Depuis 64 ans, Radio Congo-Brazzaville et nous, c’est une histoire d’écoute, d’échanges, de partage et de radio. Témoin des grands enjeux de la société congolaise, la chaîne nationale est plongée dans la précarité. Qui dit précarité dit fragilité. Et c’est en cela que la précarisation du métier menace le contenu en plus de mettre les journalistes dans des situations sociales périlleuses. Horaires difficiles, bas salaires, pression constante, éloignement géographique, culture du silence, les conditions de travail ici sont terribles. C’est tout un système qui est pris dans une logique intenable. Des conditions de travail qui se dégradent et une perte de sens grandissante.
Le matin, quand ils arrivent à la Radio nationale, certains journalistes s’empêchent d’aller faire miction. Un constat partagé par tout le personnel de Radio Congo.
Nombreux ne sont pas satisfaits de la qualité des WC de leur lieu de travail. Ce sujet apparemment anodin revêt pourtant une importance capitale : le manque d’hygiène dans les toilettes décourage le personnel de s’y rendre. Et provoque chez eux des infections et des problèmes psychologiques.
Les causes de cette saleté sont multiples : absence d’eau, de papier toilette, toilettes bouchées, absence d’essuie-main… Conséquence directe de cette situation : le personnel de Radio Congo, surtout les femmes hésitent ou renoncent à aller aux toilettes au sein de leur entreprise.
Entre les traces d’urine et des selles, nombreux rechignent à poser leur postérieur sur la cuvette. Les toilettes qui sont les endroits les plus porteurs de bactéries sur le lieu de travail.
Une panne d’ascenseur, ce n’est jamais agréable. Mais lorsque cette dernière touche le centre national de radio et de télévision, un complexe de cinq étages construit par la société chinoise China Beijing pour un coût global de 16.700.000.000 de francs CFA, financés par l’Etat congolais, et dure depuis plusieurs années, cela devient franchement problématique.
Radio-Congo, située à Nkombo, en fait l’amère expérience.
Depuis plusieurs années l’ascenseur qui dessert les cinq étages du Centre national de Radio Télévision congolais (CNRTV) est absolument hors service. La grogne monte chez certains journalistes et techniciens qui doivent parfois monter plusieurs étages par les escaliers.
C’est désormais le quotidien des visiteurs et personnel de la radio créée le 25 mai 1960.
A l’heure du numérique, Radio Congo, grande perdante de cette révolution numérique, les journalistes n’ont pas de connexion internet.
Une forte chaleur au travail peut présenter des risques pour les salariés : déshydratation, malaises, maux de tête… En cas de chaleur au travail, l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique de ses salariés. Dans les locaux fermés, l’employeur a obligation de renouveler l’air afin d’éviter les « élévations exagérées de température ». L’employeur doit donc veiller à la bonne ventilation des locaux de travail. L’employeur doit mettre à disposition de ses salariés de l’eau potable et fraîche (fontaines, bouteilles d’eau…).
A Brazzaville, les températures flirtent dans tous les quartiers avec les 40°. De quoi rendre difficile le travail, également dans les bureaux. Et notamment ceux présents dans des immeubles vitrés. La situation est d’autant plus compliquée si ces bureaux sont dépourvus de climatisation. Et c’est le cas de Radio Congo.
Des postes de travail pas dépoussiérés, des interrupteurs pas désinfectés, des locaux pas aérés… On s’arrête ici, mais l’idée est là : des locaux qui ne sont pas nettoyés deviennent de véritables nids à microbes. Et cela laisse la porte ouverte à tous les virus saisonniers ainsi qu’aux maladies contagieuses.
N’oublions pas qu’il s’agit aussi d’une question d’image. L’opinion que l’on se fait d’une entreprise passe aussi par l’hygiène.
Depuis des années, les journalistes de Radio Congo réclament toujours et sans succès, un car de reportage, ce véhicule équipé d’une régie, qui permet de transmettre en direct ou non des reportages ou des émissions effectués à l’extérieur de la chaîne nationale.
La maladie des commémorations, fêtes, anniversaires, est telle que, parfois, on aimerait ne pas verser plus que nécessaire dans la nostalgie. Avec la radio, néanmoins, aucune complaisance. La radio est toujours là depuis 65 ans ! Pourquoi ? C’est le média le plus proche, le plus accessible, le plus rapide. Il comble les solitudes, accompagne nos petits matins et nos trajets en voiture.
La radio ne véhicule pas que de l’actualité, mais aussi du rire, la réalité du quotidien ou encore de la musique. La chanson, c’est la radio !
Sans la radio nationale, combien de Franklin Boukaka, Essous Jean Serge, Pamelo Moun’Ka, Edo Ganga, Youlou Mabiala, Kosmos Moutouari, Pierre Moutouari, Locko Massengo, Theo Blaise Kounkou, Zao, Ange Lino, Fernand Mabala, Fofana Moulady, Angelou Chevauchet le Yaya, Bongo Propheta, Rapha Boundzeki, Rigadin Mavoungou, Sambadio, Chiden Dembuta, Mamie Claudia, Aurlus Mabélé, Roga Roga, Jacques Loubelo, Jacques Koyo, Panama, Aly Moulady… auraient percé et fait connaître leur talent sur le plan national et international ?
Et puis, il y a la voix, le mystère des voix, les plus douces et veloutées – celles de la nuit -, les plus dynamiques et corrosives, sérieuses et crédibles – celles des matinales.
Pour reprendre la formule du meilleur animateur de Radio Congo en 1995, Jean-Jacques Jarele Sika : « A moi la musique, à vous la danse ! ». On peut le dire de toutes les stations que nous écoutons à Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie…celles que vous voulez.
Mais à 64 ans d’activités, une cure de jouvence s’impose, et c’est la presse nationale qui gagne, le Congo aussi !
Cette situation devrait conduire les autorités à prendre une décision forte, au risque de polluer un peu plus un environnement qui l’est déjà plus que de raison.