Y aura-t-il une élection présidentielle apaisée le 21 mars prochain ? La question mérite d’être posée, en ce mois de mars considéré comme maudit au Congo, certains sont tentés d’y répondre par l’affirmative ou la par la négative. La fièvre monte dans les états-majors politiques.
S’il est évident, au regard des forces en présence, que Denis Sassou Nguesso, candidat à sa propre succession, devrait rempiler, Mathias Dzon, Guy-Brice Parfait Kolelas et Albert Oniangué, ses principaux adversaires, pourraient bien, à l’observation, jouer le rôle de trouble-fête en agitant, comme fonds de récupération politique, des problèmes sociaux des populations étranglées par la triple crise financière, économique et pandémique. Pourquoi ? Explications. Même Oniangué ? Où a t-il eu de l’argent ? Et comment personne n’a t-il vu venir sa candidature? ‘C’est autant de questions que l’on se pose dans les salons huppés de Brazzaville.
Selon nos sources, le Chef, quelque peu surpris, aurait posé les mêmes questions à ses collaborateurs chargés de la sécurité et des renseignements. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Albert Oniangué, Orlando pour les intimes, a pu mobiliser les 25 millions, en espèces, de caution à sa candidature alors que ses comptes bancaires éprouvaient curieusement des « ennuis informatiques ». Quel est est l’homme proche du régime de Brazzaville qui lui aurait offert 30 millions de FCFA pour ne pas essuyer le défaut de paiement de caution à quelques jours de la date de clôture de réception des candidatures? Aucune langue ne se délie.
Une chose est sûre, Albert Oniangué, dont nous parlerons dans un article équilibré, est la grande énigme de cette présidentielle. À la lecture de son programme qui circule sur les réseaux sociaux, Orlando fera t-il des problèmes socio économiques des populations, une espèce de fonds de récupération politique qu’il pourra vendre au cours de ses meetings? « C’est de bonne guerre. Nous ne sommes pas à l’église », répond, sans sourciller, un adepte de l’église de Albert Oniangué, qui est, par ailleurs, pasteur évangéliste à Brazzaville. À dire vrai, l’homme pèse un poids plume dans le landerneau politique national. « Pas de quoi faire peur à une mouche », s’en moque comme de l’an quarante, un homme lige du pouvoir de Brazzaville.
Orlando compte, apparemment, dupliquer l’effet Mokoko. Y parviendra t-il? Rien n’est moins sûr. De son côté, Mathias Dzon, président de l’Uprn, a laissé entrevoir, à travers sa récente conférence de presse, ce que seront ses principaux thèmes de campagne. Banquier de formation, ancien ministre des finances de Sassou, Ya Mathias pour les intimes, maîtrise les dossiers économiques et financiers du Congo. « Ses ex-collègues de la Beac le ressourcent en informations sur la situation économique et financière de la sous-région Cemac », croit savoir un de ses proches. Ya Mathias, réputé fort en gueule, risque d’enflammer les meetings, surtout s’il aborde les dégâts collatéraux de la mal gouvernance de la manne pétrolière…
L’ homme, réputé tête de mule en politique et imprévisible, surtout lorsqu’il entre dans ses transes oratoires, sait parfois ajouter une bonne dose d’extrapolation politicienne dans l’interprétation de ses chiffres. Last but no least, Guy- Brice Parfait Kolelas, présenté par des analystes politiques comme l’homme de l’avenir post Sassou, sait pertinemment qu’il joue à l' »accompagnateur ». Au cours d’un entretien at home, qu’il m’avait accordé pour le compte de Jeune Afrique Economie en 2015, Ya Pako pour les intimes, me confiait que « Sassou est mon père ». » Je ne suis pas engagé dans le schéma de lutte politique de mon feu père Kolelas.
Le Congo doit être uni. Mon épouse est d’ailleurs mbochie. Je souhaite juste que mon père Sassou quitte les choses avec honneur. Comme cela nous allons assurer sa sécurité… », rencherissait-il le cou perclus d’humilité comme un bon chrétien de l’église salutiste. Cette filiation familiale à Sassou l’amènera t-il à la retenue pendant le marketing politique qu’offrent les meetings et sorties mediatiques? Possible que Parfait reste figé, pendant sa campagne, sur l’exégèse de son programme de société au risque d’irriter « son » papa.
La seule inconnue, ses hommes liges ou bétail électoral, don et leg politiques de son feu père géniteur -pas du Mccdi sur lequel les rayons du soleil arrivent désormais difficilement, sont imprévisibles et capables du pire. Dave Mafoula, quant à lui, reste plus économiste que politique dans son offre politique. Courtois, comme s’il avait peur de pousser le bouchon de la critique un peu plus loin, le jeune homme, la trentaine révolue, jure la main sur le coeur, qu’il veut faire « une politique propre avec des moyens financiers propres ». Son heure sonnera, peut-être, un jour à force d’abnégation.
Joseph Kignoumbi Kia Mboungou et Anguios Nganguia Engambe paraissent, aux yeux de l’opinion, comme des amuseurs publics. On comprend donc pourquoi ils ne font pas, pour l’instant, l’objet d’un tir de barrage de la part de ceux qui jouent au fou du roi à Brazzaville.