Comment le « loukosso » du Dg des douanes Brazzaville a failli faire quitter Dangote le Congo

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Une gestion habile d’un conflit administratif à forte odeur de « madesu ya bana »

Le Directeur général des douanes et droits indirects, Guénolé Mbongo Koumou, a su faire preuve d’une remarquable ingéniosité pour éviter l’arrêt de la production de Dangote Cement Congo. Cette situation découle d’une bataille administrative peu médiatisée entre la cimenterie Dangote et les autorités départementales des douanes de Brazzaville.

Dangote Cement Congo, une filiale du groupe éponyme, se trouve confrontée à des défis économiques exacerbés par les conséquences collatérales du conflit russo-ukrainien. En raison de ces circonstances défavorables, l’entreprise a sollicité une réduction des coûts transactionnels liés aux frais de la Taxe Extra Légale (TEL). Dans ce cadre, elle a proposé l’ouverture des bureaux de douanes durant les heures supplémentaires en échange d’un versement forfaitaire mensuel s’élevant à 800 000 FCFA, selon les correspondances auxquelles nous avons eu accès.

Pour répondre à ses besoins d’exportation vers la République Démocratique du Congo et la République Centrafricaine, Dangote Cement Congo a obtenu un accord avec la direction départementale des douanes et droits Indirects de Brazzaville pour un paiement forfaitaire de 1 000 000 FCFA, que l’entreprise s’acquitte régulièrement depuis 2022. Cependant, récemment, des complications sérieuses ont émergé avec les services douaniers de Brazzaville. Ces derniers exigent désormais que Dangote paie directement des frais déjà couverts par le montant forfaitaire convenu. Une telle exigence constituerait un double emploi et engendrerait une perte significative pour l’entreprise.

Auparavant fixée à 1 000 000 FCFA pour le forfait, la situation a pris une tournure préoccupante lorsque le directeur départemental des douanes a imposé un nouveau tarif : désormais, chaque lot de 1 000 tonnes exportées serait assujetti à un paiement supplémentaire d’un million de FCFA. Ainsi, pour une production destinée à l’exportation de 4 800 tonnes, Dangote se verrait contraint de régler près de 5 000 000 FCFA en plus des frais additionnels de droits de douanes de 1 800 000 FCFA. Actuellement, le directeur départemental refuse de signer trois dossiers d’exportation tant qu’il n’aura pas perçu un montant supplémentaire de 2 800 000 FCFA.

De surcroît, les douanes départementales de Brazzaville, notamment la brigade commerciale, le chef de tente et la subdivision portuaire, imposent un supplément non officiel de 150 000 FCFA par dossier au titre de « madesu ya bana », une expression congolaise désignant des pots-de-vin implicites. Ces surcoûts sont insoutenables pour Dangote Cement Congo compte tenu des pertes d’exploitation qu’elle subit en raison du contexte économique actuel.

Face à cette situation alarmante, il a été rapporté que l’entreprise envisageait initialement de suspendre sa production au Congo ou même d’envisager, au pire des cas, une délocalisation vers la République Démocratique du Congo.

Suite à la demande d’arbitrage formulée par Dangote auprès de la direction générale des douanes et droits indirects, il a été décidé que Michel Poho, inspecteur adjoint des douanes et Chef de service des finances et du matériel à Brazzaville, est relevé de ses fonctions pour manquement aux règles d’éthique et aux normes déontologiques.

Guénolé Mbongo Koumou a dû faire preuve d’un tact indéniable pour apaiser les inquiétudes d’un partenaire clé qui contribue significativement au Produit Intérieur Brut (PIB) du Congo. Reste cependant entier le cas du directeur départemental des douanes et droits indirects de Brazzaville.

A. Ndongo, journaliste économique et financier