Dans les rues animées de Brazzaville, la capitale congolaise, une armée de petits entrepreneurs s’active pour gagner leur vie au jour le jour. Vendeurs de rue, bricoleurs, artisans, tous font tourner une économie informelle essentielle pour la survie des ménages et de la ville. Nous avons rencontré Romain, la quarantaine révolue, dans la rue Makalamba à Mouhoumi, dans le 7e arrondissement de Brazzaville, avec sa pelle entrain de remplir son pousse-pousse avec du sable de rue pour aller vendre après auprès des propriétaires des chantiers de construction de plus en plus nombreux à Mfilou qui veulent poser des dalles, des pavés, du carrelage ou quelque chose de similaire.
Le désœuvrement et le manque d’activité peuvent donner des idées à certaines personnes. Ainsi, plusieurs jeunes de Brazzaville s’adonnent à une nouvelle activité. Il s’agit du ramassage et de la vente du sable de rue.
Romain est comme plusieurs jeunes de la capitale congolaise à se livrer quotidiennement au ramassage et à la vente de sable de rue.
Avec sa pelle et son pousse-pousse, il sillonne tôt chaque matin les rues et avenues de Mfilou à la recherche du sable qui servira par la suite à la vente.
Le sable est vendu dans des sacs de 50 kg à 2000 F ou 2500 FCFA, selon la tête du client. Les clients s’en servent aussi pour les travaux en maçonnerie ou pour le remblai des zones marécageuses. Ces derniers ne sont plus obligés d’acheter du sable d’un camion dont le prix n’est plus à la portée de tout le monde avant d’exécuter leurs travaux.
« Je n’ai aucune ressource pour satisfaire mes besoins, c’est pourquoi j’ai choisi le ramassage du sable », nous a confié Romain, père de famille.
« Parfois, je fais une recette de 5 000 F ou 10000 FCFA par jour. Ainsi, je peux acheter des habits et des chaussures et nourrir ma petite famille », a précisé le jeune Romain.
Il commence son activité à 9h du matin pour en finir à 18h du soir et travaille du lundi au samedi. Le jeune père de famille est très connu dans le quartier et les clients font parfois des réservations de sable. Certains clients viennent soit avec des pousse-pousse, des motos ou avec des voitures pour recevoir leurs marchandises.
Romain estime que c’est une bonne activité puisqu’elle lui permet d’éviter le désœuvrement, la délinquance et de soulager les parents qui n’ont plus assez de moyens pour subvenir entièrement à ses besoins.
Romain comme bien d’autres jeunes du quartier parviennent à débarrasser les routes de Mfilou des ordures et autres déchets avant de ramasser le sable qui est destiné à la vente. Il contribue à l’assainissement des rues de Mfilou qui sont depuis quelques temps confrontées à des problèmes d’insalubrité. Les structures d’entretien des routes sont de plus en plus défaillantes dans leurs missions.
Malgré les bénéfices économiques à court terme, Romain est conscient que le ramassage de sable de rue présente de graves risques environnementaux.
Ces petits métiers informels pullulent dans les artères de la capitale congolaise. Vendeurs ambulants, cireurs de chaussures, couturières, mécaniciens de fortune… Tous contribuent à faire vivre une économie de la débrouille, essentielle pour de nombreux ménages.
Certes, cette économie informelle témoigne de l’ingéniosité et de la résilience des brazzavillois. Mais elle n’en demeure pas moins précaire. Car, pour la plupart, le chiffre d’affaire ne passe généralement pas 50.000 FCFA.
Absence de protection sociale, accès limité au financement, tracasseries administratives… Les défis sont de taille pour ces petits entrepreneurs.
« Nous vivons au jour le jour. Chaque jour, il faut se battre pour gagner quelques francs CFA. Mais c’est notre seule option pour nourrir nos familles », soupire Romain.
Malgré les difficultés, cette économie informelle reste le pilier de la survie pour de nombreux ménages de l’ex capitale de la France libre.