En Centrafrique, une fraction des électeurs sont appelés aux urnes depuis ce dimanche 14 mars matin, pour le second tour des élections législatives. On vote aussi dans les circonscriptions où le premier tour de scrutin, le 27 décembre dernier, a été annulé ou empêché pour des raisons de sécurité. À la fermeture des bureaux de vote, aucun incident majeur n’a été signalé même si la Minusca confirme que le vote a été empêché dans certaines zones du pays.
Après la fermeture des bureaux de vote, l’heure était au décompte qui s’est terminé en fin d’après-midi. Dans le bureau de vote où je me trouve, les agents ont décompté 251 votants sur 471 inscrits. Cela tend à confirmer ce que l’on a pu constater tout au long de la journée, une moindre affluence comparée au premier tour groupé du mois de décembre dans les bureaux qui avaient pu voter.
Aucun incident majeur n’a été rapporté à Bangui. Le scrutin s’est déroulé dans le calme malgré quelques dysfonctionnements relevés à certains endroits. Parfois il manquait de l’encre ou bien des listes électorales n’avaient pas été distribuées, relèvent les observateurs du réseau Arc-en-ciel.
Les regards étaient surtout tournés vers les provinces où les craintes des problèmes sécuritaires étaient encore importantes malgré la reprise de nombreuses villes par les Forces armées centrafricaines appuyées par leurs alliés russes et rwandais.
Les groupes armés ont dissuadé les populations de voter dans quelques zones, comme à Bakouma ou N’Zako, et le vote a été perturbé à Niakari, non loin de Bangassou, dans l’est du pays, mais la majorité des grandes villes, empêchées lors du premier tour, semblent avoir pu voter comme à Bouar, Bambari ou Bossangoa.
Le maire de Bossangoa, Pierre Denamguere, ne cachait pas son soulagement. Le 27 décembre, sous la menace de rebelles armés, pas un électeur n’avait pu voter dans sa localité. Le contraste est saisissant avec ce dimanche : « Tout se passe très, très bien. Il y a beaucoup de monde. »
Même contraste à Bambari, réveillée le 27 décembre dernier par des détonations et des crépitements d’armes. Cette fois, dans le centre-ville au moins, le vote s’est tenu dans le calme, témoigne Sylvain Redjal, directeur de la radio Lego Ti La Ouaka : « Ça a commencé très tôt dans les différents bureaux de vote de la localité. Il a plein de gens qui se sont mobilisés pour élire leurs députés. Donc, rien à voir avec la dernière fois. »
Ce scrutin était important pour le pays qui a besoin de renouveler son Assemblée nationale avant le 3 mai, comme l’impose la Constitution. Avec le couvre-feu à 20h, il était difficile d’avoir de la visibilité sur la fin du processus dimanche soir. L’autorité nationale des élections devrait donner plus de précisions ce lundi.
Un premier bilan plutôt positif
À propos du déroulement de ces législatives centrafricaines, un premier bilan était dressé en cette mi-journée par le réseau Arc-en-ciel. Le plus vaste réseau d’observation de la société civile était plutôt positif, à ce stade. Il souligne toutefois des irrégularités dans 6% des cas : notamment des tentatives d’ingérences et des suspicions de bourrage d’urnes.
Selon l’abbé Fréderic Nakombo, son coordonnateur, il n’y avait pas d’incidents majeurs et plutôt de l’engouement dans des villes telles que Bossangoa, fief de l’opposition, où le premier tour n’avait pas eu lieu.
Le premier bilan est assez encourageant pour le moment. Nous n’avons pas noté d’incidents majeurs. Au niveau de Bangui, il y a un faible engouement pour le moment […] mais dans l’arrière-pays, les observateurs qui sont sur le terrain nous confirment qu’il y a de l’engouement et que la participation est active du côté des électrices et des électeurs.
Vote empêché dans certaines zones du pays
La Minusca, comme le prévoit son mandat, appuie de manière importante l’organisation du processus électoral sur un plan technique et logistique. Elle a aussi une place centrale dans le plan de sécurisation des élections. Le représentant du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique, Mankeur Ndiaye, de passage au centre de vote de Koudoukou, assure que la Minusca a mobilisé l’ensemble de ses forces y compris ses réserves pour se déployer sur une partie la plus large possible sur le terrain. Il confirme que le vote a été empêché dans certaines zones du pays.
Ils ont essayé également, par des actions par-ci, par-là, d’apeurer les populations, de semer la panique. Elles se poursuivent encore dans certaines localités. Donc, nous, nous sommes en train de faire le maximum pour que dans certaines zones, le vote se déroule. L’ANE appréciera et verra dans quelles localités le vote n’a pas pu être organisé.