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Lutte contre les antivaleurs : Sassou invite le ministre Ibara à prendre ses responsabilités

Le Président de la République, Denis Sassou N’Guesso, a pris l’engagement solennel de s’armer de courage pour « Lutter contre les antivaleurs dans les administrations et les organismes publics ». C’était lors du discours qu’il a prononcé, le vendredi 16 avril dernier, à l’occasion de son investiture pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête du pays. Pour ce faire, le numéro un congolais, justifiant la création du Ministère du Contrôle d’Etat, chargé de la qualité du service public et de la lutte contre les antivaleurs, a invité mercredi, lors du premier Conseil des ministres, son animateur, Jean Rosaire Ibara, à prendre toutes ses responsabilités.

Ces antivaleurs ayant pour modes d’expression, entre autres, les « détournements de fonds publics, l’enrichissement illicite et le favoritisme », Denis Sassou N’Guesso qui prenait à témoin ses compatriotes, ses homologues chefs d’Etat et des chefs de délégation venus de partout assister à sa prise de fonction le 16 avril dernier, a prêché la « tolérance zéro » et averti : « J’y veillerai, avec vigilance et sans faiblesse ».

Depuis plus de vingt ans, les congolais ont la ferme conviction qu’aucune entreprise de construction du pays et de relance de l’économie nationale ne peut vraiment prospérer si se développe la passivité face à la montée des comportements déviants.

À raison, ils attendent de Denis Sassou N’Guesso, réélu avec 88,40% des voix à la tête du pays, que soit donné un contenu réel à la lutte contre les antivaleurs afin que se produise effectivement la rupture annoncée et appelée par lui avec force.

En décidant de la lutte sans merci contre les antivaleurs pour assainir tous les secteurs de la gouvernance nationale, le Président de la République était loin de s’imaginer les entraves à ce processus. Les congolais ne sont pas dupes et désormais, le peuple sait qui est qui. Qui est avec Sassou N’Guesso, qui est contre lui.

« Face aux antivaleurs, il n’y aura ni bouclier de protection pour les uns, ni rampe de sanctions pour les autres. Il n’y aura ni menus fretins, ni gros poissons, tout passera dans la nasse de la justice ». Ces mots de Denis Sassou N’Guesso ont entre-autres passages de son discours, soulevé un tonnerre d’applaudissements, en décembre 2018, au Palais du parlement, tant sur un ton alerte et péremptoire, le chef de l’État congolais a axé l’essentiel de son discours sur des annonces qui feront date et qui tranchent nettes d’avec des pratiques qu’il a de tout temps dénoncées.

Le Congo veut se débarrasser au plus vite des antivaleurs. Cette phrase soulève bien des sarcasmes, mais aussi une lueur d’espoir : pour la première fois, les plus hautes autorités de l’Etat semblent se soucier de ce qui est un des pires maux du développement, celui qui ronge notre pays et l’empêche d’aller de l’avant : « les antivaleurs ».

Une heure, c’est le temps qu’aura duré le discours sur l’État de la Nation. La justesse du verbatim et la force des illustrations, ont tenu en haleine la représentation nationale et les corps constitués nationaux et étrangers, ainsi que la presse, qui avaient pris place dans la grande salle du palais du parlement, pour cette session plénière du parlement réuni en congrès, avec pour ordre du jour, le message du Président de la République sur l’État de la Nation.

Combien d’auto saisine, les différents procureurs à travers la République, peuvent-ils brandir, montrant qu’ils ont pris le problème à bras-le-corps. Crimes économiques, atteintes aux libertés individuelles, aliénation du patrimoine public etc. Les domaines d’investigation ne manquent pas, surtout quand par sa clameur, la population crie son exaspération.

Même quand certains services d’Investigations ont mené des enquêtes devant déboucher sur des interpellations par le corps judiciaire, celles-ci restent, sauf deux rares exceptions à minima, presque classées sans suite. Hélas…

On rappelle que le Congo est classé au bas de l’échelle en 2017 en ce qui concerne le marqueur de perception de la corruption de Transparency International. Notre pays occupe, en effet, le 159e rang sur 177 pays, et dans l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance en Afrique, nous sommes classés 42e sur 54 pays.

Les structures anticorruption mises en place par le Congo n’ont pas fourni des résultats escomptés, au bout de plusieurs années d’exercice. Il est devenu de plus en plus ardu d’obtenir normalement un document administratif ou un service dans les délais normalement impartis. Tout recours à l’administration publique ou privée pour un papier ou une pièce spécifique, voire un service dont la délivrance est censée être régentée, du type passeport, carte d’identité, intervention des forces de sécurité, un poste budgétaire, une facture au Trésor public, nécessite un pot-de-vin. A quelques exceptions près, la corruption est devenue endémique au Congo-Brazzaville et sévit à toutes les étapes de quelque processus que ce soit, particulièrement lorsque de fortes sommes sont en jeu.

La corruption et ses infractions connexes ou assimilées comme la concussion, le trafic d’influence, la soustraction et le détournement des biens, la gestion frauduleuse, l’enrichissement illicite, le favoritisme, la prise illégale d’intérêt, les abus des biens sociaux et le blanchiment des capitaux constituent un obstacle à l’éradication de la pauvreté et sape la capacité du pays d’atteindre ses objectifs du développement.

Le 31 juillet 2016, le président de l’ex Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Lamyr Nguelé, a accusé le Parquet de Brazzaville de ne pas engager les poursuites judiciaires contre les tierces sur certains dossiers avérés.

Quoi qu’on en dise, le PCT, principal parti de la majorité présidentielle, devrait être à l’avant-garde de l’action du président. Dans la lutte contre les antivaleurs, il est temps que ce parti qui jusque là s’illustre par les intrigues et le silence coupable sur la question, donne le ton, imprime le rythme et marque la cadence, afin de servir de levier d’entrainement à tous les congolais. Le contraire serait une démission blâmable et coupable.

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