Affaire George Floyd: l’ancien policier Derek Chauvin écope de 22 ans et demi de prison

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L’ancien officier de police de Minneapolis, Derek Chauvin, a été condamné vendredi à 22 ans et demi de prison pour le meurtre de George Floyd, dont les derniers soupirs sous les genoux de Chauvin ont provoqué le plus grand tollé contre l’injustice raciale aux États-Unis depuis des générations.

La peine prononcée vendredi est inférieure aux 30 ans que les procureurs avaient demandés.

Avec une bonne conduite, Chauvin, 45 ans, pourrait être libéré sur parole après avoir purgé les deux tiers de sa peine, soit environ dans 15 ans.

Peu avant sa sentence, le désormais ex-policier a rompu le long silence qu’il avait gardé jusqu’ici, pour présenter ses « condoléances à la famille de Floyd ».

Chauvin, qui n’a pas témoigné à son propre procès, a déclaré: « J’aimerais présenter mes condoléances à la famille Floyd. Il y aura d’autres informations à l’avenir qui pourraient être intéressantes. Et j’espère que cela vous permettra d’avoir l’esprit tranquille », a-t-il dit, sans donner plus de détails.

L’avocat de Chauvin, Eric Nelson, a qualifié la mort de Floyd de « tragique » et a déclaré que le « cerveau de Chauvin est jonché d’hypothèses » de cette journée : « Et si je n’avais pas accepté d’y aller ce jour-là ? Et si les choses s’étaient passées différemment ? Et si je n’avais jamais répondu à cet appel ? Et si, et si, et si ? »

Les membres de la famille de Floyd ont pris la parole à la barre et ont exprimé leur chagrin face à sa mort. Ils ont demandé la peine maximale.

La fille de Floyd, Gianna, 7 ans, dans une vidéo diffusée au tribunal, a déclaré que si elle pouvait dire quelque chose à son père maintenant, ce serait : « Tu me manques et je t’aime ».

Le procureur Matthew Frank a demandé au juge de dépasser les lignes directrices en matière de peine et de donner à Chauvin 30 ans de prison, disant que « torturé est le mot juste » pour ce que l’ex-officier avait fait à Floyd.

« Ce n’est pas un coup de feu momentané, un coup de poing au visage. C’est 9½ minutes de cruauté envers un homme qui était sans défense et qui suppliait pour sa vie », a dit Frank.

La mère de Chauvin, Carolyn Pawlenty, a pris la parole pour implorer la clémence pour son fils, disant que sa réputation a été injustement réduite à celle d’une « personne agressive, sans cœur et sans compassion » et d’un raciste.

« Je peux vous dire que c’est loin d’être la vérité », a-t-elle dit au juge. « Je veux que ce tribunal sache qu’aucune de ces choses n’est vraie et que mon fils est un homme bon ». Elle a ajouté : « Derek, je veux que tu saches que j’ai toujours cru en ton innocence, et je n’en démordrai jamais. »

« Je serai là pour toi quand tu rentreras à la maison », a-t-elle ajouté.

Les barricades en béton, les fils barbelés et les patrouilles de la Garde nationale qui se trouvaient au palais de justice pendant les trois semaines du procès de Chauvin au printemps n’étaient plus là vendredi, ce qui reflète un apaisement des tensions depuis le verdict en avril.

Sur le plan juridique, Chauvin a été reconnu coupable de meurtre non intentionnel au second degré, de meurtre au troisième degré et d’homicide involontaire au second degré pour avoir appuyé son genou contre le cou de Floyd pendant 9 minutes et demie, alors que l’homme noir de 46 ans haletait.

La vidéo de l’arrestation de Floyd, soupçonné d’avoir écoulé un faux billet de 20 dollars dans un magasin du coin, a suscité des protestations dans le monde entier et entraîné des violences à Minneapolis et au-delà.

Les lignes directrices du Minnesota en matière de condamnation prévoyaient une peine de 12 ans et demi, mais le juge Peter Cahill a convenu avec les procureurs, avant la procédure de vendredi, qu’il existait des circonstances aggravantes qui pouvaient justifier une peine plus lourde, notamment le fait que Chauvin ait traité Floyd avec une cruauté particulière, qu’il ait abusé de sa position d’autorité en tant que policier et qu’il l’ait fait devant des enfants.

Avec un bon comportement, Chauvin pourrait être libéré sur parole après avoir purgé environ deux tiers de sa peine.