Oligui Nguéma éclipse le Congo et son Président

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La préférence du Président américain, Donald Trump, d’avoir comme interlocuteur en Afrique centrale francophone le Président du Gabon Brice Clotaire Oligui Nguema, au mini-sommet USA-Afrique du 9 au 10 juillet 2025, prouve une fois de plus que la diplomatie et l’avenir du Congo ont pris une tangente incertaine que mêmes les chantres du pouvoir ne peuvent expliquer.

Adoubé par Trump, Oligui Nguéma attirerait désormais vers lui minerais, sécurité et alliances, reléguant ainsi la capitale congolaise au rang de spectatrice d’un basculement régional inévitable. C’est bien Oligui Nguéma qui capte désormais les projecteurs géostratégiques. La rencontre inédite programmée à Washington entre Trump et cinq chefs d’État africains est le signe le plus clair du basculement des priorités américaines dans la région.

Le Gabon, avec son manganèse, son uranium et sa façade atlantique de 800 km, devient l’interlocuteur privilégié pour sécuriser les corridors miniers critiques et contrer les influences chinoises, russes ou turques.
Pendant ce temps, Brazzaville est tenue à l’écart, perçue comme un État prédateur à la dette opaque, plombée par des spreads obligataires supérieurs à 450 points de base et incapable d’offrir des garanties politiques solides hors d’une logique monarchique usée. Ainsi, tandis que Sassou s’emploie à organiser noces princières et vitrines biofuel pour prolonger la fiction d’un État moderne, la réalité du Congo apparaît pour ce qu’elle est : une architecture sophistiquée de militarisme ethnique, de rente détournée et de lignage sacralisé, désormais contournée par les grandes stratégies géopolitiques qui préfèrent investir ailleurs leur capital diplomatique et économique.

Le Congo livré au tribalisme

Au fil du temps, M. Sassou a consolidé son pouvoir en l’adossant à une mise en scène quasi monarchique et tribale où Oyo est devenu la capitale rituelle du régime, accueillant obsèques nationales, grandes messes officielles et même certaines rencontres diplomatiques et mystiques. Le clanisme dans l’appareil diplomatique bat son plein au point de voir des illettrés peupler nombre des ambassades du Congo. Comment expliquer, par exemple, que sur tout le personnel que compte la représentation diplomatique congolaise à Londres, seuls 2 s’expriment couramment en anglais ? Leur seul mérite, c’est d’être Mbochi…

Dans cette logique de sacralisation du lignage, Denis Christel Sassou Nguesso, dit Kiki, s’est vu confier la gestion des flux pétroliers et miniers, préparé à incarner la continuité économique. Mais plus significatif encore est le rôle désormais accordé à Omar Denis Junior Bongo (ODJB), petit-fils de M.Sassou et fils d’Omar Bongo, qui, par son mariage initialement programmé pour août 2025 à Oyo puis ramené en 2026 dans le Haut-Ogooué au Gabon, entérine la fusion symbolique des deux dynasties et projette une continuité lignagère à l’échelle régionale. Ce scénario s’organise sous l’œil bienveillant de Brice Clotaire Oligui Nguema, devenu l’homme fort du Gabon, qui facilite cette recomposition tout en asseyant sa propre légitimité de protecteur du nouvel axe Sassou-Bongo.

Ghys Fortuné DOMBE BEMBA