Le président ougandais Yoweri Museveni a accusé mercredi l’Europe de « deux poids, deux mesures éhonté » envers l’Afrique dans ses politiques climatiques et énergétiques.
Il a fustigé le retour de l’Europe aux centrales à charbon face à la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine, tout en disant aux pays africains de ne pas utiliser de combustibles fossiles.
« Nous n’accepterons pas une règle pour eux et une autre règle pour nous », a écrit Museveni dans un blog publié mercredi qui coïncide avec le sommet de l’ONU sur le climat COP27 qui se tient dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh.
« L’échec de l’Europe à atteindre ses objectifs climatiques ne devrait pas être le problème de l’Afrique », a-t-il ajouté.
Les commentaires de Museveni font suite aux avertissements des dirigeants africains à la COP27 sur les dommages que le changement climatique cause déjà sur le continent.
En février, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU a averti que des dizaines de millions d’Africains sont confrontés à un avenir marqué par la sécheresse, la maladie et les déplacements dus au réchauffement climatique.
Les pays riches n’ont pas réussi à fournir 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 aux pays en développement pour les aider à renforcer leur résilience et à verdir leurs économies, atteignant seulement 83 milliards de dollars selon l’ONU.
L’empreinte carbone de l’Afrique est la plus faible de tous les continents, représentant environ trois pour cent des émissions mondiales de CO2.
« Nous ne permettrons pas que le progrès africain soit victime de l’échec de l’Europe à atteindre ses propres objectifs climatiques », a déclaré Museveni, l’un des dirigeants africains les plus anciens.
« Il est moralement en faillite pour les Européens de s’attendre à prendre les combustibles fossiles de l’Afrique pour leur propre production d’énergie mais refusent d’accepter l’utilisation africaine de ces mêmes combustibles pour la leur. »
Museveni a déclaré que les nations européennes devaient mettre fin à leur « double standard effronté » et à leur « hypocrisie », et a visé ce qu’il a dit être des conditions selon lesquelles les investissements occidentaux dans les combustibles fossiles en Afrique n’étaient possibles que pour le pétrole et le gaz qui seraient envoyés en Europe.
Plus tôt cette année, la société française TotalEnergies et la China National Offshore Oil Corporation ont signé un accord de 10 milliards de dollars pour développer les champs pétrolifères ougandais et expédier le brut via un pipeline de 1 445 kilomètres (900 milles) vers un port tanzanien de l’océan Indien.
Le projet, qui comprend des forages à Murchison Falls, le plus grand parc national d’Ouganda, s’est heurté à une forte opposition de la part d’activistes et de groupes environnementaux qui menace dis-le l’écosystème fragile de la région et les moyens de subsistance de dizaines de milliers de personnes.
En septembre, le Parlement européen a adopté une résolution demandant que le projet soit retardé en raison de « violations des droits », exaspérant Kampala.