E2C – Finances : imbroglio et perspectives après la suspension de la convention d’affermage

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Après la suspension du contrat d’affermage entre le gouvernement et la SENELEC, les choses n’ont pas repris leur cours normal à E2C : les perturbations et les tractations persistent au point de penser à une main noire aux conséquences colossales. Pourtant, des pistes de solution durable ne manquent pas.

Le 25 février, M. Sassou a instruit Anatole Collinet Makosso (ACM) de surseoir la réforme de E2C. Le 26 au sortir du Conseil des ministres, ACM et ses sicaires ont vainement tenté d’étouffer la voix de la modération syndicale. Ces derniers ont consolidé leurs positions sur un rejet net et complet de la convention d’affermage. Le jeudi 27 février, Isidore Mvouba (ISIS) a proposé une sortie honorable à ACM et ses sicaires qui étaient dans l’impasse totale. En amont, il lui a communiqué les questions (y compris celle de Jean Claude Ibovi). ISIS a tenté de sauver son petit ACM de son propre orgueil, tout en offrant à M. Sassou une voie de sortie. Il a simulé la suspension de la convention tout en sachant qu’au nom de la séparation des pouvoirs il n’y peut rien, sauf tromper les aveugles.

Le 5 mars, ACM a pris le décret n°2025-54 du 5 mars 2025 mettant en place une commission technique interministérielle chargée de réexaminer la convention d’affermage du service public de distribution en vue de la vente de l’électricité en République du Congo.

Dans la foulée, il a instruit Émile Ouosso de prendre une note d’application. Le même jour, ce parfait bouc émissaire, a pondu la note n°0076/MEH/CAB suspendant provisoirement ladite convention. Il faut dire que bien avant cette instruction, Émile Ouosso, fidèle à ses habitudes face aux délestages récurrents et aux différentes alertes, s’est rendu en pleine nuit visiter les pylônes de Djiri menacés d’écroulement avant de poursuivre sa ronde dans les différents centres névralgiques de E2C. Cette initiative traduit-elle une interrogation profonde et sérieuse quant à la concomitance entre les perturbations électriques qui s’accélèrent et la volonté de retrait de la convention d’affermage d’avec la SENELEC, pour répondre aux injonctions des syndicats de E2C ? Peut-on penser que certaines officines au sein des pouvoirs publics seraient animées d’une volonté de jeter l’opprobre sur le collège syndical aux fins de le discréditer comme le pense Joseph Marotti Ouabari ? Il n’y a-t-il pas une main noire tapie dans l’ombre qui souhaite exacerber les tensions et créer un chaos électrique et social susceptible d’emporter le pouvoir ?

Comme il fallait s’y attendre, ce 11 mars 2025, la Fédération syndicale des travailleurs de l’Industrie et de la métallurgie (FESYTRIM-CSTC) et le Collège Syndical de la société E2C ont dénoncé le caractère partiel et partial du décret du Premier ministre ACM selon eux. L’exigence est celle d’une annulation pure et simple de l’ensemble des conventions signées, barrages y compris. Dans la foulée, un préavis de grève pour le 14 mars est déposé. Dans ce contexte d’échauffement des esprits, il serait temps d’explorer d’autres pistes de sortie susceptible de soulager et d’apaiser le climat social :

  • la recapitalisation de E2C ;
  • l’annulation de tous les contrats de concession (barrages inclus) ;
  • le changement du conseil d’administration de E2C ;
    -l’audit de E2C
  • l’interpellation d’Adou Danga et autres ENCO ( Ndinga Oba Mwabé qui a mis précédemment le CHUB à terre et est cité avec Florent Tsiba dans la scandaleuse affaire qui oppose Airtel SA à Daniel Henri Patrick Mbéré, -nous y reviendrons-). E2C, une recapitalisation nécessaire et urgente

L’initiative revient à Christian Yoka, en sa qualité de patron du Portefeuille Public. En lançant une augmentation de capital de E2C SA, on passerait de 100 millions (actuel capital social) à 100 milliards de XAF. L’écart à combler serait de 100 milliards – 100 millions = 99,9 milliards XAF. Pour atteindre cet objectif, on émettra de nouvelles actions par apport en numéraire. Si on garde la valeur nominale de 100 000 XAF/action, il faudra émettre 99,9 milliards/100.000 = 999.000 actions nouvelles. Nouveau total d’actions : 1 000 (anciennes) + 999 000 (nouvelles) = 1 000 000 d’actions.

Cette recapitalisation populaire de E2C par Offre Publique de Vente (OPV) par appel à l’épargne populaire serait l’opportunité à laquelle tout le monde pourrait et devrait souscrire. L’appel de fonds se faisant par quart, seuls 25.000 XAF seront nécessaires à libérer par action initialement. Les 75.000 FCFA restants pourront l’être d’ici fin 2025. Voilà un résultat solide qui pourra être répété à l’envie avec LCDE, CFCO, PAPN, etc., qui sont des monopoles d’État très rentables. Par ailleurs la nouvelle géographie du capital serait populaire et tout le monde aurait accès aux contrats et à la gouvernance. Ensuite les relais avec la SFI de la banque mondiale interviendront pour financer les opérations de croissance à taux concessionnels.

Les suggestions pour sortir le pays de sa léthargie ne devraient pas faire défaut. Surtout que plusieurs Congolais ont des cerveaux gris et non bleus comme l’a démontré, le jeune docteur Bredin Bissila Nkounkou à sa soutenance de thèse à Douala. Si donc ACM et son mentor ne sont pas dans la logique d’aliéner les biens de l’État et de se les approprier par des pseudos sociétés écrans, ils doivent réunir toutes les intelligences plutôt que persister avec une suspension dont personne ne veut.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE