Nouvelle-Calédonie: écrasante victoire du «non» à l’indépendance, sur fond d’abstention record

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Le « non » à l’indépendance l’emporte de manière écrasante, dimanche 12 décembre, lors du troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, marqué par une abstention record après l’appel des indépendantistes à bouder le scrutin. Le « non » à l’indépendance de cet archipel français stratégique du Pacifique-Sud l’emporte à 96,49%, selon les résultats officiels.

Les indépendantistes avaient annoncé qu’ils ne se rendraient pas aux urnes, invoquant l’impossibilité d’organiser « une campagne équitable » alors que l’archipel est touché depuis septembre par l’épidémie de Covid-19 et que la population kanak est plongée dans le deuil. Le mot d’ordre de non-participation du FLNKS et de tous les nationalistes semble avoir été suivi à la lettre. La participation à 17h00 s’établissait à 41,60%, en chute libre par rapport aux précédents référendums.

Dans ce contexte, la victoire des loyalistes était attendue et tous les états-majors sont déjà en train de réfléchir à leurs propositions pour la suite.

Emmanuel Macron prend acte

Emmanuel Macron s’est exprimé après l’officialisation des résultats et a pris acte solennellement des la volonté des Calédoniens de rester « dans la République et dans la Nation française ». « Ce soir la France est plus belle car la Nouvelle Calédonie a décidé d’y rester », a affirmé Emmanuel Macron comme en écho à ses propres paroles lors de son passage dans l’archipel en 2018 quand il avait affirmé : « La France ne serait pas la même sans la Nouvelle-Calédonie ». Ce fut la seule position exprimée par le chef de l’État avant ce troisième et dernier référendum. Sa volonté de neutralité lui ayant d’ailleurs été reprochées par l’opposition de droite qui attendait de sa part un engagement en faveur du maintien dans la Nation française, rapporte notre journaliste politique Valérie Gas.

En prenant la parole dès l’annonce des résultats, Emmanuel Macron a voulu se présenter comme le garant des institutions et engager l’étape d’après. celle de la « transition » en invitant les parties prenantes à « bâtir un projet commun en respectant la dignité de chacun » et de citer notamment les Kanaks qui demandaient le report de ce dernier vote en raison du deuil des victimes du Covid-19. Emmanuel Macron n’a pas manqué au passage de montrer sa compréhension en adressant une « pensée à ceux qui pleurent un proche ».

Période de transition à venir

En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l’État qu’après le 12 décembre s’ouvrirait « une période de stabilité et de convergence » avant un « référendum de projet » d’ici juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la Constitution d’un nouvel État et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.

Nous aurons à construire une place pour la Nouvelle-Calédonie en Indo-Pacifique

Emmanuel Macron, président de la République française

Le dialogue ne sera cependant pas si facile. Le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi qu’ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l’élection présidentielle française en avril 2022.

« Une partie des formations politiques indépendantistes ne souhaite pas négocier avant la présidentielle : nous en prenons acte. L’État n’entend pas non plus confondre vitesse et précipitation dans cette phase importante. La déclaration de Paris du 1er juin dernier venant sécuriser la fin de l’accord de Nouméa permet d’envisager cette période de transition jusqu’en juin 2023 », a-t-on indiqué dans l’entourage du ministre.

(avec AFP)