Alors que Kinshasa et Kigali étaient à couteaux tirés, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame ont débuté un « processus de désescalade ». Le président angolais João Lourenço, organisateur d’un sommet tripartite à Luanda, a annoncé mercredi 6 juillet que les deux chefs d’État sont parvenus à un accord de cessez-le-feu. Ce qui pourrait apaiser les tensions au Nord-Kivu, frappé par les violences du conflit entre les armées congolaises et les rebelles du M23.
Les présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi ont décidé d’un cessez-le-feu immédiat, selon le président angolais João Lourenço. Pour se rassurer de son respect, un mécanisme d’observation ad-hoc sera mis en place, dirigé par un officier angolais.
Ce dernier viendra s’ajouter au mécanisme conjoint de vérification élargi de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), dont l’efficacité est questionnée par les deux parties.
Cependant, le chemin de la désescalade sera long et graduel, tempère une source à la présidence congolaise.
Il se fera surtout par le canal de la commission mixte RDC-Rwanda dans le but de restaurer la confiance entre les deux pays. Dans son ancienne configuration, ce cadre aujourd’hui en sommeil permettait aux délégués de deux pays de discuter de plusieurs questions bilatérales, dont la sécurité, le commerce, ou encore la migration.
Le document n’a pas été diffusé mais selon la présidence congolaise, les parties ont décidé d’adopter un « processus de désescalade ». Selon Kinshasa, cette feuille de route note la « volonté de normalisation des relations diplomatiques entre Kinshasa et Kigali », et prévoit « la cessation immédiate des hostilités », « le retrait immédiat et sans condition du M23 de ses positions au Congo ».
Dans leurs discussions ce mercredi, les trois chefs d’État ont non seulement parlé du M23, mais aussi de l’exploitation des ressources minières de la RDC. Le document le précise également : « toute exploitation des ressources naturelles doit se faire dans le strict respect de la souveraineté des États ».
« Petit pas » mais les problèmes de fond loin d’être réglés
Mais avant de parvenir à tous ces objectifs nul doute qu’il faudra du temps. « Cette réunion est une avancée, même à petit pas », confie un participant.
Car les problèmes de fond sont loin d’être réglés. Kinshasa espérait que Kigali reconnaisse par exemple de soutenir le M23. En tout cas sur le terrain, les combats continuent avec lundi encore, des affrontements entre rebelles et armée congolaise dans le Nord Kivu.
Les autorités congolaises et rwandaises poursuivront les échanges le 12 juillet toujours à Luanda, dont le gouvernement reste donc le médiateur de la crise. Entre-temps, Kinshasa attend toujours le retrait des combattants du M23 des positions conquises récemment, comme la cité frontalière de Bunagana.