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7 chauffeurs sur 10 sont potentiellement dangereux et ont un faux permis de conduire





La direction générale des transports terrestres (DGTT), vient de lever un coin de voile sur les raisons de ces accidents devenus presque endémiques sur les routes congolaises. Sept permis de conduire sur dix, répertoriés dans le pays, sont des faux. Les faussaires se concentrent principalement à Brazzaville et Pointe-Noire.




Ils se disent chauffeurs car ils sont détenteurs d’un permis de conduire et en exercent la profession. Pourtant ces pseudos chauffeurs méconnaissent l’essentiel des règles de conduite et leur rôle semble consister presqu’exclusivement à déplacer leur véhicule d’un endroit à un autre, en évitant au mieux les accidents.

Ce constat est manifeste pour tout titulaire d’un permis de conduire, celui-là même qui a assimilé le code de la route, avant d’apprendre à conduire, quand il observe de nombreux chauffeurs, à Brazzaville et Pointe-Noire, voire Dolisie, des villes où la circulation urbaine est intense.

Le nouveau directeur général des transports terrestres, Sadate Girest Bokenga Manzekele s’est engagé à remettre de l’ordre dans le secteur des transports routiers. Les premiers constats découlant du processus de remplacement du permis de conduire papier en un autre, informatisé et sécurisé après authentification, font froid dans le dos. Sur plus de 500 permis déposés, à peine 151 sont vrais, soit environ 70% de faux documents en circulation dans le pays. Cette irrégularité justifie le taux élevé d’accidents de la route au Congo, selon un cadre de la DGTT.




Même si les accidents de la route interviennent toujours, quelles que soient les précautions, les causes des accidents sur les routes congolaises interrogent dans la plupart des cas, sur les capacités réelles des chauffeurs à prendre le volant et surtout leur aptitude à s’adapter au trafic sur des routes à circulation intense. C’est à croire que chacun use de son propre code de la route qu’il adapte à sa manière, sans se préoccuper des autres usagers ou encore des messages envoyés par la route elle-même, à travers les panneaux – quand ils existent – pourquoi pas la configuration géographique de ladite route, en anticipant sur les éventuelles situations qui peuvent causer un accident, ce en interpellant l’intellect, voire l’expérience du chauffeur.

Chevauchement de la ligne continue en toute aisance, dépassement sans avoir préalablement évalué la vitesse du véhicule que l’on dépasse qui souvent accélère pour ne pas se laisser doubler, ou encore la distance pour un éventuel rabattement avant de croiser un véhicule venant en sens inverse, dépassement à un virage serré dépourvu de visibilité, course-poursuite des chauffeurs se livrant à un concours ‘’d’habileté au volant’’, sur fond de klaxon et même d’encouragements des passagers à bord, le tout parfois arrosé d’une bouteille d’alcool ‘’sifflée’’ en pleine conduite pour semble t-il « garder la forme ». Autant d’infractions graves au code de la route, qui sous d’autres cieux, vaudraient au conducteur jusqu’à une suspension du permis de conduire, à défaut de l’immobilisation du véhicule. Hélas au Congo, ces abus sont de l’ordre du naturel et ils n’émeuvent point, outre-mesure.




Quand la route est rectiligne et dégagée sur une longue distance, certains chauffeurs croient venu le moment d’évaluer à fond la vitesse du véhicule, sans se soucier qu’ils le rendraient alors plus léger et donc vulnérable face à la force des vents latéraux, surtout dans des endroits dépourvus de végétation. Combien d’autocars se sont-ils couchés sur le trajet entre Pointe-Noire et Brazzaville sur fond d’excès de vitesse !

Pour beaucoup de ces chauffeurs, le panneau présentant une girouette qu’ils ont croisé, et qui plus est de forme triangulaire, donc un panneau de danger, imposant de fait la prudence, notamment la réduction de la vitesse, signifie plutôt qu’il y a un aéroport dans les environs.

Il n’est pas étonnant de voir un conducteur s’abstenir de s’arrêter à un stop ou à un feu rouge, au prétexte qu’il n’y a pas de véhicule en face.

De même, de nombreux chauffeurs usent de vitesse excessive, sans se préoccuper des panneaux qui en limitent, ou de l’état de la route, pour d’éventuels anticipations, notamment en croisant d’autres usagers, ou encore des piétons pouvant surgir des accotements. C’est en quelque sorte une conduite d’amateurs confortée par la pratique commune. Ce qui en créée la norme applicable par tous.

À l’étranger qui s’en offusque on répond : « ici on conduit comme ça. Avec votre logique, on ne peut pas avancer. Chez nous c’est on part on part ». Sauf que ce manque de logique laisse de nombreux usagers de la route sur l’asphalte.

Dans ce véritable micmac, même les agents de la circulation routière semblent dépassés, si ce n’est que certains encourageraient à l’évidence ces comportements répréhensibles, afin de devoir sévir et s’en mettre plein les poches.

Des campagnes de sensibilisation sur les dangers des infractions au code de la route sont certes menées par les services habilités, avec parfois des illustrations aux moyens des images de violents accidents de la route. Cela semble hélas, ne pas produire d’effet, car dans la pratique sociale congolaise, seule une action répressive contraint au respect des prescrits édictés dans un domaine ou dans l’autre. Et puis, comment demander à quelqu’un qui n’a pas acquis les connaissances qu’on lui demande d’appliquer, de s’amender sur celles-ci ?




Ce qui est évident, c’est qu’il prétend savoir, alors qu’il ne sait rien. Il faut d’abord le former, avant de lui demander de se conformer à ce qu’il a appris, puis le sanctionner, le cas échéant.

Cette non connaissance des prescrits du code de la route, conduit au quotidien à des actions qui engorgent la circulation par le simple fait que de nombreux conducteurs méconnaissent la courtoisie au volant. Accepter par exemple de perdre 15 à 20 secondes pour laisser passer un usager qui doit s’engager sur une voix latérale, pour éviter un embouteillage qui bloquerait toute la circulation. Parfois, c’est à se demander, si tous les conducteurs ont bien leurs facultés mentales en place, car leurs agissements sont à la limite asociaux. Insultes, emportements, tentatives d’en venir aux mains, le tout parfois, sur fonds de consommation de drogue ou d’alcool.

Face au nombre croissant d’accidents, et surtout à l’amateurisme des chauffeurs, nous avons toujours évoqué le fait que l’authenticité de nombreux permis de conduire congolais était sujette-à-caution, ou que ceux-ci étaient complaisamment délivrés. Désormais, nous en avons la preuve.

Certes, grâce à l’action du directeur général des transports terrestres, Sadate Girest Bokenga Manzekele, les permis frauduleux sont de facto suspendus. C’est l’action administrative. Qu’en sera-t-il alors de l’action judiciaire, face à ce qui est présenté comme une organisation criminelle qui use du faux. Combien de morts, du fait de cette connexion de faux chauffeurs. Peut-être le moment est-il venu pour ceux, pris en flagrant délit de faux et usage de faux, ainsi que leurs complices en cols blancs, de payer pour leurs crimes, ce après une auto saisine du procureur de la république.

Ce n’est peut-être qu’un rêve, mais l’illusion de voir enfin que les uns et les autres prennent leurs responsabilités et sévissent, nous réconforte, pourquoi pas.

Source: lesechos-congobrazza.com

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