Le prisonnier et les prisonniers du tribalisme du Congo

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1869

C’est au Congo-Brazzaville qu’il existe une ascension sociale par le lien du sang et d’appartenance à un groupe tribal hétérogène qui n’admet pas les autres dans les hautes fonctions de l’État. Ces hommes et femmes ont eu la chance d’avoir bénéficié de la générosité d’un État qui ne distinguait l’origine tribal du candidat à postuler à un poste quelconque de l’administration. Le principe de l’émancipation des individus était sa doctrine. Seul comptait le talent du candidat à postuler à un poste donné selon ses capacités. La droiture de l’État montrait à tout un chacun comment devenir un grand serviteur de l’État sans le coup de pouce de son frère, de son cousin, de son oncle. La voie du concours permettait de monter en grade, l’ancienneté concourait à franchir la supériorité. Il y avait le pouvoir de notation du chef de service qui donnait des notes en toute impartialité sans lire le nom de la Tribu du nominé. Ce bon temps des hommes intègres et libres de leur jugement a disparu. Les règles administratives exactes établissant l’harmonie étaient la Bible des administrateurs.

Il fallait montrer au colon, que le noir, le congolais pouvait prendre le relais en assurant la continuité administrative de l’administration. Donc, le noir ou le colonisé montrait sa maturité et le sens de la gestion des choses. Ainsi la grandeur honorait les nouveaux successeurs des colons dans la gestion des affaires de l’État. Ce successeur du colon, dans son coeur et dans son esprit disait : Je suis l’égal et non son inférieur. Car, ma science administrative enseignera mon maître d’hier. Mais, nous tous, nous n’avions pas la même conscience d’être et de devenir le maître d’une conscience en construction et en devenir. Sortir du mépris colonial pour une vraie libération par le travail bien fait, qui émancipe ma personne et celui du voisin. Car l’ennemi parti, le colon qui ne voulait pas mon bien et avait retardé ma conscience d’être moi-même ne pouvait plus décider à ma place, cette place prise par une longue lutte de mes ancêtres devait honorer mon peuple et mon pays. Mais des gens sans éducation civique, politique, philosophique, religieuse, sociale et militaire ont détruit le chemin de mon émancipation. Leur ascension frauduleuse dans l’État est un phénomène lié à la brutalité.

1 – L’ASCENSION DES BRUTES À LA TÊTE DE L’ÉTAT.

Il fallait s’y attendre de la fausse révolution d’août 1963 qui ramena une conception brutale de la prise du pouvoir. Refus de l’excellence et de la vertu, une conception musclée des rapports humains vint s’établir privilégiant le refus de l’écoute de l’autre, de la compétition des hommes et des idées. Il fallait être tout rouge pour vivre dans la Cité. La blancheur synonyme de la vérité pris un coup et le mensonge pris son ascension. Les civils cédèrent le règne de la raison à l’arbitraire. De là surgirent des types d’hommes et femmes malhonnêtes marchant par distinction idéologique dont le fond était tribal. L’arme devint un droit de cité, le droit de la force avait sa conquête dans l’espace politique, administratif, économique et social. Et en 1968, le Truiwirat Marien Ngouabi, Joachim Yhomby Opango et Denis Sassou Nguesso devinrent des intouchables et un État tribal vint détruire les symboles de la compétence. La lignée sanguine devint l’ordre de nomination, le népotisme, le régionalisme, le vol, le non mérite assombrirent l’ordre étatique. Les trois furent des prisonniers du manque de connaissance de l’État comme règne de l’intelligence.

2 – QUI N’EST PAS LIBRE ET CIVILISÉ NE PEUT ÉLEVER UN PAYS.

Celui qui est civilisé ne peut civiliser son prochain dans la droiture. Celui qui est sauvage ensauvage un autre et va à la destruction de l’État. Sans un ancêtre de qualité qui peut me montrer le chemin. J’adopte le chemin de l’aveuglement et de la proximité de mon coin en me faisant le héros de tout un clan. J’entraîne cette multitude des gens aveugles dans ma logique déroutante. Ce cercle de l’aveuglement n’est pas un lieu libre, l’obéissance aveugle est le principe. Nul ne peut sortir de cette logique sans subir un sacrifice. Marien Ngouabi sera victime de son système, car à la fin, le chemin était devenu un labyrinthe. Le progrès y est banni.

3 – LE PAYS EST ARRÊTÉ COMME UN LAC QUI DOIT TARIR.

Il y a un lac qui n’y est plus. C’est le lac Tchad qui a perdu sa croissance en eau. Ainsi le Congo-Brazzaville s’est arrêté depuis Mars 1977 (18 Mars 1977) assassinat de Marien Ngouabi, voulant sortir du système qui l’avait détruit. Joachim Yhomby Opango continua le même système en s’entourant des siens et coula avec le même système. Aujourd’hui, Denis Sassou Nguesso est maître du mal, il a hissé au plus grand degré le tribalisme et il en devient esclave du système qui lui assure la sécurité du pouvoir.

Depuis le Congo-Brazzaville est arrêté et ne bouge plus. Parce que dans sa tribu c’est l’ensauvagement qui y règne, et le questionnement n’existe pas, d’où l’on va. Où va ma tribu ? Qu’elle est est le visage de celle-ci dans l’État et l’ensemble de la Nation congolaise ? Je n’aime pas la Liberté et j’aime l’arbitraire qui est l’expression de ma vie. Même si le Congo-Brazzaville qui est à l’arrêt et n’avance guère par ma faute. Car j’ai peur du lendemain qui emprisonne ma vie.

Je ne connais que la DICTATURE et non la DÉMOCRATIE et la LIBERTÉ.

Fernand Mathias Ndalla