Christian Yoka n’est pas encore le « cost killer » ni l’expert tant attendu

0
216

En tant que gestionnaire avisé, un ministre des finances se doit normalement de traquer les gaspillages et de mettre de l’ordre dans les finances publiques. Dans le contexte difficile actuel que traverse le Congo, il lui incombe d’être un bon baroudeur imaginatif qui doit veiller à la qualité des dépenses tout en optimisant le recouvrement des recettes publiques afin de réduire considérablement le cycle de l’endettement. Or, force est de constater qu’aucune avancée significative n’a été réalisée depuis l’arrivée de Christian Yoka à la tête du ministère des finances, du budget et du portefeuille public en janvier 2025. Rien n’est plus erroné !

Gravissime. Le certificat garantissant l’intégrité du site du ministère des finances a récemment expiré, exposant ainsi des données sensibles d’un ministère régalien à des risques d’insécurité. Gare aux cyberattaques! Bien que ces données soient hébergées dans un cloud (américain ?) pour leur sécurisation, la crédibilité du pays demeure entachée. La direction des systèmes d’information(DSI) du ministère des finances apparaît inopérante, comme en témoignent non seulement l’insécurité informatique à laquelle les données sont soumises, mais également le quasi-échec du projet du nouveau Numéro d’Identification Unique (NIU), censé répertorier tous les agents économiques dans le but de disposer d’un fichier fiable permettant au fisc congolais d’améliorer son suivi dans ses opérations de recouvrement auprès des contribuables. Selon certaines indiscrétions, on envisage même de ressusciter l’ancienne version du NIU afin que les impôts ne soient pas en difficulté. Vrai ou faux? Toujours est-il que depuis sa nomination à la tête du ministère des finances, Christian Yoka semble, selon l’avis des observateurs, être sous l’influence de ses collaborateurs les plus proches, alors qu’il est possible qu’il ne soit pas réellement dans cette posture. Cela risque d’amener certains d’entre eux à être perçus comme des manipulateurs. Des voix critiques n’hésitent pas à affirmer avec conviction que « le ministre ressemble à un orphelin devenu otage d’un clan manipulateur ». Il ne semble être le maestro d’un orchestre où les rôles sont intelligemment attribués. Le ministre donne l’impression d’être déconnecté des réalités congolaises, au point de nommer sans discernement les personnes que ses collaborateurs lui présentent, sans enquête préalable sur leur moralité…

Cette déconnexion pourrait-elle être attribuée au long parcours scolaire, académique, couplé au séjour professionnel de Christian Yoka, resté loin du Congo après son départ de l’ancienne École des Cadets de Brazzaville et son séjour professionnel en France au sein de l’AFD? Son retour au pays natal s’apparente à un cheminement douloureux où même un moustique peut faire vaciller un éléphant grâce aux interconnexions à la fois politiques et autres « congoloseries ». Autant d’étiquettes qui semblent coller à la peau du jeune ministre.

Pourtant, confie un proche collaborateur du ministre avec sincérité, il réalise une véritable prouesse en parvenant à payer mensuellement une partie des fonctionnaires de l’État, notamment ceux ayant domicilié leur compte dans une banque commerciale — un montant supérieur à 110 milliards de FCFA est nécessaire pour payer mensuellement les fonctionnaires(92 milliards de FCFA) et les pensions de retraite(13,7 milliards de FCFA)— auxquels s’ajoutent les institutions bénéficiant d’un budget de transfert.

Il est indéniable que le ministre éprouve souvent des difficultés à trouver le sommeil à l’approche de la fin du mois. Tel fut le cas en mai dernier lorsque la société d’intermédiation financière Archer a dû à nouveau être sollicitée pour combler le déficit destiné au paiement des salaires via le marché des titres publics de la BEAC. « Sur 100 milliards de FCFA sollicités, elle n’en a eus qu’une partie », confie un proche du dossier. Preuve que la signature du Congo se degrade davantage. C’est une occasion tout indiquée pour Yoka de faire preuve d’une ingéniosité .

Ministres, députés et sénateurs ne perçoivent plus leurs émoluments depuis quatre mois. Les fonctionnaires, notamment ceux qui touchent leur salaire directement au guichet du Trésor public, accusent encore deux mois d’arriérés représentant près d’un milliard de FCFA. Les temps sont véritablement difficiles à Brazzaville pour que Christian Yoka puisse devenir ce « cost killer », cet aventurier imaginatif dont le pays a besoin à l’approche de la présidentielle 2026, plutôt que l’ yexpert qu’il a été dans la gestion des projets au sein de l’AFD où les cabinets d’audit se chargent simplement du respect des procédures et ratios pour évaluer le capital humain.

A.Ndongo, journaliste économique et financier