A la sortie de la pandémie de Covid en 2021, les ressortissants du Pool éparpillés à travers le monde ont envoyé au Congo quelques 2 milliards Cfa par transfert à leurs familles alors que des dirigeants politiques de la Cuvette ont caché dans des banques à l’étranger 200 milliards cfa détournés à l’État.
C’est un rapport accablant qui circule en interne établi par des financiers et qui démontre à quel point la fuite des capitaux est loin de stopper au Congo.Une aile du régime de Mpila aurait diligenté cette enquête pour montrer au chef de l’État la différence des priorités de ses collaborateurs de la Cuvette.
Toujours en comparaison avec le département du Pool qu’ils considèrent comme leur véritable contre poids, ces financiers de la Cuvette ont conclu que pour l’année 2021, la diaspora du Pool a transféré au pays 2 milliards Cfa alors que de leur côté, les membres du régime de la Cuvette ont pu mettre à l’abri hors du pays quelques 200 milliards Cfa volés dans les caisses de l’État.
Une réalité qui prouve le paradoxe que le sentiment patriotique de certains Congolais et surtout sur la situation socio-économique.
Alors que la Banque mondiale prédisait une baisse importante des transferts d’argent en 2021, les travailleurs expatriés ont continué à massivement envoyer des fonds vers le continent. Dans certains pays, les effets de la crise sont néanmoins durement ressentis.
Réduction des salaires, suppression des travailleurs étrangers… Les prédictions de la Banque mondiale sur les transferts de fonds de la diaspora en 2020-21 – années marquées par la pandémie de Covid-19 – n’étaient pas optimistes. Pourtant, les Africains expatriés ont envoyé à destination du continent 83,3 milliards de dollars en 2020 contre 86,2 milliards de dollars en 2019, soit une baisse de -3,4 %.
Au Congo par exemple, la diaspora du Pool a battu le record des transferts avec plus de 2 milliards. « A cause de la crise aiguë au Congo, la diaspora se saigne pour continuer d’envoyer de l’argent à leur famille», témoigne un expert financier Gabonais en poste à la BEAC de Brazzaville
L’Europe et les Etats-Unis sont les premières régions depuis lesquels les migrants envoient de l’argent dans les pays à faible revenu. Or c’est aussi là que la pandémie flambe actuellement. Les migrants, en particulier africains, sont davantage exposés à la crise. Malgré tout, la Banque mondiale a révisé le 29 octobre dernier ses estimations sur les transferts d’argent. Lors de la première vague, l’institution basée à Washington craignait que ces transferts chutent de 20% cette année. Elle table désormais sur une baisse de 7% en 2020 et de 7,5% en 2021.
«Enorme pression familiale»
Une relative bonne nouvelle qui n’étonne cet expert. Selon ses recherches, la plupart des fonds servent à couvrir des besoins de première nécessité: nourriture, médicaments, scolarisation ou frais de téléphonie et d’internet… L’argent sert donc à parer au plus urgent, plutôt qu’à favoriser le développement à long terme des pays pauvres.
«La pression familiale sur les migrants est énorme. Après un versement, on trouve un peu de tranquillité psychologique. De très nombreux Africains que j’ai interrogés ont aussi cité des raisons religieuses. Les migrants se sentent redevables envers leur communauté qui a financé et prié pour leur voyage»
Selon la Banque mondiale, les banques sont le canal le plus coûteux pour l’envoi d’argent, avec des commissions de 10,9% en moyenne. Suivent les offices postaux (8,6%), les entreprises comme Western Union (8,6%) et enfin les opérateurs de téléphonie mobile (2,8%). C’est vers l’Afrique qu’il est le plus cher d’envoyer de l’argent.
Tournant numérique?
Mais la pandémie redistribue les cartes. Des entreprises offrant des services de transfert par téléphone portable ont connu un afflux d’utilisateurs. «Je pourrais probablement être d’accord avec la Banque mondiale qui dit que le volume total des transferts d’argent va baisser, estimait récemment Dare Okoudjou, fondateur de l’entreprise MFS Africa, interrogé par l’agence Reuters. Mais quiconque dans le digital dirait qu’il gagne en volume et en parts de marché.»
En 2019, les transferts de la diaspora dans le monde avaient atteint la somme record de 548 milliards de dollars, dont 44 milliards pour l’Afrique. C’était davantage que les investissements étrangers (534 milliards de dollars) et beaucoup plus que l’aide publique au développement (166 milliards de dollars). En plus de la crise économique dans les pays d’immigration, les fermetures des frontières à cause du covid compliquent les déplacements et des migrants sont forcés de rentrer chez eux après avoir perdu leur emploi.
«En plus des considérations humanitaires, il faut soutenir les migrants qui travaillent dans les pays d’accueil en première ligne, dans les hôpitaux, les laboratoires, les fermes ou les usines, plaide Michal Rutkowski, directeur de la protection sociale à la Banque mondiale.