Pluie de missiles russes sur l’Ukraine, Moscou évoque des «représailles»

Des frappes se sont produites cette nuit du 9 mars à travers l’Ukraine. À Kiev notamment, mais aussi dans la région de Kharkiv et d’Odessa. De nombreuses infrastructures énergétiques ont été touchées. Moscou dit avoir « massivement » bombardé l’Ukraine en « représailles » à une récente incursion.

À Kiev, une alerte a retenti peu après minuit, les sirènes ont sonné au-dessus de la ville, comme dans beaucoup d’autres régions ukrainiennes, relate notre correspondante dans la capitale ukrainienne, Emmanuelle Chaze. Ça a donc été une nuit assez longue, une nuit d’attente, une nuit d’angoisse pour ceux qui étaient encore réveillés, mais beaucoup aussi ont été réveillés par une explosion vers 5h30, heure de Kiev, une première explosion très forte en centre-ville suivie par d’autres. Les autorités disent que c’est le travail de la défense aérienne, mais précisent aussi qu’il y a des blessés, ce qui a été confirmé par le maire de la ville, Vitali Klitschko.

On compte également des coupures d’électricité d’urgence qui ont été mises en place à travers la ville. Environ 15% des habitants dans la capitale ukrainienne étaient privés de courant et 40% des usagers à Kiev privés de chauffage à cause des frappes. Les autorités ont demandé aux habitants de se mettre à l’abri, en sous-sol, dans le métro, dans des parkings souterrains. Malheureusement, ça n’a rien d’inhabituel ici pour les Ukrainiens qui subissent ces attaques depuis plus d’un an maintenant.

Dans l’ensemble du pays, des frappes particulièrement massives et intenses

Voilà près d’un mois qu’on n’avait pas vécu une attaque de cette ampleur. Beaucoup de gens ici ont finalement appris à vivre avec ce danger au-dessus de leurs têtes, beaucoup de personnes disent qu’elles ont toute confiance dans la défense aérienne ukrainienne. Mais au-delà, au niveau des alertes, des informations étaient parvenues, indiquant de possibles frappes massives cette nuit, notamment via le silence radio sur les ondes utilisées par l’armée russe.

En général, cela indique une attaque imminente. Et là, effectivement, cela s’est vérifié avec des frappes sur l’ensemble du pays : sur Nikolaïev, sur Dnipro, sur Odessa, Jytomyr, même Ivano-Frankivsk dans l’ouest du pays. Trois personnes ont été tuées à Kherson, a indiqué le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak sur Telegram. Dans la région de Lviv, une frappe russe a tué au cinq personnes. La ville de la région de Kharkiv a été également durement touchée, plus de quinze fois. Cette ville de l’est de l’Ukraine s’est retrouvée ce jeudi matin sans électricité, eau ni chauffage, a annoncé son maire Igor Terekhov. Par ailleurs, la centrale nucléaire de Zaporijjia a été privée de courant durant une partie de la journée.

La défense anti-aérienne ukrainienne a réussi à abattre « 34 missiles » sur 81 ainsi que quatre drones explosifs Shahed de fabrication iranienne sur huit, a indiqué le général Valery Zaloujny sur Telegram. Mais le problème est que pour l’instant l’Ukraine n’a pas les moyens d’intercepter les missiles hypersoniques de type Kinjal, notamment du type C-300. C’est ce genre de missiles qu’on a vu produire énormément de dégâts. Il y a deux mois, le 14 janvier dernier, une attaque avec ces mêmes missiles avait touché la ville de Dnipro et causé la mort de 46 personnes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé les « misérables tactiques » russes après cette nouvelle vague de frappes massives qui ont visé la capitale et neuf régions de son pays. 

Cette nouvelle salve de frappes intervient alors que depuis des semaines, l’attention se portait surtout sur le sort de Bakhmout dans le Dombass. Mercredi, le groupe de paramilitaire russe Wagner a revendiqué la prise de la partie orientale de la ville. « Bakhmout pourrait tomber dans les prochains jours », a prédit le Secrétaire général de l’Otan qui a appelé à continuer à soutenir l’Ukraine.