Le remaniement gouvernemental a été effleuré dans nos précédentes éditions. Mais face à l’ampleur de la crise systémique qui frappe le Congo depuis bientôt trois ans et l’accélération de la décrépitude économique , sociale et politique qui devient vertigineuse, il semble impérieux d’y revenir.
L’année 2025 commence sur des contradictions irréductibles qui laissent présager des signes sombres. La guéguerre entre le premier ministre Anatole Collinet Makosso (ACM) et le ministre des finances Ondaye ainsi que la destitution du deuxième secrétaire de l’assemblée nationale mardi 7 janvier font des vagues et ridiculise une fois de plus M. Sassou Nguesso. La note n°1025/MEF-CAB du 31/12/2024 du Ministre des Finances adressée au président de l’Assemblée dénonçant le rétoquage à la sicilienne de la Loi de finances qui favorise l’évaporation des recettes fiscales dit long.
De même, la circulaire 0004MEF/DGT du TPG Albert Ngondo et celui du DG des douanes n’001/MBCPPP/DGDDI-DRC qui se contredisent sur le GUT bien que la solution soit trouvée au sortir de l’interministeriel ce lundi 6 janvier 2025 avec le transfert ordonné et progressif du guichet unique de paiement (GUP) au compte unique de Trésor (CUT) ce 6 janvier 2025. Bref, l’impasse de la situation économique et sociale entraine des répercussions sérieuses sur l’ensemble de l’architecture politique post et après guerre civile. Les pôles du pouvoir vacillent et ploient sous la menace du quotidien essentiellement social : eau, électricité, transports, alimentation et loyers qui passent du rouge écarlate au noir d’enfer. Le Congo est revenu au « Vivre Durement Aujourd’hui, Pour vivre mieux demain » (VDA de 1977 à 1979).
Remanier le gouvernement ou …?
Convoquer une concertation nationale ou se limiter à un remaniement cosmétique est dans toutes les têtes et les agendas des hommes politiques. Selon certaines indiscrétions des caciques du parti congolais du travail (PCT) très proches de M. Sassou au sortir de leur session du comité central annuel et du bureau politique, la famille et les loges ont opté pour un remaniement gouvernemental et la continuité des réformes.
Une concertation risque de mener à des conséquences imprévisibles. Reste l’épineuse question des hommes qui peuvent occuper la primature et ceux qui composeront l’équipe gouvernementale. Cette situation est d’autant plus compliquée qu’il faut réduire la taille du gouvernement pour espérer un prochain accord avec le FMI/Banque Mondiale devenu inévitable une fois encore. Trois axes sont à distinguer. On peut citer, entre autres :
– l’axe Niari – Bouenza – Lekoumou avec le grand nord désormais réduit à la cuvette tellement la Likouala et la Sangha sont marginalisés et ostracisés ; On y distingue Émile Ouosso, Pierre Michel Nguimbi, Thierry Lezin Moungalla et Pierre Mabiala, tous liés à Jean-Dominique Okemba (JDO) et au duo Christel et Claudia pour les deux derniers. Leur mission serait de reconstruire l’alliance fondatrice du PCT de 1968-1972 en jetant un pont entre les trois régions et la cuvette centrale ; Il ne faudrait pas occulter ici les rôles à jouer par Rigobert Maboundou qui a des ambitions outrancières et de l’orgueil à fleur peau. Son tort est qu’il devra lâcher Jean-Jacques Bouya (JJB), jusqu’ici son maître à penser et à exister dans cette tentative. Mais l’ayant déjà fait avec Benjamin Bounkoulou (+), il n’en sera pas à sa première expérience. Jacqueline Lydia Mikolo et Claudine Munari seront dans tous les cas de la partie en raison des « compétences intellectuelles , ésotériques spécifiques et leurs carnets d’adresses » ;
– L’axe Pool (ou ce qu’il en reste) avec le grand nord conduit par Claude Alphonse Nsilou composerait avec Pierre Oba, JDO et les rejetons de M. Sassou. Parti en éclaireur avancé pour la prise de contact avec certains membres de l’équipe Trump aux USA (en vacance pour les autres), N’Silou permettrait de jouer le jeu de Sassou en 2026 (nous y reviendrons). Très impopulaire dans le Pool, surtout qu’il n’a jamais positionné personne durant les 23 ans de gouvernement, et moins encore réagi sur la cession des terres aux Rwandais, sa résilience politique arrive à sa fin ;
– L’axe Kouilou et grand nord avec Yves Castanou, spécialiste des nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que de montages financiers. Sa maîtrise parfaite des codes des grandes religions, des sociétés secrètes et des églises de réveil est pour lui un atout majeur. Par ses prouesses réalisées à Congo Telecom et les campagnes d’évangélisation dans les départements, il force l’admiration de milliers des jeunes et plus d’un adulte. Il a des accès dans les hautes sphères du Rwanda, de la RDC, du Gabon, de la Côte d’ivoire, du Niger, de l’île Maurice, de Dubaï, de la France, de la Belgique, de la Banque mondiale et du FMI. À tort ou à raison, son église et lui-même sont accusés ces derniers temps d’être au cœur de plusieurs scandales. Il réussit toujours à passer entre les mailles du filet que lui tendent plus d’un dignitaire. Ces derniers le soupçonnent de forger un destin national. Il s’est plusieurs fois frotté à des ministres, des dignitaires et parents de M. Sassou. Les derniers en date sont, les conseillers et chargés de mission, Denis Junior Omar Bongo Ondimba et Marc Sakala. Aux dernières nouvelles, il se serait réconcilié tout de même avec lesdits chargé de missions officiels et officieux de Denis Sassou.
ACM, juriste-maison, quant à lui demeure en embuscade. Il tient partiellement, non seulement dans le Kouilou urbain, Pointe-Noire, Madingou-Kayes et chez les Vilis de l’intérieur (Yombés et Kugnis de Dolisie) mais aussi l’axe Mindouli – Mayama – dont Missafou et Madzia et Kinkala où il se rend tous les mois sans oublier, Vindza via Roger Bitemo. Il est vomi par bon nombre des croyants catholiques, évangéliques et universitaires sur lesquels il s’appuyait autrefois, la cause : il devient trop menteur et il commet des bourdes d’amateur. Son équilibrisme et sa bonne étoile le placent au centre de tous les prétendants au trône car c’est un malin et fin négociateur. Il a rempilé comme PM malgré des contradictions avec Roger Rigobert Andély et maintenant avec Jean Baptiste Ondaye qui pourtant bénéficie du soutien puissant de Sassou Nguesso et de Florent Tsiba. Même s’il n’arrive pas à lier d’une part, les deux axes du Kouilou qui tiennent en otage Denis Sassou Nguesso grâce au rite très puissant et multiséculaire de la Reine Mondiale des Eaux Douces Mwé Kikambissi ; et de l’autre, l’axe Gamboma –Ollombo. Par ailleurs, les services le pointent de se sucrer sur les centaines des millions mensuels de fonds de souveraineté et d’autres dossiers. Il est soutenu par le clan Bouya et le pion, Ludovic Ngatsé. Selon nos informations, un gouvernement resserré avec un premier ministre fort pour à la fois évincer quelques vieux caciques et mettre en orbite deux jeunes panthères devant prendre leurs marques pour les jours à venir jusqu’au-delà de 2026.
Ce dernier devrait privilégier la compacité et l’expérience technique fondée sur une approche en gestion axée sur les résultats. Les émoluments des prochains membres du gouvernement et des responsables des institutions devraient fondre comme neige au soleil, quasiment de moitié, pour donner un signal vigoureux. Dorénavant, ils devraient tous être payés par virement bancaire et non plus à la main, pour espérer faire des économies de plus de 12 milliards XAF/ mois.
La tempête fait des ravages partout
Le jeu politique devient de plus en plus délétère et crispé, car les grandes écuries de la maison présidentielle passent elles aussi, et de plus en plus, en mode « hors contrôle ». En premier, Denis Christel, Joly la rwandaise et leurs pions. Il en est ainsi des écuries du Général Serges Oboa incluant Raoul Ominga (Bokouélé), Jean-jacques Bouya (Tchikapika) et autres qui s’unissent contre les sécuritaires d’Obouya menés par le Vice-Amiral Jean Dominique Okemba (Ondébé) même si autrefois, il avait poussé Serges Oboa à se rebeller contre le revenant Hilaire Moko, le Général Jean François Ndenguet (Obouya) bien qu’à cheval entre le Maroc et le Congo mais tisse la toile avec certains fidèles. Enfin, les « sudistes » d’Ollombo restés fidèles à l’alliance téké avec Gamboma et Lekana, conduits par les Généraux Pierre Oba (Tsokia), Nianga Mbouala Ngatsé (Ollombo) et Cie. Sans oublier Tsiba Florent, l’intrigant et son chef Sassou qui ont demandé à Ondaye de mettre de l’ordre devant JJ B comme il avait été fait précédemment à la présidence en bravant Aimé Emmanuel Yoka et JDO. Sauf que l’équation devient rude pour lui avec la machine du PCT. Il y a donc plusieurs matchs dans le match.
A l’orée de la fin du cycle spirituel et temporel (jubilé) ouvert il y a 50 ans et qui va se refermer en 2025 après que M.Sassou eut cumulé les postes de ministre de la défense et de l’intérieur et puissant membre de la commission d’état-major spéciale et révolutionnaire en 1975, jusqu’à son coup d’État le 5 février 1979 via l’assassinat du commandant Marien Ngouabi. Le Cohen Lévite rappelle (chapitre 25, 8-55) qu’il y a un temps pour tout en ces moments-là : les dettes sont annulées ; les esclaves sont libérés et la terre retourne à ses propriétaires d’origine. Le jubilé symbolise la justice sociale, la miséricorde et le renouveau. En ce sens, le petit ange verseur d’eau figurant sur la représentation du mois de février est en réalité le terrible Ange de la mort. Les eaux qu’il déverse au sol servent symboliquement à nettoyer la place salie par les usages et les pratiques anciennes. Il en sera de même dans la réalité congolaise : l’ange de la mort frappe à la porte d’occident pour indiquer à M. Sassou – qui n’a préparé aucun dauphin officiel sérieux – que le cycle des temps de son règne s’achèvera fin février 2025. Les temps à venir seront de dur labeur du Soleil (comprenne qui pourra) et tant pis pour Zéphyrin Mboulou et cohorte qui se cacheront derrière les candidatures qui se profilent çà et là : Frédéric Bintsamou, Kignoumbi Kia Mboungou, etc qui doivent coaliser a moins qu’ils soient tous des accompagnateurs de M. Sassou à la présidentielle de 2026 ou des troubles fêtes.
Il est temps que le peuple réfléchisse aux divers plans au cas où M. Sassou serait toujours coincé par le PCT, les différents clans et démons pour remanier et résoudre les problèmes de la nation.
Ghys Fortune BEMBA DOMBE