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Cuisine: le thiéboudiène sénégalais inscrit au patrimoine culturel immatériel

Ceebu jën, ou encore thiéboudiène, signifie littéralement « riz au poisson » en wolof. C’est le plat national du Sénégal, un mets apprécié et ancré dans le quotidien. Il a été inscrit ce mercredi 15 décembre 2021 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, tout comme le bolon, instrument de musique traditionnel à percussion originaire du Mali.

Rumba congolaise, bolon malien, thiéboudiène sénégalais de Saint-Louis, la ville de pêcheurs. Voici donc le patrimoine culturel immatériel de l’humanité étoffé de nouveaux éléments 100 % d’origine africaine, ce jour. Le ministère de la Culture sénégalais avait introduit une demande en octobre 2020.

Le thiéboudiène fait partie du quotidien des Sénégalais : ils le mangent à la maison, au restaurant et on le trouve même au coin de la rue. Pour le président Macky Sall, le voir retenu par l’Unesco constitue donc « une belle illustration de la renommée internationale de l’art culinaire sénégalais ».

Amadou Diop est président de l’association Guides amis du patrimoine, à Saint-Louis. C’est dans cette ville du nord du Sénégal que le thiéboudiène est né. Il a participé au projet d’inscription du plat sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Pour lui, c’est une reconnaissance internationale de ce « trésor national ».

« Classer le thiéboudiène comme patrimoine mondial de l’Unesco, c’est quelque chose qui nous tenait à cœur, explique-t-il. Tous les Sénégalais, on ne peut pas se passer de ce plat. Si on ne mange pas le thiéboudiène deux jours, on est mal. »

Il explique à notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac, que ce mets est « une marque pour nous les Saint-Louisiens » : « Quand on parle de thiéboudiène, c’est sûr, on parle surtout du thiéboudiène de Saint-Louis. Il y a du riz, il y a du poisson, il y a des légumes, des carottes, des choux, des navets, du manioc… C’est une combinaison de beaucoup de légumes. »

À un moment donné, on voyait qu’on commençait vraiment à dévaloriser ce plat, parce qu’actuellement, on y ajoute des ingrédients, des produits chimiques qui ne collent pas avec le vrai thiéboudiène qu’on a ici à Saint-Louis. C’est pourquoi d’ailleurs on s’est battu pour que ce soit classé, qu’on puisse valoriser et préserver ce plat qui nous tient a cœur, ou qu’au niveau international, ce soit connu

Amadou Diop, président de Guides amis du patrimoine, à Saint-Louis au Sénégal

Charlotte Idrac

Le thiéboudiène, qui se compose parfois aussi de tomates, rejoint le couscous du Maghreb, la pizza napolitaine ou encore la bière belge, parmi les éléments culinaires retenus par l’organisation onusienne. La reconnaissance par l’Unesco de ce plat incontournable est une vraie fierté pour Bator Dieng, traiteur sénégalaise jointe cet après-midi au téléphone par Pierre Firtion, du service Afrique de RFI.

C’est un plat sénégalais. Certes, l’Afrique de l’Ouest et toute l’Afrique a sa façon de faire, mais la façon sénégalaise, sans prétention, je pense que c’est la meilleure. Et donc je suis très, très fière en tant que Sénégalaise, en tant qu’Africaine aussi. C’est un plat qui est complet, excellent, et qui mérite ce prix

Bator Dieng, traiteur sénégalaise: «Pour un bon Thiéboudiène, il faut un bon poisson»

Pierre Firtion

Au restaurant « Mashallah », Maïmouna Coulibaly propose du thiéboudiène en plat du jour plusieurs fois par semaine. La restauratrice est originaire de Saint-Louis. La préparation du « thieb » prend du temps et exige un savoir-faire qui se transmet de génération en génération, essentiellement entre femmes, mais pas seulement.

Le thiéboudiène d’aujourd’hui, on l’a beaucoup trop aromatisé. Mais le bouillon, là, ce n’est pas bon. Nos ancêtres, ils faisaient le goût avec…

Reportage à Dakar: le thiéboudiène, le mets sénégalais par excellence

Pour les amateurs, l’inscription sur la liste de l’Unesco, on l’aura compris, est une fierté doublée d’une occasion de faire de mieux connaître leur culture nationale à l’étranger. Une véritable « reconnaissance » aux yeux du chef sénégalais Tamsir Ndir, qui évoque la « bataille » passionnée autour de ce plat, avec le jollof rice du Ghana et du Nigeria ; thiéboudiène dont ils se sont inspirés, explique-t-il.

Il avait aussi un peu une rivalité avec le Ghana et le Nigeria par rapport au jollof rice. Ce sont deux plats qui pour moi sont complètement différents. Le jollof rice, ils vont le faire avec du poisson ou avec de la viande, du poulet. Alors que le thiéboudiène, c’est exclusivement avec du poisson et des légumes

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