction des Congolais pour diverses raisons, du fait de la multiplicité des problèmes que pose l’expansion sauvage dans nos villes. La réflexion sur le sujet devient alors une nécessité impérieuse surtout en cette ère de grande mutation urbaine dans le monde. La vie des citadins apparaît plus aisé car le développement des villes est planifié et intègre les besoins d’écologie et de culture ainsi que les exigences sociales. Dans le cadre du Congo, les villes sont des mégalopoles ingérables. En conséquence, elles présentent deux visages d’un côté, le centre-ville, reconnaissable par ces constructions en matériaux durables, de l’autre côté, la cité comme on l’aime l’appelée, ou il y a une absence de planification urbaine, une manque d’orientation architecturale, et de la construction en désordre. Quoi d’étonnant, si ces villes présentent une physionomie de misère, d’autant plus que les Africains eux-mêmes ont perpétué cet état de fait malgré l’évolution du temps et les indépendances, signes apparent d’un comportement dénué de toute exigence de modernité. Les égouts sont très lointains à notre réflexion, de telle sorte que le drainage des eaux constitue un véritable casse-tête, après chaque pluie. Plus d’un siècle, la notion de la poubelle et la gestion des ordures ne sont toujours pas entrées dans les méninges des populations. En Afrique ou les citoyens ont la liberté de créer le déchet, mais ignorent le devoir de l’enlever. Les Congolais ont la liberté de jeter et de déverser les eaux usées dans la rue, en matière d’écologie, les villes congolaises sont un vrai paradoxe. Comparez à d’autres villes d’Afrique où les arbres arborent les rues et les espaces verts, Brazzaville dite la verte, ne l’est pas. Curieusement on parle de l’environnement et de la protection de la nature, on ne le sent pas dans les ruelles des deux grandes villes du Congo.

La création d’un ministère du Développement Urbain et de la ville pourrait corriger !

Malgré plusieurs études, malgré des textes et règlements qui existent, les villes n’ont toujours pas intégré les paramètres d’une gestion urbaine. Le cas des PLU, plans locaux d’urbanisme de Brazzaville et Pointe-Noire dont les pouvoirs publics ont injecté des pharamineuses sommes d’argent pour leurs réalisations par des cabinets spécialisés en la matière, mais les documents produits sont rangés dans les tiroirs, jusqu’aujourd’hui sans application. Egalement le plan directeur dont on en parle plus, est-il renvoyé aux calendes grecques ? Les villes au Congo sont administrées au lieu d’être gérées. A quelques jours de la tenue du sommet des trois bassins, comme par miracle, 20 milliards de FCFA auraient été trouvés pour réaliser des travaux d’urgence dans la ville, ce que les Congolais ou plutôt les Brazzavillois appellent « Bamba Bamba » ou « Bambissa ».

Devant ce tableau sombre que présentent nos villes en matière de gestion et aménagement urbain, il est temps que le pays ou plutôt les gouvernants adoptent un véritable plan Marshall pour aménager nos villes. Il est temps de créer un véritable département ministériel qui s’occuperait spécialement du développement urbain et de la ville avec des moyens et une autonomie pour la mise en opérationnalisation de ce plan Marshall de développement. On sait tous qu’après le sommet, les choses reviendront comme avant, surtout que nous sommes en période de la saison des pluies. Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes qui mettent à mal la gestion de nos villes, on se focalise sur le rafistolage juste pour donner l’impression aux étrangers, qu’ils sont dans une ville développée, aménagée alors que tout le monde sait que les artères où passeront ces invités sont celles déjà choisies d’avance. Et c’est pour ça que le Chef de l’Etat ne peut pas faire l’économie de créer un ministère de la ville pour développer et gérer nos villes. Et si on peut subitement trouver 20 milliards pour des rafistolages, ça veut dire qu’on peut trouver de l’argent pour aménager ses villes. Aujourd’hui, l’expansion de la ville n’est plus contrôlée. Comment peut-on expliquer qu’une ville comme Brazzaville manque d’égouts d’évacuation des eaux ? Comment peut-on expliquer l’existence des caniveaux qui ne jettent nulle part ? Autant de problèmes sans parler de manque d’orientation architecturale, du manque de planification urbaine et donc de beaucoup de choses.

Aujourd’hui, la ville est séquestrée par des personnes non habilitées, et est ouverte à tous les départs débordant qui pourrissent la vie du citadin au quotidien. Cette réflexion certainement incomplète ne saurait se terminer sans participer à la recherche de solutions à cette problématique de nos villes. Brazzaville, hier ‘’Brazza la verte’’ est devenue Brazzaville la poubelle. La multiplication des constructions anarchiques à donner naissance à des zones géographiques à consonance, misérable telle quartier culotte, Dio, plan Ebalé etc… Dans ce contexte, les tentatives de modernisation de l’habitat par le biais de la SOPROGI devenue SOPRIM aujourd’hui, ne peuvent avoir de l’impact espérer en raison du déficit du logement et l’extension qui impose une course sans fin, j’allais dire extension de la ville.

Toutefois, il est de bon aloi de mentionner que certains départements ministériels qui ont eu la charge des problèmes de développement urbain depuis l’année 2000 jusqu’au jour d’aujourd’hui n’ont fait que piètre figure. Les grandes agglomérations sont restées les mêmes, aucune initiative durable pour leur gestion et aménagement malgré des budgets colossaux alloués par les pouvoirs publics.

Arsène MINAKA