Meurtre de Mme Anne Félicité Massamba-Débat: un règlement de comptes?
Stany Frank ( stanyfrank4@gmail.com )
Fille de l’ancien Président de la République, feu Alphonse Massamba-Débat, Anne Félicité Massamba-Débat (66 ans), célibataire sans enfant, qui était rentrée d’un séjour en France, a été assassinée dans la nuit du mardi 13 juin 2023, à son domicile familial, sis vers le Marché Total, dans le premier arrondissement Makélékélé, à Brazzaville, dans le voisinage de la Capped. Le meurtre a été commis à l’aide d’un couteau de cuisine, entre 19h et 21h30. Le procureur de la République, André Oko-Ngakala, s’est rendu sur les lieux, mercredi 14 juin, dans la matinée, accompagné de policiers, pour faire le constat. Une enquête policière a été ouverte. Mais, quelques éléments semblent indiquer qu’il pourrait s’agir d’un règlement de comptes.
En attendant l’aboutissement de l’enquête de police, si celle-ci peut permettre de définir les circonstances et révéler le mobile du meurtre, l’hypothèse d’un règlement de comptes semble être une piste sérieuse. En effet, le meurtre effroyable de la fille de l’ancien Président de la République ne semble pas relever d’un acte d’insécurité lié aux groupes de bandits armés d’armes blanches appelés «bébés noirs».
Selon les témoignages, l’arme qui a servi au crime est un couteau de cuisine que le ou les agresseurs auraient trouvé dans la maison même. Or, généralement, les bandits sont munis de leurs propres armes, avant de s’introduire dans un domicile. Ce qui suppose que le ou les meurtriers se sont introduits dans la maison non armés.
Autre détail qu’on apprend des témoignages, c’est le remue-ménage dans la chambre de la victime. Ce qui donne l’idée que le ou les agresseurs étaient à la recherche un objet précis: un document, de l’argent, des bijoux ou des objets cachés. Ce qui donne à penser que le ou les meurtriers sont des gens qui connaissent la maison.
Enfin, l’heure du meurtre (entre 19h et 21h30) n’est pas généralement celle où les bandits armés opèrent. Chez eux, les opérations criminelles se déroulent bien souvent entre 1h et 4h du matin, temps durant lequel le sommeil est roi. En dehors des quartiers périphériques de la capitale où il est dangereux de se retrouver dans la rue ou dans certaines zones dès la tombée de la nuit. Il reste seulement à savoir s’il n’y avait pas d’électricité au moment où l’assassinat a eu lieu, dans cette ruelle qui est une impasse.
Voilà les éléments de témoignage qui orientent le mobile du meurtre vers un règlement de comptes plutôt que vers un assassinat crapuleux.
Les associations de défense des droits des femmes au Congo devraient se réveiller pour exprimer leur indignation face à l’inquiétante montée des crimes horribles contre les femmes ces derniers temps. En effet, le 26 avril dernier, tôt le matin vers 6h, une femme avait été découverte dans sa maison, morte égorgée, dans son lit, après avoir été violée, au Quartier Ngamakosso, dans le 6ème arrondissement Talangaï.
Au début de ce mois de juin, une femme a été tuée de coups de pilon à la tempe, à Ouesso, après avoir été également violée. Et depuis cette semaine, on parle du meurtre par égorgement, d’Anne Félicité Massamba-Débat, et là aussi, il y aurait eu viol. Va-t-on continuer à ne défendre les droits des femmes que par les pagnes du 8 mars, dans une société qui est en train de devenir cruellement masochiste?