L’économie bancaire au Congo Brazzaville est confrontée à des défis majeurs, notamment en raison de créances douteuses qui grèvent les bilans des banques locales.
Une partie de ces créances provient de crédits sans nantissement accordés à des personnalités politiques ou à des sociétés para-étatiques, qui se révèlent incapables de respecter les échéances de paiement, soit en raison de difficultés de trésorerie, soit par manque de volonté, souvent motivé par un sentiment d’impunité lié à leur statut.
Selon certaines sources, un cas particulièrement éloquent est celui d’une banque à capitaux privés marocains, qui a consenti un prêt de 100 millions de francs CFA à un ministre influent et 10 millions de francs CFA à un opposant virulent( Ne me demandez pas leurs noms svp, car il y en a d’autres). Malgré plusieurs relances, le service de recouvrement de cette banque se heurte à l’inertie de ces personnalités, qui ont bénéficié de crédits sans nantissement grâce à leurs relations politiques.
Dans un pays où le trafic d’influence est une pratique courante, les banquiers se retrouvent souvent piégés par les politiques. De plus, même lorsque des garanties sont prévues dans les dossiers de crédit, la procédure judiciaire en cas de non-respect des engagements de l’emprunteur peut s’avérer longue et complexe, voire impossible à mettre en œuvre en raison de décisions de justice qui entravent les saisies.
En conséquence, les banques congolaises se montrent de plus en plus réticentes à accorder des crédits à l’économie. Certaines d’entre elles doivent également s’interroger sur leurs propres pratiques, notamment lorsqu’elles privilégient les dossiers de crédit de personnalités politiques qui ne créent pas de richesse, au détriment de dossiers solides présentés par des PME/PMI. Pis encore, les émoluments des ministres congolais sont payés cash aux concernés par les services du secrétariat du gouvernement. Ils ne transitent donc pas par un compte bancaire. Dans ce cas, elles récoltent ce qu’elles ont semé. »
A. Ndongo, journaliste économique et financier, Brazzaville, Congo