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Caisse de Retraite des Fonctionnaires (CRF) : la vache à lait de la république

S’il est des personnes qui se réjouissent du versement régulier des pensions que l’on constate ces derniers temps à la Caisse de retraite des fonctionnaires, ce n’est point les retraités eux-mêmes, mais l’oligarchie incarnée par la tutelle et la direction de la caisse. Paradoxal, me diriez-vous. Et pourtant c’est la triste réalité.

La Caisse de retraite des fonctionnaires est une véritable vache à lait. Lorsque le virement des pensions a été effectué par le trésor public, essayez de vous attarder furtivement devant la CRF. Dans les heures de l’après-midi, alors que le travail a pris fin depuis 14h, vous pourriez avoir l’agréable surprise de voir des agents sortir avec des sachets aux contenus quelque peu trouble. Il s’agit d’importantes sommes d’argent qui franchissent le portail de la CRF, sans intriguer personne. Un jour, la directrice financière s’est fait prendre par les agents commis à la sécurité de l’institution. Dissimulé dans sa voiture, un sac nguiri rempli de billets de banque. L’affaire fut gérée avec beaucoup de tact et de discrétion qu’elle ne transpira pas dans la presse locale.

Sous le règne d’Albert OTTINA, Gilbert ONDONGO, alors ministre de tutelle, avait dissimulé dans le budget de la CRF, des lignes budgétaires du genre « lutte contre la fraude » lui permettant d’empocher des grosses sommes d’argent que le directeur général déposait discrètement à son cabinet. François NGUIMBI n’a pas dérogé à la règle. A chaque virement des pensions, il prend soin de prélever la « dîme » de son ministre de tutelle. Il n’est pas exclu qu’il se serve lui-même. Autrement dit, avec quels moyens a-t-il bâti son empire d’écoles privées dissimulées à Pointe-Noire et Dolisie ? Avec quoi a-t-il construit la belle villa qui sert de siège aux sages de la Bouenza à Mouyondzi ? Ces derniers temps, il est devenu le passager privilégié d’Air France qu’il emprunte régulièrement pour aller faire ses emplettes à Paris.

Quant à Firmin AYESSA qui n’a jamais apprécié son départ du Cabinet du Chef de l’Etat, l’amertume a disparu depuis que les pensions sont payées régulièrement. Lui qui n’a pas été capable de soutenir en conseil des ministres la mise à disposition de la CRF des moyens suffisants pour payer régulièrement les pensions, s’en réjouit. Chaque fin de mois, grâce aux dépôts effectués par la CNSS et la CRF, il a retrouvé le sourire.

A la fin de la guerre du 5 juin, la caisse de retraite des fonctionnaires comptait quelques 330 agents. Elle en compte aujourd’hui pas moins de 1.500 alors même que le tiers suffirait. L’essentiel de ces effectifs est constitué de décisionnaires et contractuels recrutés en toute opacité et de façon anarchique par les différents ministres et les directeurs généraux qui se sont succédés. Même les directeurs départementaux ont recruté alors qu’il n’en avait pas la compétence. Bien qu’évoluant dans une institution chargée de gérer les pensions, ces décisionnaires et contractuels courent eux-mêmes le risque de ne pas en bénéficier parce que leur employeur ne verse plus leurs cotisations à la CNSS depuis des décennies. La victime résignée de cette situation est l’ancien et célèbre photographe Makabus, maintenu en activité plusieurs années durant après son admission à la retraite, la CRF n’ayant pas cotisé pour lui afin de lui faire bénéficier d’une pension à la CNSS.

Pendant qu’à la direction générale du budget du ministère des finances, les syndicats luttent âprement pour obtenir le départ des agents retraités, à la CRF les bureaux grouillent de nombreux fonctionnaires atteints par la limite d’âge de la retraite, agrippés à leurs postes de travail comme des sangsues, brandissant chaque fois des prolongations d’activité obtenues avec la complaisance du directeur général et de la tutelle. Ces fonctionnaires continuent de peser sur les finances de la CRF dont le budget est réalisé sur les cotisations versées pour payer les pensions. Quant on sait que chaque mois de nombreux fonctionnaires retraités frappent à la porte de la CRF, l’institution gagnerait à mettre fin à cette pratique afin de disposer de suffisamment de moyens pour faire face aux pensions.


Nito Alvès

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