Dans un contexte économique déjà tendu, les finances publiques se trouvent confrontées à des défis majeurs. Les recettes douanières et fiscales, qui devraient générer moins de 100 milliards de FCFA par mois, peinent à couvrir les charges croissantes de l’État. Pour organiser, à grand frais, la délocalisation, d’un Fespam qui ne rapporte financièrement rien à l’État?
Tenez, la masse salariale des fonctionnaires, s’élevant à 92 milliards de FCFA par mois, représente une part significative des dépenses publiques. À cela s’ajoute le coût des retraites, qui atteint plus de 13 milliards de FCFA, et la Cnss à 700 millions de fcfa de charges mensuelles, soit plus de 110 milliards par mois. Les institutions à budget de transfert absorbent également des milliards de FCFA pour leur fonctionnement. Ces dépenses fixes pèsent lourdement sur le budget national, limitant ainsi la capacité d’action du gouvernement.
Le remboursement des dettes, qu’il s’agisse des Obligations Assimilables du Trésor (OAT) et Bons du Trésor Assimilables (BTA), pèsent également un poids considérable des ressources financières. En effet, le principal et les intérêts cumulés se chiffrent parfois à plus de à 67 milliards de FCFA, comme c’est le cas au cours de ce mois de mai 2025. À cela s’ajoutent les obligations envers les créanciers extérieurs, estimées à 33 milliards de FCFA par mois, ainsi que le remboursement de la dette commerciale pour un montant de 9 milliards de FCFA, sans compter les différentes échéances de dette multilatérale, bilatérale et monétaire.
Face à cette situation, le fonctionnement de l’État repose sur une approche souvent qualifiée de « débrouille ». Les mécanismes de financement sont donc mis à rude épreuve, et la capacité à jongler avec ces différentes obligations devient cruciale. Le remboursement des dettes intérieures se heurte également aux mêmes difficultés, accentuant encore la pression sur les ressources disponibles.
Dans ce contexte délicat, la question se pose : où trouver les fonds nécessaires pour fonctionner sans recourir systématiquement à l’endettement ? Les marchés financiers de la CEMAC, de plus en plus saturés, apparaissent comme une option envisageable grâce aux bons du trésor. Mais la signature du Congo s’est dégradée à cause de nombreux défauts de paiement sur le marché des titres publics de la Beac. Cette solution ne peut donc être envisagée sans prudence. Hypothéquer le pétrole, déjà engagé en partie, pourrait sembler une solution rapide mais comporte ses propres risques.
L’équation financière que doit résoudre l’État est donc bien plus complexe qu’il n’y paraît. Les choix qui seront faits dans les mois à venir auront des conséquences durables sur la stabilité économique et sociale du pays. La transparence dans la gestion des finances publiques et l’innovation dans les stratégies de financement seront essentielles pour naviguer dans cette fleuve Congo très agité et garantir un avenir prospère pour tous.
Les défis sont nombreux, mais ils ne sont pas insurmontables si une gouvernance rigoureuse et proactive est mise en place. L’avenir économique dépendra des décisions prises aujourd’hui face à cette équation multifacette.
A.Ndongo, journaliste économique et financier,